Comment enjoindre les marques à produire moins mais mieux contre le réchauffement climatique ? Une loi est entrée en vigueur le 1er janvier 2022 qui interdit la destruction des vêtements, linge de maison, chaussures et autres invendus en France. Il s’agit de la loi AGEC, article L541-11-8 dans le Code de l’environnement, qui impose aux producteurs, importateurs ou distributeurs de vêtements sur le marché français de réemployer, donner, réutiliser ou recycler. Car, jusque-là, les invendus étaient bien souvent brûlés, ou jetés après avoir été volontairement rendus hors d’usage, comme l’illustrait tristement la marque Coach, récemment.
Outre cette nouvelle contrainte, la France veut maintenant récompenser les bons élèves. Le gouvernement a annoncé le 28 septembre 2022 la création d’une grande consultation en vue de la publication d’un arrêté prévu en novembre, afin de créer une feuille de route pour les six années à venir à partir de 2023, rapporte l’AFP relayée par 20 Minutes.
5 mesures envisagées par le gouvernement contre le gaspillage textile
Tout ce charabia technocrate pour exprimer la volonté de réformer la filière de responsabilité élargie du producteur (REP) dans le textile, le linge de maison et lees chaussures. Cette réforme veut aller dans le sens d’un meilleur respect de l’environnement, à travers la proposition de cinq mesures :
- Récompenser la production de produits plus vertueux.
- Réduire les coûts de réparation textile.
- Développer de meilleures solutions de collecte des textiles usagés.
- Financer le tri et la réparation des textiles.
- Mettre en place une filière française de recyclage des textiles non réutilisables.
En creux, on peut donc comprendre que la filière faisait encore peu d’efforts à ce niveau-là, ce qui peut être très inquiétant. Mais la communication du gouvernement tient à parler de mesures « ambitieuses et nouvelles ». Pour leur mise en place, 600 millions d’euros seraient alloués à des projets favorisant la réparation, le réemploi ou le recyclage. 350 millions serviraient à récompenser les produits éco-conçus, rapporte à l’AFP l’entourage de Bérangère Couillard, secrétaire d’État chargée de l’Écologie, et Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie.
Des suggestions faites de longue date par les acteurs engagés du secteur
De quoi rappeler certaines pistes proposées par le collectif En Mode Climat (coalition d’acteurs privés du secteur pour une mode plus responsable) au gouvernement, notamment à travers une pétition pour empêcher la fast-fashion française de polluer l’Afrique. On pouvait notamment y lire une proposition de mise en place d’une stratégie de bonus-malus quant à la production de vêtements plus durables. D’autres mesures plus ambitieuses espéraient un plafonnement du nombre de vêtements de fast-fashion importés en France (c’était déjà le cas jusqu’en 2005), et surtout l’arrêt des envois de déchets textile vers l’Afrique pour favoriser le développement d’infrastructures permettant de les traiter localement.
Pour mettre ces informations en perspective, rappelons que la France collecte 230 000 tonnes de textiles usagés chaque année, d’après le gouvernement. Or 450 000 tonnes autres tonnes ne passent même pas par la case collecte et finissent directement en décharge, ou à l’incinération.
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Crédit photo de Une : pexels-polina-tankilevitch-5585849
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