Les gens qui passent trop de temps sur Twitter, TikTok et Instagram se souviennent peut-être de cette période improbable où s’enchainaient les vidéos de pâtisserie en trompe-l’œil. Il s’agissait d’objets de la vie courante qui se révélaient être du gâteau une fois passé un coup de couteau. Eh bien le défilé Bottega Veneta automne-hiver 2023-2024, présenté par Matthieu Blazy le 25 février 2023 dans le cadre de la Milan Fashion Week, était de ce goût-là.
Pourquoi le défilé Bottega Veneta automne-hiver 2023-2024 vaut le coup d’œil
C’est la quatrième collection (mais troisième défilé) du créateur franco-belge pour cette maison italienne du groupe de luxe Kering. Né à Paris en 1984, Matthieu Blazy a fait ses armes comme designer au sein des studios Raf Simons, Maison Margiela, Celine (époque Phoebe Philo), puis Calvin Klein (circa Raf Simons, justement), avant d’être nommé directeur artistique de Bottega Veneta en 2020.
Réputée pour sa discrétion, la maison n’a point besoin de tapage médiatique (le précédent directeur artistique, Daniel Lee, avait même fait supprimer l’Instagram de Bottega Veneta) ou de gros logo, et se reconnait uniquement à la qualité de ses cuirs, surtout lorsqu’ils sont tressés selon son savoir-faire signature : l’intrecciato (qu’on pourrait traduire par « entremêlé », le « tressé »).
Inscrire le savoir-faire en cuir de Bottega Veneta dans le patrimoine italien
Plutôt qu’une collection riche en gimmick tape-à-l’œil, Matthieu Blazy a donc proposé un opus Bottega Veneta automne-hiver 2023-2024 dont tout le luxe réside dans les discrets détails qui méritent qu’on y regarde à deux fois. Car chaque vêtement apparent était en fait réalisé en cuir, travaillé en trompe-l’œil pour créer d’étonnantes textures.
Par exemple, ce qui ressemblait à un costume-cravate gris était en fait en veau velours, même chose pour ce qui s’apparentait à une chemise de nuit sur un caleçon rayé assorti, ou encore le look final composé d’un débardeur blanc et d’un jean. On pouvait déjà s’enthousiasmer face aux coupes parfaites, mais voilà que ces prouesses techniques en rajoutent une couche (de cuir en trompe-l’œil).
Cette collection était présentée aux côtés de trois sculptures majeures du patrimoine artistique italien : L’Homme en mouvement (1913) de l’artiste futuriste italien Umberto Boccioni (normalement exposé à la Galleria Nazionale di Cosenza) et Les coureurs (qui datent du Ier siècle avant Jésus-Christ et qui sont habituellement présentés au Musée Archéologique National de Naples). Une façon pour Matthieu Blazy d’inscrire cette collection et plus largement le savoir-faire de Bottega Veneta au sein du patrimoine italien. Ou, devrait-on dire, de l’y tresser tel du cuir intrecciato.
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