Bonjour, je suis Fabrice, je suis père depuis 12 ans et en couple avec ma femme depuis 23 piges. Même si notre vie à deux n’a pas été un long fleuve tranquille depuis tout ce temps, je crois pouvoir dire qu’on continue à s’aimer d’un amour sincère et tendre.
Quand il m’arrive de le clamer haut et fort sur les réseaux sociaux (parfois ça fait du bien), il y a souvent des commentaires qui me disent “vous êtes inspirants”, “#couplegoals” et autre “vous nous permettez de croire en l’amour”.
Juste pour vous dire : d’abord merci, mais surtout CALMEZ-VOUS. Ne croyez pas que ça vient comme ça, c’est énormément de boulot. « No pain no gain », comme ils disent aux US.
Désolé pour les romantiques mais réussir à voir l’autre avec un oeil amoureux après 23 ans de couple nécessite une quantité de travail qu’on ne soupçonne pas — même si j’imagine que ces couples pour qui tout ça est très naturel existent, je n’ai pas souvenir d’en avoir croisé.
« Faut les voir se parler avec des yeux immenses / Ces couples qui résistent » (coeur Ben Mazué)
On ne soupçonne pas que c’est du boulot pour une raison simple : la plupart du temps, nos parents ne nous le disent pas. Jamais.
Immense tabou de génération en génération
En tout cas, les miens, encore mariés à 70 ans, n’ont jamais évoqué le sujet avec moi. Et bon nombre de mes potes à qui j’ai posé la question sont dans la même situation. Que leurs géniteurs soient encore en couple ou séparés, ils préfèrent généralement garder ça pour eux. Comme si on allait sucer ça de notre pouce. Peut-être qu’ils se disent qu’on apprendra en marchant, en trébuchant et en éventuellement divorçant, comme eux.
Mais non, désolé mes chers aïeux, on est en 2019, l’Internet existe et il permet de partager des vécus. Je profite donc de cette tribune que m’offre Rockie pour vous le dire : c’est du taf.
Beaucoup de taf. De communication, d’empathie, de remise en question, de prise de conscience. Tu penses que ce n’est pas un travail, que c’est la base du couple, de communiquer et de faire preuve d’empathie ?
Quand soudain, le tsunami provoqué par l’enfant
J’entends bien, mais n’oublions pas ce petit détail qui ébranle beaucoup de couples : l’arrivée de L’ENFANT. (Si tu es devenu·e parent et que cela n’a pas du tout perturbé le fonctionnement de ton couple, ça nous intéresse ! Venez nous raconter ça
à deux dans un épisode d’Histoires de Couples.)
Ça aussi, on nous le dit trop peu, peut-être par culpabilité d’être un parent indigne, mais l’enfant “étire” et tend le couple comme jamais. Le simple fait de passer de 2 à 3 est un immense bouleversement qu’on n’imagine pas avant d’y être confronté.
Certes, le bébé ne fait que manger, faire ses besoins et dormir dans les premières semaines, mais il devient le centre de l’attention — et c’est bien normal.
Le risque, c’est qu’il finisse par devenir tellement le centre de l’attention qu’on peut avoir tendance à tout simplement oublier l’autre moitié du duo de parents, et à focaliser sur l’enfant.
Ma liste de peurs de futur papa
Pour ma part, j’ai très vite — avant même qu’on se lance dans la conception de l’enfant — fait une liste de toutes mes peurs de potentiel parent à ma femme.
Certes, je ne connaissais pas à l’époque la méthode exposée par Tim Ferriss, mais le simple fait de communiquer ceci à ma femme, d’écouter en retour ses propres peurs sur le sujet, nous a permis d’établir une base commune pour la suite.
Tout en haut de ma liste, j’avais noté “J’ai peur qu’on devienne uniquement des parents et qu’on oublie de rester des amants”. Ça a fait jaser dans l’entourage de ma femme notamment. Certaines potes voyaient ça comme une “pression” que je lui mettais à continuer à faire l’amour.
Au contraire, je crois que ce fut le socle qui nous amène aujourd’hui à continuer à être bien ensemble, (à peu près) épanouis sur tous les plans de notre couple.
