La plus célèbre des chemises à fleurs a vu le jour en 1948 grâce à un industriel du textile américain du doux nom d’Alfred Shaheen. Inspiré par les soies colorées chinoises et le décor paradisiaque de Honolulu (où il réside depuis ses 16 ans), Alfred monte son petit business de chemises. Il imprime, coupe et coud sur place par souci d’économie et de tradition. Un type bien ce Alfred.
Shaheen et son atelier dans les années 50
D’abord adoptée par les plagistes et les surfers locaux, la tendance s’exporte fin des années 40 quand les GI’s basés à Hawaï rentrent à la maison, chemises à fleurs dans les valises. Ben oui, fini la guerre, place au soleil (et aux nanas). Pour l’anecdote, le premier bikini a été inventé en 1946 par le français Louis Réard qui avait visiblement envie de rendre l’été plus agréable. Il a choisit le nom en référence aux îles Bikini où il expérimentait des tests nucléaires. Le bikini comme bombe atomique, quoi…
Mais revenons à notre chemise. À la fin des années 50, les touristes débarquent en masse sur les plages paradisiaques, tels les Ch’tis à Ibiza. Tout comme les restaurants polynésiens et les colliers à fleurs, les chemises imprimées deviennent un symbole phare de la culture hawaïenne. Et puisqu’un un touriste qui se respecte ramène toujours un souvenir, devinez ce qui a fait le tour du monde !
Le cinéma, la musique et la pub ont également eu un rôle dans la propagation du phénomène. Elvis Presley chante sous Le ciel bleu de Hawaï, les Beach Boys nous font croire qu’ils font du surf devant des plages de sable fin et Al Pacino crève l’écran en chemise à fleurs d’Hibiscus dans Scarface. La chemise à fleurs c’est le symbole des mecs coool.
« Deux braves types dans une décapotable rouge feu, défoncés, raides… de braves gens. »
Cependant voilà. La chemise Hawaïenne, c’est cool à Hawaï. Et SEULEMENT à Hawaï.
La légende originale de cette photo est « Carlos faisant un signe de la main ». Véridique.
Alors voilà, si toi aussi tu assimiles la chemise hawaïenne aux plagistes beaufs, aux mafieux gominés avec des chaîne ras-du-cou en or ou à ton grand-père dans le jardin, c’est mal barré.
Pourtant, depuis trois ans, elle pointe son museau dans les collections d’été pour femme. « Plus de palmiers ridicules alors ? Plus de fleurs d’hibiscus roses ? » me demandez-vous toutes en choeur. Eh bien si. Toujours. Voyez-vous même.
Stella McCartney, collection croisière 2012
Coupes modernes, couleurs urbaines et motifs kaléidoscopes, la tendance Hawaï a pris un sacré coup de neuf. Déjà pressentie en 2010 avec la collection de Jean-Paul Gaultier sur le thème des îles, elle est encore timide en 2011 bien que les influence tropicales deviennent récurrentes. Mais en 2012, c’est l’explosion ! Jupe à toucan par-ci, motif azur par là, on dirait que l’ouragan Sandy a éveillé quelques consciences. H&M lance même une collection H&M for Water dont les fonds sont reversés aux victimes grâce à l’association WaterAids.
Défilés Printemps-été Jean Paul Gaultier 2010, Christian Dior 2011 et Givenchy 2012
Le succès de la fleur d’hibiscus est immense et de multiples marques surfent sur la tendance (jeu de mot à la Brice de Nice, je vous l’accorde). La tendance revient cet été avec des motifs floraux et des pulls faussement vintage, Aloha et Hello from Waikiki à tout va.
Allez-vous suivre cette tendance cet été ?
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