Le port du masque obligatoire laissera sûrement une trace dans nos vies, mais aussi sur notre peau ! Planquée toute la journée sous plusieurs couches de matériaux filtrants, elle étouffe et exprime son mécontentement en envoyant tout une armée de comédons et de pustules à la rescousse. Ce mécanisme de défense a même sa propre terminologie, le « maskné », qui n’est autre que la contraction des termes « masque » et « acné ».
Pour les peaux mates, foncées et noires, la note risque d’être encore plus salée ! En effet, une fois l’éruption calmée, de nouvelles envahisseuses sont prêtes à en découdre : les taches pigmentaires. On fait le point avec deux spécialistes de l’hyperpigmentation.
Les peaux mates et noires, des particularités d’ordre génétique
« Structurellement, il y a peu de différences entre les peaux mates et les peaux claires, mais les connaître est essentiel pour en prendre soin comme il faut », explique Jocelyn Bariteau, chimiste expérimenté et cofondateur de Nuhanciam, une marque de dermo-cosmétiques pour les peaux mates à foncées.
« Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les peaux mates et noires sont beaucoup plus fragiles et sensibles que les peaux plus claires. Comme elles sont plus denses, leur processus naturel d’exfoliation est moins performant et elles sont plus sujettes à la déshydratation », ajoute-t-il.
D’un point de vue génétique, les peaux mates et noires ont aussi tendance à souffrir d’hyperséborrhée (la peau qui luit comme une poêle à frire, toussa toussa) à cause de pores naturellement plus larges qui laissent s’écouler plus de sébum que nécessaire pour protéger l’épiderme des agressions extérieures. Et qui dit sébum en open bar dit risques plus importants de développer certains troubles cutanés comme des points noirs ou de l’acné inflammatoire.
L’hyperpigmentation, l’ennemie jurée des peaux mates et foncées
Dès que la peau se sent agressée par une inflammation liée à une brûlure, un bouton d’acné, un poil incarné ou encore à un dérèglement hormonal comme la grossesse, elle se défend en produisant de la mélanine. « Cette surproduction de pigments bruns-noirs, qui sont responsables de la couleur des cheveux, des yeux et du teint, va laisser une tache sur la peau qui peut rester visible très longtemps, surtout chez les carnations foncées qui fabriquent plus de mélanine que les autres », développe Jocelyn Bariteau.
Ces taches pigmentaires, on peut essayer de les prévenir, même si les traiter une fois qu’elles sont là sera toujours plus facile que d’essayer de lutter contre leur phénomène d’apparition naturel.
« La vraie bonne habitude que les peaux mates et foncées peuvent prendre, c’est de se protéger du soleil », conseille le professionnel. En effet, même si les peaux mates et noires sont bien plus résistantes aux UV que les peaux claires (selon le site Dermato-Info,
la peau noire protègerait cinq fois plus que la peau blanche des rayons du soleil), appliquer un filtre solaire avant chaque exposition va permettre de limiter l’augmentation de la production de mélanine et, par conséquent, l’intensité de l’hyperpigmentation.
« Se badigeonner tous les jours de crème SPF 50+ n’empêchera pas les taches post-inflammatoires, mais celles qui apparaîtront par la suite seront moins prononcées », précise le co-fondateur de Nuhanciam.
Autre conseil qu’il est toujours bon de rappeler : il faut arrêter de tripoter ses boutons, même si le pus se fait moqueur et que c’est très tentant. Et Jocelyn Bariteau d’en remettre une couche : « un bouton charcuté laissera une tache plus foncée et plus profonde qu’un bouton qui aura cicatrisé naturellement », alors bas les pattes !
Pourquoi le masque est-il une catastrophe pour les peaux foncées ?
On l’a bien compris, porter un masque dès qu’on sort de chez soi permet de limiter la propagation du coronavirus et de protéger les personnes à risque. Seulement, enfermer sa peau plusieurs heures par jour dans un espace clos est une catastrophe pour l’épiderme.
Comme l’explique le Docteur Sophie Strauss, dermatologue à Paris, « il n’y a rien de pire que l’accumulation de la chaleur, de la transpiration et de l’humidité dans le masque pour exciter les glandes sébacées et entraîner l’apparition d’imperfections cutanées ».
Si ces comédons et pustules laisseront de légères traces rouges sur les peaux claires, qui s’estomperont en quelques semaines, le bilan risque d’être plus corsé pour les peaux noires et mates.
« À cause de leur propension à marquer plus fort et plus longtemps, les peaux foncées vont mettre de nombreux mois à se remettre de la poussée d’acné due au port intensif du masque. Même si cette flambée de petits et gros boutons devrait se calmer avec le retour du froid, les taches pigmentaires qui vont en découler ne sont pas prêtes de s’envoler. » Un constat peu réjouissant qui peut heureusement être tempéré en prenant quelques nouvelles habitudes beauté et son mal en patience.
Les gestes à adopter pour limiter les taches pigmentaires
En prévention, en plus de protéger sa peau du soleil et de ne pas tripoter ses points noirs et autres squatteurs indésirables, il est important que les peaux foncées et mates adoptent une routine de soin pensée pour lutter contre l’excès de sébum et les imperfections. « L’inflammation cutanée étant à la base de l’hyperpigmentaion, il faut essayer de la contrôler avec des produits adaptés », explique la dermatologue.
Les traitements de l’acné des peaux pigmentées sont globalement les mêmes que ceux des peaux claires, même si une attention particulière doit être prêtée aux risques irritatifs des traitements locaux.
Comme le conseille la professionnelle de santé, « il faut aussi éviter tous les produits trop abrasifs, dont font partie les gommages à grains, qui vont stimuler la mélanine au lieu d’aider à réguler sa production. » En fonction du type de lésions et de l’état global de la peau, un traitement oral plus ou moins invasif (plantes, zinc, antibiotiques, isotrétinoïne etc.) pourra aussi être proposé aux patientes et patients.
Le sérum anti-taches, la baguette magique contre l’hyperpigmentation
Une fois la cause de l’inflammation sous contrôle, on peut s’attaquer au traitement des taches pigmentaires. En plus d’une routine de démaquillage et de nettoyage adaptée, on peut glisser un sérum éclaircissant sous son soin hydratant.
Pourquoi un sérum plutôt qu’une crème ? Ce type de produit est conçu pour que les principes actifs agissent en profondeur, un critère très important pour les peaux pigmentées dont la densité ne permet pas la bonne pénétration des textures trop grasses et trop épaisses.
Et que celles et ceux qui auraient peur de voir s’affadir leur belle carnation se rassurent ! Comme le rappelle Jocelyn Bariteau de Nuhanciam, « le sérum anti-taches n’a pas pour but d’éclaircir la peau d’un ou plusieurs tons mais de réguler la production de mélanine là où elle est excessive. On est sur de la correction et de l’unification du teint, pas sur de la transformation. »
Pour un résultat optimal, on l’utilise l’hiver, lorsque le soleil se fait plus rare, et en cure de trois mois minimum.
Maintenant, il ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que l’hyperpigmentation s’envole aussi vite que le cours des actions de Pfizer !
Sélection de produits pour lutter contre les taches pigmentaires
- Soin crémeux nettoyant sans savon, Etnik, 19,90€
- Nettoyant visage anti-acné, Mario Badescu, 18€
- Sérum anti-taches puissance 4, Nuhanciam, 41,98€
- Sérum Correcteur Pigmentclar, La Roche Posay, 29,90€
- 10% Booster Acide Azélaïque, Paula’s Choice, 37€
- Ultra Light Daily UV Defense, Kiehl’s, 36€
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.
Les Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.