Rester chez soi est indispensable pour lutter contre l’épidémie de coronavirus et sauver des vies face à l’engorgement des hôpitaux.
Plus ou moins facile à vivre, on peut pour la plupart relativiser notre situation et prendre le confinement avec philosophie, voire en profiter pour prendre du temps pour soi et enfin réaliser de vieux projets relégués au placard.
Le confinement donne cependant lieu à des situations bien plus graves que de se retrouver coincée seule dans son studio parisien trop sombre, ou de devoir télétravailler avec ses gamins braillards.
Certaines voient leur vie mise en danger en se retrouvant forcées d’habiter avec un homme violent, sans possibilité d’échappatoire par le travail ou les sorties.
Les signalements de violences conjugales augmentent avec le confinement
Mise à jour du 30 mars 2020
Les associations féministes redoutaient une aggravation des violences faites aux femmes pendant le confinement, et le gouvernement l’a confirmé.
Le 29 mars, la Secrétaire à l’Egalité femmes hommes Marlène Schiappa a avancé sur Europe 1 les premiers chiffres sur l’augmentation des violences, et ils font froid dans le dos :
« [Il y a eu] +32% de signalements de violences conjugales en zone gendarmerie en une semaine, et +36% dans la zone de la préfecture de police de Paris en une semaine également. »
En réponse à ces drames, le gouvernement lance la 2ème phase de son plan d’urgence contre les violences conjugales en confinement.
Les nouveautés du plan d’urgence contre les violences conjugales en confinement
Marlène Schiappa a exposé les nouvelles mesures dans un Tweet :
Voici ce qui va changer :
- 1 million d’euros est débloqué pour soutenir les associations locales de terrain qui accompagnent les femmes.
- Jusqu’à 20 000 nuitées dans des chambres d’hôtels ou dans des centres d’hébergement vont être ouvertes pour les femmes victimes de violences conjugales et leurs enfants afin de fuir un homme violent.
- Des points d’accompagnement, d’écoute et d’orientation vont être ouverts dans des centres commerciaux à l’entrée de supermarchés dans 10 puis 20 villes en France.
- Une mission d’évaluation va être lancée pour avoir une estimation concrète de l’importance des violences conjugales pendant le confinement et ce, pour mieux agir.
La Secrétaire d’Etat réaffirme dans son Tweet l’engagement de l’Etat en faveur des femmes victimes de violences :
« Tous les leviers de l’Etat sont actionnés, les associations sont à pied d’oeuvre et l’Etat les soutient. Femmes qui vivez des violences conjugales, femmes qui êtes confinées avec un mari violent, vous n’êtes pas seules ! »
En cas de violence, le numéro d’urgence 3919 et la plateforme « Arrêtons les violences » restent ouverts
Si tu es victime de violences pendant le confinement, tu peux aussi appeler le numéro d’urgence 3919.
Mais comme passer un appel est un acte difficile à faire discrètement, et que les sorties sont limitées en période de confinement, tu peux utiliser la plateforme « Arrêtons les violences ».
Sur « Arrêtons les violences », des policiers et des gendarmes sont formés en matière de violences conjugales et peuvent prendre des signalements, lancer des enquêtes et des interventions. La plateforme va faire l’objet d’une campagne pour mieux la faire connaître.
Le confinement, un facteur aggravant les violences conjugales
Article publié initialement le 25 mars 2020
Le confinement alarme les associations féministes qui redoutent une explosion des violences faites aux femmes. C’est ce qu’explique Caroline De Haas, membre du collectif #NousToutes, dans un article de France 24 :
« Les temps de crise sont toujours propices à l’accroissement de la violence. Alors imaginez des personnes confinées, cela peut passer de violences psychologiques à des violences physiques, sexuelles, et peut-être même conduire à des féminicides. »
Marie Cervetti, travaillant dans un centre d’hébergement pour femmes victimes de violences à Paris, rapporte dans un article de 20 Minutes que des femmes repartent vivre avec des hommes violents par peur du coronavirus. Ces derniers profitent parfois de la situation pour user de leur emprise et faire revenir des femmes chez eux. Marie Cervetti en témoigne :
« Ces derniers jours, plusieurs femmes ont reçu des textos de leur agresseur leur disant : « Reviens avec moi… Tu ne vas pas rester confinée toute seule… » »
Pendant le confinement, que faire si je suis victime de violences ?
