Quinze jours, c’est le délai qu’ont cinq plateformes de porno pour faire respecter l’obligation d’empêcher les mineurs d’y accéder, sous peine d’être bloqués.
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel s’appuie sur un décret du gouvernement « relatif aux modalités de mise œuvre des mesures visant à protéger les mineurs contre l’accès à des sites diffusant un contenu pornographique ». Dans son viseur, on trouve aujourd’hui Pornhub, ainsi que Tukif, Xhamster, Xvideos et Xnxx, dont les sociétés respectives ont été mises en demeure.
Ce décret, publié le 7 octobre, établit que le CSA peut saisir le président du tribunal judiciaire afin de demander le blocage de ces sites.
Une mesure pour lutter contre l’impact du porno sur les plus jeunes
Jusqu’ici, ces sites ne comportent qu’une fenêtre contenant un message d’avertissement sur la teneur du site et le fait qu’il est réservé aux adultes, accompagné d’une case à cocher pour attester que l’internaute a bien plus de 18 ans. Autrement dit, un disclaimer largement facile à contourner, et donc peu efficace pour empêcher les mineurs d’accéder à ces contenus.
Cette annonce du CSA sonne comme une bonne nouvelle pour Justine Atlan, directrice de l’association e-Enfance :
« Il est important de mettre sous pression les sites pornographiques pour qu’ils ne puissent pas continuer à ne pas respecter le cadre légal de l’industrie qu’ils ont choisie, qui stipule de ne pas exposer les mineurs à la pornographie. »
Elle estime que la facilité d’accès à ces sites n’est pas sans répercussion sur les jeunes :
« La pornographie actuelle sur Internet a des contenus plus violents, du revenge porn, du sexe sans consentement. Cela a des conséquences sur les pratiques sexuelles que les jeunes reproduisent : brutalité, problème de consentement, pression [liée à la]performance »
En octobre dernier, plusieurs associations, dont E-enfance mais aussi La Voix de l’enfant, avaient vu leur demande de blocage de neuf sites pornographiques rejetée par le tribunal.
Pornhub et consorts seront-ils vraiment en mesure d’agir ?
Reste à savoir comment les cinq sites aujourd’hui visés par le CSA vont se plier au décret, et surtout comment ils vont pouvoir le faire en respectant la loi :
Devra-t-on en passer par une étape d’identification pour aller sur des sites pornographiques ? Par carte bancaire, comme cela a pu être déjà envisagé ? En France, un contrôle de l’âge par une identification via FranceConnect avait été envisagé, avant d’être finalement enterré en juin 2020.
En juillet 2019, le Royaume-Uni est devenu le premier pays au monde à obliger les sites pornographiques à vérifier l’âge des internautes avant de pouvoir accéder à leur contenu.
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Crédit photo : Ron Lach
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Les Commentaires
Je ne sais pas comment ils comptent vérifier et je comprends tout à fait l'intention derrière. Sauf que les gens n'ont sans doute pas envie de mettre des coordonnées (comme la cb) ni avoir le sentiment d'être surveillé, traqué..