Mano qui ? Mano Solo ? Celui qui chante en espagnol et qui porte des bonnets péruviens, celui dont la voix est aussi insupportable que l’haleine d’un type bourré à 8h du mat’ ? Et Bah non, lost, perdu.
Ok, ok… On peut très bien penser que Raoul (de son vrai petit nom) était un gueulard hippie-punk sous fond de Gipsy King, sauce troubadour des années 90, cigarette au bec et guitare dans le fion. Sauf que non.
C’est sûr, Mano Solo, ce n’était pas un chanteur à groupies, ce n’était pas des beat électro, ni de la guitare funky, c’était beaucoup plus… Pour le comprendre, fallait juste voir un peu plus loin !
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Mano Solo, il a bercé toute ma jeunesse et celle de mes copines. Ses textes étaient d’une poésie sans nom, sa musique bouleversante et ses accords d’une justesse troublante. Ses chansons, c’était comme des Matisse sur lesquels on aurait posé des mots, c’était transcendant de réalisme, de passion et de douleur, prenant aux tripes…
Mano Solo, c’était un peu la grande gueule de Gainsbourg, un peu la provoc’ de Brassens, la moustache en moins, le sida en plus. Provocateur, revendicateur et presque 30 ans de carrière, chapeau l’artiste ! C’est des histoires de marins, c’est des histoires de gitans et presque toujours des histoires d’amour déchus. C’est le sale boulot de Julie, c’est sa seringue « au creux de son bras »…Shalala… Son amour pour Paris… « Prend-moi dans tes bras… ».
N’ayant jamais peur des mots, il affiche ostensiblement sa maladie et son ancienne toxicomanie comme dans 15 ans du matin ou Pas du gâteau au début des années 1990, puis, ayant ras-le-bol d’être considéré comme un artiste tragique, malade, douloureux et infiniment triste, il revient en 2004 avec Les Animals où il s’offre à nous plein d’espoir et finalement, de rage de vivre. Sa voix était fragile, comme lui…
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Hé bien oui, il s’en est allé le 10 Janvier à 46 berges, après nous avoir offert La Marmaille nue (1993 et 100 000 exemplaires), avoir vécu Les années sombres (1995), ne pas avoir su trop (Je ne sais pas trop en 1997 et disque d’or), il prend son envol Dehors (2000), pour marcher plus haut (La marche en 2002), et finir par côtoyer Les animals (2004), il rentre, malheureusement, enfin au port (Rentrer Au Port, 2009).
Mais finalement, merci Mano, tu me permets une belle pirouette, que dis-je, un bien beau vol plané pour terminer sur le Sidaction, et nous rappeler que le combat continue !
Et comme il le disait si bien, « Mais qu’importe, que le vent m’emporte, nourrir les vers et les cloportes ce sera de toute une vie, le seul contrat bien rempli ».
Protège-toi le bout, change tes aiguilles chéri, tu pourrais finir en solo. La poésie en moins, la trithérapie en plus.
Salut l’artiste.
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