Avignon c’est un festival IN, avec des pièces conceptuelles, et un festival OFF, avec des pièces terrifiantes (Un ch’ti à Marseille) et d’autres très bonnes (D’Artagnan hors-la-loi par exemple, que je recommande chaudement). Mais c’est surtout une ville qui se transforme en joyeuse fourmilière.
Avignon en période de Festival, c’est l’endroit où un enterrement de vie de garçon passe totalement inaperçu au milieu des comédiens, et où tu comprends qu’il ne s’agit pas de publicité pour un spectacle seulement en voyant passer les potes du marié qui rigolent derrière. Du coup toi aussi tu te lâches un peu, et en attendant ta pièce suivante tu n’hésite plus à chanter par-dessus ton lecteur mp3. Les gens qui passent te regardent avec un air un peu étrange, le temps de comprendre que tu ne fais pas un spectacle de rue.
Avignon en période de Festival, c’est l’endroit où tu peux voir le pape fumer une cigarette sur un balcon avant de rentrer en scène. Où croiser un mousquetaire devient une chose assez habituelle. Où tu ne peux pas t’asseoir à la terrasse d’un café sans voir débarquer un comédien bondissant, comme monté sur ressorts, qui vient te vendre son spectacle avant de repartir vers la table d’à côté.
Pour rajouter à l’ambiance, précisons que le Festival d’Avignon tombe en plein milieu de la canicule (habituellement, parce que cette année même ici il ne faisait que 25°). Pour vous consoler des restaurants (globalement lents et mauvais), vous pouvez donc manger des glaces – activité numéro 1 du festivalier après la récolte de tracts pour des spectacles (12/heure).
Un stand rue des Teinturiers, qui vend des chemises aux noms évocateurs
Toute la foule est concentrée dans quelques artères, celles où il y a non seulement des théâtres mais surtout des bars et des restaurants. Du coup, c’est aussi là que viennent tous les artistes en promotion, et ces lieux deviennent le centre névralgique du bordel
. La rue des Teinturiers est la plus animée, car elle accueille les étals provisoires d’artisans divers proposant vêtements à tendance médiévale ou baba cool, poteries, bijoux, mobiles enchanteurs qui volent au vent. « A l’époque » (celle de ma mère, quand on pouvait porter des chemisiers transparents sans soutien-gorge), les jeunes hippies finançaient leur voyage à Avignon en vendant leurs créations sur ces petits stands.
Au centre de cette agitation il y a aussi la place de l’Horloge, en bas du parvis du Palais des Papes. Elle réunit le facteur « présence de cafés et de restaurants » avec l’avantage « lieu touristique », ce qui en fait un lieu privilégié pour voir des Japonais avec des appareils photos. Sur le parvis, on peut souvent observer des spectacles de rue – en partant du principe que la ville entière est déjà un spectacle.
Les rues autour, celles qui n’ont pas la chance d’abriter un restaurant, sont plus tranquilles. Il est assez stupéfiant de passer de l’énorme embouteillage du centre (traverser la rue des Teinturiers, c’est comme essayer de fendre la foule lors d’un concert) à certaines ruelles quasiment vides. Aucune n’échappe par contre à l’affichage – les coupe-gorges ayant le monopole des publicités pour les spectacles érotiques. En parlant d’affiches, prenez garde à celles qui sont collées sur des cartons, mal fixés aux murs avec des ficelles : par temps de vent, elles attaquent (mon nez s’en souvient).
Un mur lambda pendant le Festival
On trouve toutefois des théâtres dans ces rues excentrées, et même dans les petites villes alentour. Attention donc lorsque vous choisissez vos spectacles sur le catalogue : veillez à pouvoir vous y rendre s’ils ne sont pas dans Avignon même ! L’organisation est une chose précieuse lorsqu’on a décidé de se faire un marathon théâtral, et il n’est pas rare de voir des gens sortir des papiers imprimés contenant un programme détaillé de leur journée.
Ainsi fonctionnent les touristes au Festival d’Avignon : sans appareils photo (sauf au Palais des Papes), mais avec leur plan/catalogue/feuille de route. N’oubliez pas le vôtre !
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires
Ah t'inquiète, c'est pas grave... J'ai un million de trucs à faire plus importants que me la couler douce à Avignon en fait (et là je traine sur madmoizelle, logique..... U_U)