ATTENTION, NE FAIS PAS CA AVEC UN GARCON QUI N’A PAS D’EDUCATION !
Replaçons le contexte
C’était à une époque où je me sentais tout juste libérée, comme un esclave égyptien dans une comédie musicale. Avant, j’étais avec un garçon, dont la philosophie était la suivante [je résume] : « un jour on se mariera, puis tu resteras à la maison et ça sera beau ». Dès lors que j’ai jeté sa fausse bague que je devais mettre à gauche comme les grandes, à chaque pas libre je comprenais comme c’était bon, de faire ce qu’on veut avec ses cheveux. Et avec le reste aussi…
Chat échaudé craint l’eau froide, mais la tiède ça va.
Comme bon nombre de filles qui laissent un rein dans une relation, j’ai mis 43 ans et demi à redonner mon numéro à un être de la gent d’en face. Et puis un jour, au détour d’une coulisse, le prochain m’est apparu. Lui et moi on s’était connus à 17 ans, puis perdus de vue, et là, on s’était reconnus, bien étonnés d’ailleurs parce que manifestement devenus sexuellement transmissibles aux yeux l’un de l’autre… Et au vu de ce qui allait se passer, on a bien fait de se retrouver (regard entendu).
Abrège, on veut de l’action
Très vite, je réalise que j’ai besoin de savoir si ce garçon sied à mon nouveau lit, mais ça ne sera pas facile. De nos jours, l’achat de personnes humaines est très réglementé, et je ne suis pas une Coyote Girl avec un pantalon en peau de dragon rouge aimant à garçons. Donc vite, un subterfuge. Extraits (ce qui est entre parenthèse, c’est ce que ça veut dire en vrai) :
– Et sinon, tu fais quoi en ce moment ? (Tu veux pas qu’on couche ensemble, genre ce soir ?)
– Je suis rentré de vacances pour passer mon anniversaire avec mes amis. Tu peux venir si tu veux, on fait une petite fête.
ndlr : Oui, je sais, dit comme ça on se croirait dans Dawson
– Et combien de temps me reste-t-il pour te trouver un cadeau ? (Je t’aurai. Il faut juste que je passe chez l’esthéticienne.)
– C’est demain…
– Okay, alors à demain ! (Putain, je tue celle qui obstrue mon créneau de rendez-vous.)
Echange de numéros.
Moi qui tourne les talons et me concentre très fort pour réussir mon déhanché à la « my love don’t cost a thing ».
Rideau.
Je suis arrivée chez l’esthéticienne, regard mitraillette en bandoulière pour passer en prem’s, et un baillon dans le sac (pour étouffer ma souffrance une fois sur le billard).
D-Day
j’arrive sur place, la guibole tremblotante comme un chirurgien devant son premier malade après une année sabbatique. Y’a beaucoup de monde et beaucoup de blondes. J’espère qu’aucune d’entre elles n’a pensé au même cadeau que moi. J’accroche donc mon sourire de fille qui veut faire croire qu’il n’y a pas de compétition, et je vais
discuter avec un groupe de pâles copies de Shakira. Elles m’accueillent comme une petite de Tchernobyl en vacances lorsque je leur annonce naïvement que mon cadeau « c’est un truc fait main, pas grand chose quoi ». Là, en balançant tous leurs cheveux d’un côté, elles répondent :– La copine à particule avec un grand nez : Ouaiiis, moiiii, j’lui ai acheté une montre, classique quoi…
– La copine qui s’accroche au passé : Moi j’lui ai amené un mètre Twix, c’est un délire qu’on avait au collège.
-La copine avec beaucoup d’eye-liner : Moi j’ai ramené une super bouteille de whisky à 30 euros, j’espère qu’on l’ouvrira ce soir ! (crevarde).
Bon ça suffit. Il est temps d’agir. Je laisse là mes trois pies, prétextant que j’ai oublié mon cadeau dans un fourré à quelques miles de là. Je fonds (mais l’air de rien) sur celui qu’on célèbre et le prends par le bras, l’entraînant dans le fumoir (il a la classe et une grande maison).
Joyeux z’aaaanniverrrrrrsaiiiiiire
L’ambiance est parfaite, Alpacin’esque. Il me dit :
– Oui, tu voulais me parler ?