Le grand secret trop peu partagé
Mais au-delà de cette liste fort utile, je voudrais partager avec vous cette astuce qui nous a permis avec ma chère et tendre de continuer à nous considérer encore comme des amoureux et des amants, 13 ans après avoir procréé et conçu notre première fille.
On a décidé de se garder CHAQUE SEMAINE une soirée uniquement pour nous, loin de 1/ notre maison 2/ nos enfants 3/ Netflix ou toute forme de distraction extérieure.
On a démarré très tôt — 3 mois après la naissance de notre première fille, et on n’a depuis jamais perdu ce rythme. C’est NOTRE vendredi soir et si pour une raison ou pour une autre, on n’est pas dispos le vendredi soir, on le recale à un autre moment de la semaine ou du week-end.
D’ailleurs, les quelques périodes où on zappait nos sorties hebdo, on se rendait compte assez rapidement que la situation se tendait à toute vitesse entre nous.
Un moment sacré
C’est un moment qui est devenu encore plus sacré à nos yeux, puisqu’on vit à distance la semaine depuis près de 7 ans (elle à Lille avec nos filles et moi à Paris).
Ça nous permet de :
- nous regarder les yeux dans les yeux,
- nous raconter nos vies respectives, (ma femme adore me la raconter avec parfois trop de détails peu importants à mes yeux)
- fêter les victoires ensemble,
- partager nos problèmes respectifs au boulot (on est tous les deux entrepreneurs)
- évacuer les éventuelles tensions de la semaine,
- mettre à plat certains sujets, faire le point parfois sur nous, parfois sur nos enfants,
- planifier des vacances,
- décider de projets,
- confronter nos points de vue (on est très souvent pas d’accord),
- de nous dire les trucs qui ont déconné dernièrement — ce contexte permet de prendre le temps de se dire les choses avec le recul nécessaire (on a beaucoup progressé)
- de nous engueuler (très rarement) (il nous est arrivés de commencer dans la voiture et de ne jamais aller au resto, à discuter 3h dans la caisse)
Penser au quotidien avant tout
Je vois pas mal de couples autour de nous chercher à “s’évader” loin de tout pour se retrouver une fois par an ou tous les 6 mois. C’est bien sûr une bonne idée, qu’on essaie de s’appliquer au moins tous les 4 à 6 mois. Mais à mes yeux, ces couples négligent le quotidien, ce salopard qui use les meilleures volontés et la libido.
Bien sûr, cette sortie hebdo nécessite un peu d’organisation, d’avoir autour de soi un réseau de nounous / d’amis / la famille qui puisse s’occuper de l’enfant. Ça nous est arrivé de demander aux adolescents de notre entourage, les enfants de nos amis par exemple, de venir passer la soirée à la maison en échange d’un visionnage du dernier DVD qui claque, c’était très efficace.
Plus tard, nous avons même accueilli chez nous une étudiante au pair qui a réglé pas mal de ces soucis logistiques — mais c’est un autre sujet pour un autre article.
Niveau budget, le système D
Il faut prévoir également un budget sorties, mais vous n’êtes pas obligés de vous payer un gastro chaque semaine : il nous est arrivé pendant nos périodes de vaches maigres d’aller manger une modeste galette (y sont où mes Bretons sûrs ?), ou même de s’organiser un petit repas pas cher à la maison, mais dans des conditions plus particulières qu’un repas “quotidien” (feu de cheminée, une bouteille de vin et des petits trucs à grignoter).
Aujourd’hui, vu qu’on s’en sort mieux financièrement, on considère tous les deux que l’argent qu’on met dans nos sorties hebdomadaires est le meilleur investissement qu’on puisse faire pour notre couple (à égalité avec la société de ménage).
Une bulle de partage hebdomadaire
L’important n’est pas vraiment le lieu ou les mets mais d’avoir tous les deux conscience que ce moment est NOTRE moment, notre bulle qui nous permet de nous retrouver toutes les semaines. Une bulle d’amour, de partage, ou de décompression en fonction de nos périodes de vie.
Et vous, vous avez des trucs pour entretenir l’amour et la complicité après le raz-de-marée provoqué par l’enfant ?
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