Même si l’idée de fuir semble aller contre le principe du confinement, rien ne t’interdit de PARTIR. C’est ce que conseille le collectif #NousToutes dans ce post Instagram :
« Il est déconseillé de sortir. Il n’est pas interdit de fuir » scande le visuel. #NousToutes rappelle que le confinement n’autorise PAS « à dévaloriser, à insulter, à taper, à imposer un rapport sexuel ».
Toutes ces situations justifient que tu prennes la fuite.
L’avocate Isabelle Steyer, interrogée par 20 Minutes
, suggère de prétexter un jogging ou une course quelconque pour s’en aller.
Une fois dehors, tu peux appeler le 3919, le numéro d’écoute national destiné aux femmes victimes de violences. Tu peux également utiliser la plateforme arretonslesviolences.gouv.fr, ouverte 24h/24 et permettant de dialoguer avec des forces de l’ordre formées aux violences sexistes et sexuelles. En cas d’urgence, appelle le 17.
Je pense que ma voisine est victime de violences, que faire ?
Tu regardais tranquillement ta télé quand tu as entendu des cris et des bruits de coups ?
Je sais à quel point ces situations peuvent être effrayantes et paralysantes pour avoir déjà moi-même entendu mes voisins du dessous s’entre-tuer, mais le mieux que tu puisses faire, c’est d’appeler immédiatement le 17, même si tu n’es pas sûre !
Quand j’ai vu les tâches de sang sur le pallier le lendemain matin, je me suis remerciée d’avoir appelé la police, qui est intervenue.
Il vaut 100 fois mieux te tromper et déranger les forces de l’ordre pour rien que de laisser un drame se produire. C’est ce que te conseille #NousToutes sur ce post Instagram :
Ne te mets pas en danger toi-même en essayant d’intervenir. Je te le répète, appelle le 17.
#NousToutes te conseille également de passer prendre des nouvelles de ta voisine dans la journée, en prenant garde à rester à 1m50 de distance. Tu peux lui dire que tu es joignable en cas de problème et lui donner les numéros d’urgence 3919 et 17.
Enfin, tu peux accrocher une affiche rappelant ces numéros dans ton immeuble, ou télécharger et imprimer une affiche créée par #NousToutes en cliquant ici.
Les mesures des autorités contre les violences conjugales en période de confinement
Le gouvernement met en place un plan de continuité du 3919 en faisant en sorte que les écoutantes puissent travailler depuis chez elle, en leur fournissant des téléphones portables et en organisant un transfert des lignes.
Tu peux retrouver le détail dans le communiqué de presse du Secrétariat chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, twitté par Marlène Schiappa :
Selon 20 Minutes, les forces de l’ordre sont spécialement mobilisées sur la question de la lutte contre les violences sexistes pendant le confinement.
Les tribunaux tournant au ralenti, quid des décisions de justice concernant les violences faites aux femmes ? Selon la ministre de la Justice Nicole Belloubet interviewé par 20 Minutes, les audiences dédiées aux violences conjugales font figure d’exception :
« Les comparutions immédiates et les ordonnances d’éloignement des conjoints violents font partie des procédures d’urgence. J’ai clairement expliqué aux juridictions qu’il fallait répondre à ces urgences. »
Tu peux retrouver les actualités et les infos sur les violences faites aux femmes sur la page Facebook ou Instagram du collectif #NousToutes.
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :
- Le 3919 et le site gouvernemental Arrêtons les violences
- Notre article pratique Mon copain m’a frappée : comment réagir, que faire quand on est victime de violences dans son couple ?
- L’association En avant toute(s) et son tchat d’aide disponible sur Comment on s’aime ?
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