– Non, juste t’offrir ton cadeau d’anniversaire…
– Ah ? Et c’est un truc pas présentable, que tu ne peux pas montrer devant tout le monde.(Il doit penser que je lui ai fait un cendrier en pâte à sel ou une connerie dans le genre).
Je m’approche de lui, et lui glisse à l’oreille « bon anniversaire », comme le font ces filles sexys. Oui parce qu’à la base je voulais lui dire « Tadâââ », mais je me suis ravisée par peur qu’il ne me prenne pas au sérieux (la loose).
D’abord, il ne comprend pas. Et quand je l’embrasse, là il comprend beaucoup mieux.
– C’est toi mon cadeau d’anniversaire alors ?
– Ca te plaît ?
– Ouais, ah ouais ouais !
– Et si c’était juste un baiser, tu serais content ?
– Ha ben ouais, carrément, ouais ouais.
– Bon, ben tu vas pas être déçu alors… Enlève tout ça, parce qu’il ne s’agissait que de l’extérieur du paquet (je suis Lino Ventura).
20 minutes plus tard, une chemise par ci et une culotte par là. Je suis bien contente d’avoir demandé un maillot brésilien à Ghislaine de Quick Epil…
– C’est le cadeau d’anniversaire le plus classe de tous mes cadeaux d’anniversaire que j’ai jamais eu !
– Oui, je sais.
Je me suis rhabillée, j’ai dansé le funky chicken dans ma tête et depuis je peux dire qu’un jour, j’ai fait présent de moi-même.
Et que c’était vraiment trop la classe.
Edit qui me semble tomber à pic : une petite semaine après la mise en ligne de cet article et au vu des réactions, je vais y amener quelques précisions directement ici, plutôt que sur le forum.
« Etre cadeau d’anniversaire », ça a été comme un aboutissement, un marché conclu avec moi-même.
A nos âges adolescents (j’entends de 15 à une vingtaine d’années, un peu plus parfois), découvrir son nouveau corps, l’aimer et le respecter ça se fait pas tout seul. J’ai l’impression que pas mal de filles passent par un accouchement de leur personnalité de femme aux forceps plutôt qu’en douceur… Etre cadeau d’anniversaire, c’était le diplôme de mon passage physique à l’état d’adulte responsable et autonome… Je me respectais, j’avais trouvé l’assurance nécessaire pour faire comprendre ce que je voulais. Réaliser ce fantasme, c’était une manière de conjurer ma timidité et profiter d’un moment avec un garçon que j’appréciais sans m’embourber dans une relation dont nous ne voulions peut être pas. Aujourd’hui, nous nous rappelons tous les deux de ce moment comme un acte d’effronterie délicieuse. Personne avant ni après moi ne s’était offert à lui comme cadeau d’anniversaire, et de mon côté, ça m’a aidé à arrêter de pleurnicher sur les palpitations de mon coeur timide qui s’emballait au moindre obstacle en l’affaire sentimentale.
Et NON, faire l’amour n’est pas un acte anodin. Faut-il être amoureux pour faire l’amour ? A mon esprit, c’est induit que sans une attirance pour son partenaire, la relation sexuelle n’est pas possible. Amoureux est un mot abstrait, on ne le maîtrise pas. Ce qu’on maîtrise c’est le respect qu’on a de soi, et celui-ci viendra inéluctablement alors qu’on choisit de passer à l’acte ou pas dans certaines circonstances. Dans le cas du cadeau d’anniversaire, j’avais étudié les circonstances, et surtout je savais à qui j’avais affaire. Si il y avait eu le moindre risque que l’intéressé me fasse du tort en racontant ce qui s’était passé, je ne me serais pas lancée. Je répète donc mon instant Forrest Gump préféré, pour conclure le sujet :
on est toutes capable de faire l’amour, comme est toutes capable de faire un gratin dauphinois. Mais il faut savoir mettre dans son gratin les épices pour le rendre inoubliable. Eh bien moi j’ai fait ma recette, et mon gratin est gravé dans sa mémoire comme un sacré repas de festoye.
Je ne le referais pas, ça serait trop facile, comme raconter deux fois une blague parce qu’elle fait rire à chaque fois. Trop facile… Et puis, chaque défi à son heure de gloire, dont il faut savoir se détacher !
Peace up à toutes celles qui ont lu jusqu’ici !
Non mais les autres aussi en fait, je suis pas comme ça…
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