Guerre, voiture, mécanique, vitesse… Des trucs d’hommes pour un mouvement artistique composé… d’hommes. Le futurisme est une avant-garde haute en couleurs et empreinte d’une certaine violence. Extrait du Manifeste futuriste publié en 1909 : « Nous voulons exalter le mouvement agressif […], la gifle et le coup de poing ». Ça, c’est dit.
Le mouvement est créé en 1909 par le poète italien Filippo Marinetti. Personnalité hype du moment, de nombreuses personnes se rassemblent autour de ses idées farfelues (pour l’époque) : revendication de la modernité dans l’excès, exaltation du nihilisme, refus catégorique de l’académisme, apologie de la guerre. Tout un programme, défini dans Le manifeste technique de la peinture futuriste publié en 1910. Extraits : « Il faut se révolter contre les mots « harmonie » et « bon goût » / les critiques d’art sont inutiles / nous combattons contre le nu en peinture aussi nauséeux et assommant que l’adultère en littérature ». De quoi faire dresser les poils des pinceaux des artistes ayant encore un pied (voire une jambe) dans l’académisme. Néanmoins, le manifeste est signé par les cinq artistes principaux du mouvement.
Umberto BOCCIONI (1882-1916)
Il réalise l’une des premières toiles futuristes en 1910 : Rixe dans la galerie. On y trouve le mouvement, l’énergie de la foule mais la technique n’est pas encore au point ; Boccioni utilise ici la technique du pointillisme en opposition avec la frénésie de la scène représentée.
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Umberto Boccioni, Rixe dans la galerie, 1910,
huile sur toile, Pinacothèque de Brera, Milan.
Il réalisera ensuite ce qui deviendront les chefs d’œuvres du futurisme. Les états d’âmes est un triptyque débordant de sentiments douloureux et de mouvement (tout semble poussé hors-champ, dans une dynamique oblique autour d’un nœud central très dense, avec une touche picturale nerveuse). La sculpture Formes uniques dans la continuité de l’espace sera quant à elle l’exaltation de l’homme-machine, guerrier à la peau déchiré marchant avec détermination vers les combats.
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Premier tableau, Les adieux
Deuxième tableau, Ceux qui partent
Troisème tableau, Ceux qui restent
Umberto Boccioni, Les états d’âme, 1911, huile sur toile.
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Umberto Boccioni, Formes uniques dans la continuité de l’espace, bronze.
Giacomo BALLA (1871-1958)
Cet artiste s’intéressera principalement au dynamisme de la couleur et de la lumière. Il appliquera même certaines théories scientifiques, notamment sur la diffusion ondulatoire de la lumière comme dans La lampe à arc, 1909. Il travaillera également sur la décomposition du mouvement, inspirée de la chronophotographie (voir en fin d’article) de Jules-Etienne Marey et opère ainsi une fusion entre art du temps et art de l’espace. A voir par exemple : Séquence dynamiques, 1913.
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Giacomo Balla, La lampe à arc, 1909, huile sur toile.
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Giacomo Balla, Séquences dynamiques, 1913, huile sur toile.
Luigi RUSSOLO (1885-1947)
Il va se démarquer des autres artistes futuristes par un dessin très clair et des couleurs très vives, certaines utilisées pures. Ses œuvres se caractérisent également par la présence de chevrons (rouges le plus souvent), signes de la décomposition du mouvement et de la violence de la scène représentée. Issu d’une famille de musiciens, il traitera de ce thème dans de nombreuses toiles et sera l’investigateur du Manifeste de la musique futuriste.
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Luigi Russolo, La révolte, 1911, huile sur toile.
Carlo CARRA (1881-1966)
Anarchiste averti, Carra est surtout connu au sein du courant futuriste pour son tableau Les funérailles de l’anarchiste Galli en 1910. On y ressent une véritable violence dans cet affrontement entre les anarchistes et les policiers au cimetière. C’est un tableau très complexe, presque inconfortable à regarder tant le nœud central est dense.
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Carlo Carra, Les funérailles de l’anarchiste Galli, 1910, huile sur toile.
Gino SEVERINI (1883-1966)
Contrairement aux autres artistes futuristes, Severini va traiter des sujets moins violents et d’une façon en quelque sorte plus joviale. On dit de lui qu’il fait un « futurisme apaisé », une peinture bien plus gustative. Cependant le dynamisme de ses danseuses (un thème récurrent) le pousse à peindre à même le cadre de ses tableaux. On retrouve encore l’influence de la chronophotographie.
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Gino Severini, Danseuse + mer, 1913, huile sur toile.
En 1914, Filippo Marinetti et Francesco Cangiullo lancent les planches de « mots-en-liberté », à mi-chemin entre un tableau et un poème. Les artistes y inscrivent leurs univers, parfois comme une page de journal intime.
Mais le futurisme n’est pas uniquement fait de peinture. Il s’étendra aux domaines de la musique, du cinéma, de la photographie, de l’architecture. C’est une volonté de la part de Marinetti de ne pas favoriser un art plus que l’autre.
En 1915, l’Italie entre en guerre. Umberto Boccioni est enrôlé dans l’armée et meurt un an plus tard au front. Une rétrospective sera organisée en août 1916. Sous la dictature de Mussolini, le futurisme deviendra art officiel du fascisme. Certains artistes comme Balla ne voudront pas adhérer à cette politique et quittent le mouvement, ce qui provoque sa fin.
Une nouvelle fois en ce début de siècle, une avant-garde fait grand bruit. Des idées et des traitements plastiques complètement novateurs pour l’époque font leur apparition sur la scène artistique. Marinetti mettra le coup de grâce en affirmant qu’une « voiture de course est plus belle que La Victoire de Samothrace (site du Louvre)« . A la vue de ces turbulents successeurs, Tiepolo, le dernier artiste italien de rang européen, a du s’en retourner dans sa tombe…
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A voir aussi :
– Futurisme, Rayonnisme, Orphisme : le dossier pédagogique du MNAM.
– La chronophotographie de Jules-Etienne Marey.
– Manifeste de la musique futuriste, « L’art du bruit » par Russolo en 1913.
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Les Commentaires
Pour celles qui sont intéressées par le futurisme, le Centre Pompidou fait une rétrospective de Octobre 2008 à Janvier 2009 !
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