Je suis, avec le temps, devenue plutôt casanière. Je suis beaucoup (beaucoup) sortie, j’ai eu une vie sociale très (trop) développée, j’ai été partout ou presque. Et en grandissant (ou en vieillissant, au choix), j’ai arrêté d’être comme ça.
Peut-être parce que j’avais fait le tour, peut-être parce que ça ne m’intéressait plus, peut-être parce que je préférais rester chez moi après avoir passé presque toutes mes soirées dehors depuis un âge relativement jeune.
J’en avais ma claque. Et avec les années, j’ai apprécié de plus en plus rester chez moi. Sans compter que mon mec aime bien être pépouze à la maison comme moi, donc bon, on n’avait pas trop de points de divergence sur ce sujet, et on s’est mutuellement entraidé à ne plus trop mettre un pied dehors, sauf occasions importantes.
Le confinement et des habitudes casanières déjà ancrées
Quand le confinement a été déclaré, c’était pas tant le fait de devoir être enfermée dans mon appart pendant une durée indéterminée qui me perturbait, c’était plus le fait d’être seule, sans ma famille, comme je te l’avais raconté.
Quand ma fille et mon mec sont finalement revenus à la maison, c’était plus le fait de ne plus avoir un seul moment pour moi qui me gênait.
Mais pas à un seul moment, le fait d’être cloitrée chez moi n’a été un problème, bien au contraire. J’étais plutôt contente de voir Paris se vider, de pouvoir réentendre le bruit des oiseaux, de ne pas avoir les oreilles saturées par les voitures et les scoot qui font un boucan sans nom à longueur de journée, et de pouvoir respirer de l’air moins pollué.
Je vis dans une rue très passante, dans un quartier vivant, et je l’adore pour ça. Je vis dans une ville qui ne prend pas le temps de respirer (dans tous les sens du terme), mais je l’aime de moins en moins pour ces raisons.
Et là, cette pause dans le temps, je l’ai trouvée géniale, parce que j’ai pu me réapproprier le calme et le silence.
J’ai aimé ce monde au ralenti, à titre très personnel, tout en étant, je le sais, privilégiée. J’ai aimé cette pause, mais le problème c’est que je n’avais pas du tout envie qu’elle s’arrête.
Parce que j’anticipais aussi, et ces derniers jours me l’ont bien prouvé, que tout allait repartir de plus belle. Les gens, confinés depuis presque deux mois, ont sauté sur le déconfinement, jusqu’à plus soif.
D’un jour à l’autre, j’ai revu dans ma rue, depuis ma fenêtre, tous ceux qui n’avaient pas pu profiter de leur liberté de mouvement, marcher en masse sur le bitume qui avait eu le temps de prendre des vacances.
Tout est reparti à la hausse, en flèche, sans répit. Les gens sur les pelouses, dans les parcs, dans la rue, ceux qui ont fait des apéros directement dehors en posant leur bière sur des poubelles parce que les bars ne sont pas encore rouverts, mes voisins qui refaisaient des soirées chez eux les fenêtres grandes ouvertes pour que tous puissent en profiter, même sans le vouloir.
Ceux qui se sont jetés chez les uns et les autres pour se revoir, parce que deux mois, c’était long.
Je comprends leurs envies, je comprends leurs besoins, vraiment. Mais ça ne me parle absolument pas.
Pour l’instant, le déconfinement ne m’intéresse pas
n’a pas sonné comme le glas de la liberté partielle retrouvée pour moi, ça n’a rien fait du tout. Je n’ai pas changé les habitudes que j’ai pu prendre ces deux derniers mois, et je n’en ai pas du tout envie.
Je n’ai pas hâte de reprendre le métro, de retrouver les terrasses bondées et les restaurants à réserver pour daigner avoir une place.
Je n’ai pas hâte de devoir choisir ma tenue avant de sortir de chez moi pour tenter de minimiser un tant soit peu le harcèlement de rue. Je n’ai pas hâte de m’habiller tout court en fait, il faut bien le dire.
J’aime bien ma vie en ce moment. Et je n’ai pas encore envie de retrouver ma vie d’avant, qui en fait ne me convenait pas tant que ça.
Alors bien sûr, il va falloir que je me pousse aux fesses, je le sais.
