Le Canard Enchaîné a révélé ce mercredi qu’Adrien Quatennens, député Nupes-La France Insoumise du Nord, fait l’objet d’une main courante. Il aurait commis des violences à l’égard de son épouse.
À la veille de la publication du journal, Adrien et Céline Quatennens ont pris les devants et publié un communiqué commun pour réagir à l’article du média et expliquer que leur situation relève d’un divorce conflictuel. Tous deux rappellent par ailleurs avoir souhaité que l’affaire ne soit pas ébruitée dans les médias.
Selon BFM, la main courante a été déposée le 7 septembre 2022 et plusieurs épisodes de violences auraient eu lieu. Le parquet n’a pas confirmé l’ouverture d’une enquête.
L’avocate d’Adrien Quatennens, Jade Dousselin, a déploré sur Twitter qu’ « une main courante relevant de la vie privée de son couple ait pu faire l’objet d’une diffusion publique contre la volonté expresse et exprimée de son épouse auprès des autorités. »
« Cette nouvelle affaire ne peut que provoquer un tremblement de terre », a commenté un député auprès de l’hebdomadaire satirique. Adrien Quatennens fait partie des parlementaires LFI les plus en vue aux côtés de Jean-Luc Mélenchon. Après les révélations sur le journaliste Taha Bouhafs, alors candidat aux législatives, puis celles sur Éric Coquerel en juillet, la Nupes est donc de nouveau secouée par une affaire de violences faites aux femmes.
Les insinuations sexistes du Canard Enchaîné contre Sandrine Rousseau
Ce qui interpelle, c’est aussi le traitement médiatique du Canard Enchaîné dans cette affaire. La chute de l’article ne concerne ni Adrien Quatennens, ni même la Nupes dans son ensemble… mais une autre députée : Sandrine Rousseau.
« Tout est donc bien qui finit bien. Et Sandrine Rousseau va sûrement applaudir. »
Un tacle dont on peut questionner l’utilité.
Pour quelle raison glisser un sous-entendu sur un potentiel empressement à s’enthousiasmer de l’affaire à l’encontre d’une élue engagée de longue date contre les violences sexistes et sexuelles… si ce n’est par misogynie, tout simplement ?
C’est la conseillère de Paris Raphaëlle Rémy-Leleu qui analyse justement cette volonté du Canard Enchaîné de s’en prendre de façon à peine déguisée à Sandrine Rousseau :
« On me dira c’est le Canard, c’est de l’humour grinçant etc. Mais c’est un choix très politique de renvoyer à une femme les violences qui auraient été commises par un homme », ajoute-t-elle plus loin.
Compagne, ex-compagne, sœur, collègue… les femmes quand elles sont proches d’un agresseur présumé se retrouvent très souvent ciblées par des critiques voire identifiées comme responsables, comme nous le montrions dans ce décryptage.
Et même quand celle-ci est déjà visée en permanence par des attaques misogynes, systématiquement raillée et cyberharcelée dès qu’elle prend la parole, elle n’y échappe pas.
À lire aussi : Aucun parti politique ne récolte la confiance des Français en matière de lutte contre les violences faites aux femmes
Crédit photo : Capture
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :
- Le 3919 et le site gouvernemental Arrêtons les violences
- Notre article pratique Mon copain m’a frappée : comment réagir, que faire quand on est victime de violences dans son couple ?
- L’association En avant toute(s) et son tchat d’aide disponible sur Comment on s’aime ?
Les Commentaires
D'un autre côté comme @Sophie L j'estime qu'on a le droit de savoir ce genre d'informations importantes sur des personnes pour lesquelles on pourrait voter... C'est trop facile de dire que les violences conjugales relèvent de l'intime ! Et je trouve ça préférable qu' AQ ait été obligé de se mettre en retrait politique, ce qui était évidement la chose à faire. Donc que doivent faire les médias ? Franchement je ne suis pas capable de répondre à cette question. Mais foutre la paix à Sandrine Rousseau par contre ça serait une bonne base.
@Kaktus : ça va peut-être faire grincer des dents mais c'est pas que c'est pas tous les homme mais l'inverse : pas seulement les hommes. On vit toutes et tous dans une société qui a érigé la force et la violence comme une qualité suprême à admirer tout en la rendant illégale quand même... C'est barré comme système ! Et personne ne peut échapper complètement à ce paradoxe qu'on soir un homme, une femme ou non-binaire...
Moi même j'ai beau être pacifiste, féministe, essayer d'être déconstruite...je me rends compte à quel point j'ai facilement des envie et des pulsions violentes par rapport à ce qui m'énerve. C'est difficile de sortir de ça.