Mise à jour du 23 juin 2021 à 16h00 —
C’est l’AFP qui a dévoilé ce matin les résultats du dernier rapport Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), créant ainsi un certain émoi face au cataclysme écologique qu’il laisse présager.
Depuis, quelques voix, dont celles du chercheur François Gemenne, se sont élevées pour souligner qu’il ne s’agit que d’une « version préliminaire » du rapport. Le texte n’est en effet pas définitif et doit être approuvé et publié en février 2022, après avoir été approuvé « par consensus par les 195 États membres », d’après l’AFP.
Un appel à prendre cette version inachevée du rapport avec précaution qui arrive probablement trop tard, tant les révélations de l’AFP sont déjà partout. Cela fait-il une différence, si la catastrophe est imminente ? Pour François Gemenne, oui :
« Si l’on divulgue des résultats avant l’issue de ce processus, on porte atteinte à la crédibilité des travaux du GIEC dans leur ensemble. La force des ces travaux, ce n’est pas qu’ils sont meilleurs que d’autres études sur le climat : c’est qu’ils sont soumis à un processus de validation et de relecture absolument intense. Les résultats qui circulent dans la presse n’ont pas encore été soumis à ce processus. »
On se dit quand même qu’au vu de la gravité de la situation, le rapport qui sera validé et rendu public en 2022 ne va pas forcément beaucoup nous rassurer…
Article publié le 1er juin 2021 à 11h27 —
Il ne s’agit que
d’un petit degré et demi, mais les conséquences seront dévastatrices si nous venions à franchir ce cap. Le dernier rapport produit par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est formel : sans action massive pour inverser la tendance, la vie telle que nous la connaissons sur Terre sera un lointain souvenir tant les dérèglements climatiques auront atteint des proportions gigantesques.
Ce 1,5 degré qui peut tout changer
Car si le réchauffement climatique vient à dépasser ce 1,5 degré, le rapport prévoit des « impacts irréversibles pour les systèmes humains et écologiques ». Problème, selon le bulletin annuel de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), nous sommes déjà dangereusement proches de ce seuil… Le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, affirme :
« Nous nous rapprochons de manière mesurable et inexorable de la limite inférieure de l’Accord de Paris. Elle vient nous rappeler que nous devons tous remplir plus rapidement nos engagements pour réduire radicalement les émissions de gaz à effet de serre et atteindre la neutralité carbone. »
Et cette menace n’est pas lointaine. On s’est souvent rassurées en se disant que tout cela ne serait visible et palpable dans quelques décennies, mais les transformations ont déjà commencé, et risquent même de s’accélérer, alerte le GIEC. Impossible de se voiler la face : les effets du dérèglement climatique sont là, nous concernent, et concerneront d’autant plus la génération qui vient de naître.
La conclusion du rapport de 4.000 pages est sans appel et tient en deux phrases lapidaires, relevées par l’AFP :
« La vie sur Terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en évoluant vers de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes. L’humanité ne le peut pas. »
Sécheresses, inondations suite à la montée des eaux, feux incontrôlables et canicules extrêmes, famines, et tout cela sans compter les conséquences sanitaires, dont nous avons déjà commencé à avoir un avant-goût depuis un an et demi. Voilà les conséquences du dérèglement climatique.
Que faire ?
Du côté des associations mobilisées dans la lutte contre le réchauffement climatique, on veut croire que ce rapport et ses conclusions vont créer un sursaut :
En 2014, le GIEC montrait déjà que sans réactions de notre part, l’humanité prenait le risque de voir se répandre ces effets graves sur toute la planète. De faux bulletins météo illustraient même les conséquences concrètes et terribles du réchauffement climatique.
Alors où sont les choix radicaux des gouvernements et des industries pour inverser la tendance ? La remise en question drastique de nos modes de vie et de consommation ?
Car face à ces prédictions qui sonnent comme un « ON VA TOUS CREVER », on est obligées de se questionner (après s’être roulées en boule sous un lit) : nos gestes du quotidien sont-suffisants ? Acheter du bio, manger moins de viande, faire du vélo, trier ses emballages, tout cela a-t-il encore un sens ?
Il est possible que l’urgence climatique nous impose de faire plus, de faire mieux, d’être plus exigeantes envers nous-mêmes, mais aussi envers les pouvoirs en place, envers celles et ceux qui décident, qui arbitrent. Il suffit de regarder la loi Climat et Résilience, qui peinent toujours à convaincre, et qui — malgré quelques bons points — reste largement en dessous des attentes…
Le rapport du GIEC n’a pas vocation à nous dire que tout est fini. Il distille malgré tout une note d’espoir et d’optimisme en misant sur notre capacité à agir pour assurer un futur à l’humanité.
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Les Commentaires
On a bien vu avec le Covid, les personnes qui respectent les règles sont souvent convaincues que leurs actions servent à quelque chose et vont porter leurs fruits. Si on croit que c'est vain, bah pourquoi s'interdire d'aller voir ses potes en confinement ou de picoler au bar clandestin? On le voit bien avec l'histoire du variant, là (en tout cas dans le pays où je suis). Des gens qui voulaient y aller progressivement parce qu'ils avaient confiance dans la réouverture et voulaient faire les choses bien se disent soudain que si ça se trouve ça ne va pas rouvrir mais au contraire fermer à nouveau, et ça sera un cycle sans fin, et donc autant se jeter à corps perdu dans toutes les activités sociales avant que ce soit trop tard. Et on le voit bien sur ce fil... combien de MadZ ça a remotivé? Aucune, la plupart sont juste encore plus désabusées.
Pourtant, si ça peut vous rassurer, j'ai lu l'article du Monde dessus et il a l'air de dire que les scientifiques du GIEC pensent que c'est possible de renverser la tendance à ce stade, qu'une seule action minime peut avoir un impact positif considérable. Bref, je pense que la position du GIEC c'est pas de dire la fin du monde est proche et l'humain n'y survivra pas, mais justement on peut encore éviter la fin de l'humanité.
Je sais que les phrases sont parfois utilisées pour réagir dans des démarches militantes mais c'est parfois contre-productif quand ça donne une impression d'inéluctable. Je pense notamment au slogan "1 femme sur 5 sera violée au cours de sa vie" qui a ancré dans l'esprit de beaucoup que le viol était un incontournable de la vie des femmes plus que le fait qu'on devait travailler à l'éradiquer alors que le but était d'éveiller les consciences. Faire suivre un constat par les mesures qu'on peut prendre à son échelle pour réduire le problème (genre pousser à faire campagne auprès des puissants plus qu'à mettre sa boîte de thon dans la poubelle recyclage) c'est très important pour pousser à l'action. Et c'est d'autant plus important que de nombreux citoyens n'ont aucune idée de comment s'engager au'delà des gestes quotidiens!