Je devais être enceinte de six mois quand le cabinet où travaille ma sage-femme m’a offert un « colis de bienvenue pour futurs parents » rempli de cadeaux promotionnels.
Passons sur ce que cela raconte de la corruptibilité de mon centre médical et concentrons-nous sur le principal : l’incontrôlable petit frisson de satisfaction qui te parcourt quand on te file des trucs gratuits, rapidement suivi d’une intense déception en réalisant que les goodies ne sont ni de bon goût ni de bonne qualité.
Dans la boite, il y avait des choses que j’identifiais facilement (un body estampillé « Petite princesse de mon papa » — sans commentaire —), d’autres dont j’avais tout de même une idée assez précise de la nature (« – Bébé, cette peluche, c’est un dauphin ou une otarie à ton avis ? – Je crois que c’est un poney plutôt. ») et d’autres qui m’étaient plus étrangères (« – Bébé t’as vu, ils sont sympas, ils m’ont mis du baume à lèvres, ils pensent aux mamans aussi ! – C’est de la crème pour soulager les fissures anales mon amour ! »).
Vient finalement le moment qui a introduit le sujet du jour :
– Oh bébé, c’est sympa regarde : 15 euros de bon d’achat dans une grande enseigne de puériculture !! – Ah chouette ! – Ça tombe drôlement bien puisque la sage-femme nous a donné la liste des choses à acquérir pour le trousseau du bébé et que nous n’avons encore fait aucun achat. Quelle belle coïncidence !
Monsieur papa et mézigue sommes donc partis à l’abordage du magasin de puériculture un beau samedi de novembre et avons découvert un monde inconnu et étrange dont je suis heureuse de pouvoir témoigner aujourd’hui.
Voici ce à quoi tu seras confrontée – parce qu’on y passe tous – lorsque toi aussi, tu pousseras les portes d’un magasin spécialisé dans la petite enfance.
Les trucs de puériculture très utiles hors de prix
Je n’ai jamais eu peur d’être subversive, donc allez c’est parti, je me lance et je dis les choses comme elles sont : aujourd’hui, l’espèce humaine pourrait parfaitement survivre sans magasin de puériculture. Elle a déjà acheté suffisamment de machins pour bébés pour que les gens se les refilent indéfiniment jusqu’à l’extinction complète de notre race.
Toi jeune trentenaire, tu es entouré·e de centaines de tes clones dont les bodys et les pyjamas trop petits encombrent les placards. Oui, mais les tâches indélébiles ? Oui, mais les trous ? Oui, mais les motifs renards alors qu’en 2019, la mode est aux éléphants ? Je ne te jette pas la pierre, Charlie.
Ne crois surtout pas que ma discipline et ma rigueur me permettent de défendre mes idéaux contre les tempêtes du capitalisme. Nous avons aussi dépensé des centaines d’euros dans des pyjamas avec des oreilles d’ours et dans des langes à motifs montgolfières tellement plus jolies que les blanches. Et tellement plus chères aussi. Surtout quand on sait que les langes c’est avant tout fait pour éponger tous les fluides corporels que cette machine magique qu’est le corps humain peut sécréter.
Mais à ce moment de mon histoire, tout ce discours rabat-joie proféré par des parents « aguerris » me passe au-dessus de la tête. Si les gens ont envie d’avoir encore de quoi se payer à manger à la fin du mois ça les regarde. Et ça, la vendeuse qui vient de glisser dans mon panier un pack de trois pyjamas en soie brodée d’or, l’a bien compris.
Ce qui ne sert à rien, et qui est quand même 10 fois trop cher
Chaque année, de nombreux objets de puériculture sont relâchés dans la nature par des industriels désireux de générer de l’argent. Certains de ces objets relèvent du bon sens, d’autres sont complètement fantasques (savais-tu qu’il existe des tongs pour nouveau-né ?).
À en croire la vendeuse tout objet de puériculture est utile voir indispensable si tu veux éviter de concourir pour la palme d’or du parent trop nul de l’année.
En tant que groupe, les futurs parents ont tendance à ne pas se distinguer par leur sérénité et leur confiance en eux. Dans un moment d’égarement, on peut être tenté de croire la vendeuse – elle-même soumise à la pression de son management- quand elle nous assure qu’une perruque pour bébé (je suis navrée de t’annoncer que cet objet existe bel et bien.) représente un achat essentiel, sans lequel le bébé sera hanté par le terrible complexe de sa calvitie postnatale.
Et voilà comment on se retrouve totalement bousillé·e émotionnellement et comment l’on passe les trente années suivantes en thérapie pour digérer le fait que ses parents, mais surtout sa mère, ont fait preuve d’une négligence inacceptable.
Ce qui est utile à des gens qui ne sont pas toi, ou l’inverse
Quelque part entre le paquet de bodys en coton et la tronçonneuse électrique premier âge, se trouvent les objets parfois utiles, parfois non, ça dépend des familles et des bébés.
Tu reconnais cet objet (couvertures d’emmaillotage, écharpes de portage sophistiquées, tétines physiologiques) facilement : si tu te le procures AVANT la naissance, de préférence neuf et non soldé, tu peux être certain que ton enfant le méprisera de tout son être et ne l’utilisera JAMAIS.
Si tu penses que tu « peux faire sans, après tout même Jésus dormait sur de la paille donc le matelas ergonomique merci, mais non merci » tu peux évidemment être sûr·e que cet objet t’aurait sauvé la vie. Dommage, tu as fait preuve d’un manque total de discernement, il est trois heures du matin et ton enfant refuse de dormir dans son lit désespérément plat.
Allez, pour le prochain bébé, je ne me ferai plus avoir et j’achèterai un chauffe-lingettes plutôt que de me retrouver chaque nuit que Dieu fait à souffler comme une dingo sur une lingette humide visiblement trop froide pour le délicat postérieur de mon enfant mécontent. Et comme l’exige la règle, gageons que le petit frère ou la petite sœur fera la fine bouche devant mon investissement coûteux.
Et toi, c’est quoi l’objet de puériculture le plus inutile que tu as acheté ? Et celui qui t’a sauvé la vie ? Viens nous le dire dans les commentaires !
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