Pour comprendre les relations internationales, il faut savoir que le système international actuel est entièrement basé sur des principes élaborés en 1648 avec le Traité de Westphalie, qui avait pour but de mettre fin aux guerres de religions en Europe. Ce principe fondamental est simple : l’État est souverain, c’est-à-dire qu’il est le seul à disposer d’un pouvoir exécutif sur son territoire, et aucun autre État ou entité ne peut prétendre lui dicter une conduite. Juridiquement, un État peut donc toujours agir selon ses propres intérêts. De ce principe en découle un second : l’État ne peut pas imposer des décisions à un autre État ou intervenir dans ses affaires intérieures : c’est la non-ingérence. Par exemple, la France ne peut pas demander au Québec, qui appartient à l’État canadien, d’annuler sa loi sur l’augmentation des frais de scolarité.
Les États sont donc tous égaux en droit et sont les entités suprêmes de la scène internationale. Il n’existe aucun organe qui puisse imposer aux États des décisions qu’ils n’aient pas approuvées, y compris en ce qui concerne le Conseil de Sécurité : si cet organe peut assurer sa fonction exécutive, c’est parce que les États concernés par ses décisions ont accepté sa compétence en adhérant à l’Organisation des Nations Unies, mais évidemment, l’effectivité de l’égalité juridique des États est bien souvent amoindrie par leur inégalité économique.
Des organisations internationales, pour quoi faire ?
Jusqu’au début du XXe siècle, le faible nombre d’États et leur proximité culturelle rendait inutiles les organisations internationales. Les relations avaient souvent lieu d’État à État, mais des conférences internationales étaient parfois organisées (notamment pour réglementer la guerre). Lorsque les déplacements et les communications ont été facilités et que le commerce s’est développé, les relations et la coopération entre les États sont devenues de plus en plus nécessaires. Après la Première Guerre Mondiale, les pays ont commencé à percevoir une utilité à la création d’une structure permanente pour régler leurs problèmes communs et ont créé la Société des Nations, mais cette ambition ne s’est concrétisée de manière pérenne et efficace qu’à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, avec l’Organisation des Nations Unies.
L’intérêt des organisations internationales est d’offrir une structure permanente permettant des travaux sur le long terme et des discussions diplomatiques stables. Les États se regroupent par centre d’intérêt (et parfois par zone géographique) pour mener à bien les objectifs à la base de l’organisation internationale. L’accélération de la mondialisation, l’augmentation des échanges entre les pays et la création de nouveaux États grâce à la décolonisation ont depuis rendu les organisations internationales indispensables, même si leur efficacité a parfois des limites.
« Le machin qu’on appelle l’ONU »
Cette formule du Général De Gaulle est peu avantageuse pour les Nations Unies qui, bien que pâtissant d’évidentes lacunes, sont un véritable succès : pour la première fois de l’histoire, tous les États du monde ont une structure dédiée à la paix, à laquelle ils peuvent s’adresser et exposer leurs problèmes. C’est la seule organisation internationale véritablement universelle.
Forte de 193 États membres, l’Organisation des Nations Unies a pour objectif de pacifier et développer les relations internationales et de promouvoir et garantir les Droits de l’Homme tout en améliorant les conditions de vie des peuples. Depuis près de sept décennies, cette organisation est au centre de la diplomatie internationale, ce qui est illustré de manière parlante par le fait que le premier acte effectué par un nouvel État est d’adhérer à l’ONU.
L’architecture de l’ONU est volontairement simple. À l’Assemblée Générale siègent tous les États membres pour débattre de toute question. Chaque pays dispose d’une voix et les décisions adoptées ne sont pas contraignantes, mais puisqu’elles sont adoptées par la majorité des États du monde, leur portée politique est importante. Ce fut (et c’est toujours) une tribune importante pour les pays en développement, qui ont l’opportunité grâce à cet organe de faire entendre leur voix face aux grandes puissances.
Le Conseil de Sécurité est composé de 5 membres permanents (Chine, Russie, Royaume Uni, Etats Unis, France) et de 10 membres élus par l’Assemblée Générale pour 2 ans. Contrairement à l’Assemblée Générale, ses décisions sont contraignantes et doivent être adoptées à une majorité de 9 États et sans opposition des 5 permanents. Le Conseil de Sécurité est doté d’un pouvoir extrêmement important : il peut autoriser le recours à la force armée en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Il peut aussi décider de mesures moins graves telles qu’une saisine de la Cour Internationale de Justice ou un embargo à destination d’un État.
Il existe également un Secrétariat général, avec à sa tête Ban Ki-Moon,
chargé d’établir les rapports demandés par le Conseil de Sécurité et de gérer l’organisation au quotidien, un Conseil économique et social surnommé l’ECOSOC et une Cour Internationale de justice compétente pour régler les différends de manière pacifique à la demande des États.
Des agences spécialisées dans certains domaines sont rattachées aux Nations Unies à cause de leur vocation universelle, telles que l’UNESCO, l’Organisation Mondiale de la Santé, le Fonds Monétaire international, etc.
L’ONU, une organisation obsolète ?
Quelques années seulement après sa création, l’Organisation des Nations Unies a montré ses limites : le Conseil de Sécurité a des compétences subordonnées à une entente entre 5 États et peut très facilement être victime de blocage. C’était le cas pendant la Guerre froide, et c’est à nouveau le cas (dans une moindre mesure) aujourd’hui à propos de la Syrie.
On reproche au Conseil de Sécurité d’être un organe impérialiste qui ne reflète plus le monde actuel. Ce constat, valable pour la plupart des organisations internationales, est particulièrement pertinent concernant l’ONU. En effet, les 5 puissances disposant d’un droit de véto sont celles qui ont été désignées en 1945, et de nouveaux États qui n’ont pas ce droit ont pourtant gagné de l’importance au sein de la communauté internationale, notamment le Brésil, l’Inde, le Japon et l’Allemagne. Plusieurs projets de réformes ont été lancés, mais aucun n’a abouti. Le Conseil de Sécurité a également pris des décisions discutables qui ont remis en cause sa légitimité, comme celle d’autoriser a posteriori l’intervention en Irak par les États-Unis en 2003.
Les organisations internationales ont également échoué à résoudre certains problèmes, tels que les relations entre la Palestine et Israël ou la crise économique, poussant ainsi la communauté internationale à user d’une autre diplomatie, moins formelle, par l’intermédiaire des « Groupes » : le G20, le G8 et les BRICS (Brésil, Russie, Chine, Afrique du Sud, Inde) ont eu un rôle important dans la gestion de la crise économique. Elles s’avèrent également incapables de s’entendre sur des problèmes globaux, comme la détérioration de l’environnement, ou de mettre en oeuvre efficacement des plans d’éradication de la pauvreté alors que celle-ci concerne plus du quart de la population mondiale.
Malgré cela, les organisations internationales, l’ONU en tête, sont un formidable outil de coopération entre les États et ont tout de même mené à la pacification des relations internationales.
Penses-tu qu’il faille réformer les organisations internationales pour laisser davantage de place aux pays en développement, ou penses-tu que le système actuel est légitime ? L’un des projets de réforme proposés est l’abandon du droit de véto au Conseil de Sécurité : cela pourrait-il être une solution envisageable ?
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