Et c’est ça qui est paradoxale : j’ai hâte de retrouver mon bureau et mes collègues, mais je n’ai absolument pas hâte de devoir m’habiller, me maquiller un minimum parce que je sais que j’ai du mal à sortir de chez moi sans que ça ne soit le cas, je n’ai pas hâte de retourner dans le métro plein à craquer, de devoir me coller aux autres usagers parce qu’il n’y a pas de place.
Le seul avantage, c’est que vu que tout le monde est censé porté un masque dans les transports, au moins je ne sentirai pas trop leur haleine. youpi.
Je n’ai pas hâte d’aller boire des coups dans une terrasse bondée avec mes potes, parce que je sais que si je veux les voir, c’est là que je devrais aller.
Déconfinement, pandémie et nouvelles angoisses
Cette pandémie m’angoisse, pour de vrai. Mon mec est considéré comme une personne à risque, moi aussi, alors que nous sommes censés être jeunes et un peu plus épargnés. C’est délicat de faire comprendre que sortir et avoir une vie sociale peut vite être dangereux pour nous.
Même si la crèche de ma fille pouvait l’accueillir, ce qui n’est pas le cas actuellement, je ne suis pas sûre que je l’y remettrais. Alors que franchement, c’est pas l’envie qui manque hein ! C’est juste que je ne peux pas prendre le risque pour mon mec et moi qu’elle devienne porteuse de cette saloperie, comme bon nombre d’enfants, et qu’elle nous la refile.
Sans compter qu’on ne connait pas encore tout de ce virus, on ne sait pas comment il évolue, et on ne connait encore pas son impact réel sur les enfants. Chaque jour, des infos et des affirmations viennent contredire celles des jours précédents, on ne sait pas vraiment sur quel pied danser.
C’est un risque que je ne suis pas prête à prendre. Et même si la vie à 3 à la maison avec le boulot et tout le reste est très compliqué à gérer, je me dis que ça sera toujours moins pire que l’hospitalisation de l’un de nous deux, ou de toute ma famille.
Ça pourrait ne pas arriver, je le sais, tout comme ça pourrait se produire. Est-ce que j’ai envie qu’on joue à la roulette russe ? Pas vraiment, non.
Le déconfinement ? Je passe mon tour
Après moult discussions, après avoir pesé le pour et le contre, on est venu à cette conclusion avec mon mec : on reste chez nous, encore. On ne sait pas encore suffisamment ce qu’il va se passer pour qu’on prenne des risques. Le fait d’être à la maison ne nous gêne pas, ça ne change pas notre vie, notre fonctionnement, notre façon d’être.
Notre fille a ses deux parents pour elle, elle a de quoi faire dans la maison, elle sort faire des tours de trottinette, elle n’est pas malheureuse. Elle comprend beaucoup de choses, verbalise ses sentiments et ses ressentis, gueule quand elle en a besoin, et je n’ai aucune inquiétude sur le fait qu’elle sache s’exprimer et qu’elle ne garde pas pour elle ce qu’elle a envie de nous dire.
Nous on a les copains et la famille en vidéo, le frigo plein, du boulot, on est bien.
Bien sûr qu’il y a des moments plus durs et plus tendus que d’autres, mais on a tous nos tips pour les surmonter. Charles va faire des longues balades, et moi je me mets du Mozart à fond dans les oreilles en écrivant. Chacun son truc hein.
Mais non, le déconfinement, ça n’est pas pour nous, très clairement. Je regrette seulement de ne pas vivre ailleurs qu’en ville et de ne pas avoir de jardin pour prendre l’air plus facilement et souvent, mais tout ça n’est qu’une phase, une étape qui finira bien par passer.
Tant qu’on peut tenir comme ça et être en sécurité, ça me convient. Je sais que je suis privilégiée, j’en ai conscience, et tant que je peux en profiter, je le ferai.
La vie n’est jamais comme on l’avait prévue et rien n’est figé. J’ai donc décidé de choisir ce que je voulais faire parce que je le pouvais.
Ça me rassure, ça m’apaise, pendant que d’autres sujets de ma vie personnelle peuvent m’angoisser. Si je peux mettre un frein à cette peur de sortir, je le ferai.
Et toi, t’en penses quoi de ce déconfinement ? Tu ressors de chez toi ou tu continues à vivre comme les dernières semaines ?
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On a hâte de vous lire !
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