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"Photo tirée de la série Mad Men / Copyright AMC"
Féminisme

Le monde a été conçu pour les hommes et ça met en danger les femmes

Un livre bientôt publié au Royaume-Uni se penche sur le « Gender Data Gap » et ses conséquences. Ou comment les objets qui nous entourent ont souvent été conçus par et pour les hommes, avec des conséquences parfois dramatiques.

Tu as sûrement déjà entendu parler du « Gender Pay Gap », autrement dit des inégalités salariales entre les hommes et les femmes… Mais connais-tu le « Gender Data Gap » ? Ce terme, inventé par la militante féministe et autrice britannique Caroline Criado Perez, décrit une réalité encore peu explorée.

Des produits créés par (et pour) les hommes

Elle explique, dans son livre Invisible women : exposing data bias in a world designed for men, comment les hommes ont souvent été retenus à travers l’histoire, comme étalon principal de mesure pour concevoir toute sorte de produits ou services. Les femmes devant, elles, se contenter ensuite d’utiliser ces produits créés pour (et par) les hommes. Le journal The Guardian a publié des extraits de son livre — à paraître le 7 mars, et les exemples qu’elle donne m’ont fait réfléchir.

Caroline Criado Perez explique ainsi que la température idéale à maintenir dans les bureaux via la climatisation ou le chauffage a été calculée dans les années 1960 en se basant sur le métabolisme moyen des hommes. Depuis, une étude néerlandaise a démontré que les femmes travaillant dans des bureaux ont un métabolisme moyen plus bas que celui des hommes ayant le même niveau d’activité physique. Résultat des courses : nous aurions besoin d’un thermostat réglé 5 degrés plus haut pour être confortable.  Si toi aussi tu as déjà passé un été emmitouflée dans un châle au travail à cause de la clim’, tu vois de quoi je parle…

Des silhouettes différentes

Bon, avoir froid au travail, c’est désagréable, mais a priori

pas mortel. Par contre, certaines femmes travaillant dans des environnements conçus pour les hommes, courent des risques bien plus importants. Et en particulier, celles qui ont besoin de revêtir des équipements de protection –fournis par leur entreprise — pour assurer leur sécurité.

Ceux-ci sont en général conçus pour des silhouettes masculines et ne prennent donc pas en compte les poitrines, hanches plus larges, et autres courbes. Les entreprises se contentent de commander des tailles plus petites pour leurs salariées. La conséquence directe, c’est que les femmes sont gênées dans leurs mouvements par leur équipement, avec des conséquences parfois dramatiques.

L’autrice raconte notamment le cas d’une policière britannique décédée en 1997 après avoir été poignardée pendant une intervention. La jeune femme avait retiré son gilet pare-balles, car il l’empêchait d’utiliser correctement le bélier hydraulique qu’elle devait employer pour ouvrir une porte fermée.

La technologie ? Oui, mais pas pour tout le monde

En-dehors du travail, les femmes sont aussi pénalisées en tant que consommatrices. En 2016, une chercheuse en linguistique de l’Université de Washington avait ainsi démontré que le logiciel de reconnaissance vocale de Google avait 70% de chances d’être plus performant pour les voix masculines que féminines.

« Dans le monde de la tech, le présupposé implicite, c’est que les hommes sont les êtres humains de base », décrit Caroline Criado Perez. Avant de rappeler qu’en 2014, Apple avait lancé une appli très perfectionnée pour suivre son état de santé. Elle incluait tout un tas de paramètres (pression sanguine, rythme cardiaque, consommation d’alcool, etc) mais rien pour suivre son cycle menstruel.

L’exemple du crash-test

Enfin, l’article donne un dernier exemple qui m’a révoltée. Les voitures sont en général conçues pour un homme de taille moyenne. Les femmes étant en général plus petites (1m64 au rapport dans mon cas), nous sommes obligées d’avancer notre siège pour nous rapprocher des pédales et de le surélever pour bien voir la route. Hélas, cette position nous rend plus vulnérables en cas d’accident.

Pire encore, les protocoles officiels de crash-test des véhicules préconisent d’utiliser des mannequins correspondant aux hommes avec une taille et un poids médians (1m77 et 75 kilos aux Etats-Unis).  Rien ne force les entreprises fabriquant des automobiles à tester aussi leurs modèles avec des mannequins féminins. La majorité ne le fait donc pas.

Or, il n’y a pas que la taille moyenne qui change entre les femmes et les hommes, les muscles et la répartition des masses graisseuses différent également. Par exemple, les femmes ont en moyenne moins de muscles au niveau de la nuque et du torse : les chocs par l’arrière sont donc plus susceptibles de les blesser. D’autant plus que les sièges autos sont conçus pour absorber le poids moyen d’un homme, et pas celui d’une femme. Selon une étude suédoise, les sièges vendus actuellement sont trop durs pour protéger correctement les femmes.

Le résultat des courses, c’est que lors d’un accident, le risque d’être blessée gravement est supérieur de 47% pour les femmes. Et le risque de mourir augmente lui de 17%. « Les designers pensent peut-être qu’ils fabriquent des produits pour tout le monde, mais en réalité, ils les conçoivent principalement pour les hommes », conclut Caroline Criado Perez. « Il est temps de prendre en compte les femmes dans la conception ».

Pour aller plus loin :

 


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