Elles s’appelaient Suzanne Leclézio et Yvonne Ziegler, et leur vie vaudrait au moins plusieurs saisons d’une série Netflix. En attendant, une plaque au 22, rue Marcadet dans le 18e arrondissement de Paris, inaugurée le 8 mars 2022 pour la journée internationale de lutte pour les droits des femmes, rend désormais hommage à ce couple de femmes que même la Seconde Guerre mondiale n’a pu séparer.
Suzanne Leclézio et Yvonne Ziegler, un coupe de femmes dans la résistance
Leur nom ne vous dit peut-être rien, mais elles ont pourtant profondément lié leur histoire personnelle et politique à celle de la France, comme le raconte le projet Constellations Brisées, du collectif Queer Code.
Depuis 2018, ce projet raconte « les parcours de résistance et de déportation de femmes qui ont aimé des femmes », rapporte leur site. C’était le cas de Suzanne Leclézio (1898-1987) et Yvonne Ziegler (1902-1988), déportées au camp de Ravensbrück, comme a notamment permis de le mettre au jour le travail du chercheur en histoire chercheur en histoire Laurent Thévenet.
La première a passé son enfance à l’île Maurice avant de suivre des études d’infirmière en France à l’âge de 24 ans. Yvonne Ziegler, elle, nait dans l’Hexagone, suit des études d’art, avant de devenir artiste peintre et même de fonder sa propre académie. Au début des années 1930, Suzanne, infirmière faisant alors fonction d’assistante sociale au centre social de la SNCF invite la peintre Yvonne comme bénévole. De là, elles tombent amoureuses et ne se quitteront plus jamais, même face à l’horreur de la guerre.
Durant la Seconde Guerre mondiale, elles s’engagent dans la résistance, Suzanne sous le nom de code de Georgette, et Yvonne de Véronique. Dans leur appartement du 14e arrondissement de Paris, elles hébergent des résistants recherchés, tandis qu’elles animent un centre sanitaire dans le 18e où elles sauvent plusieurs familles juives.
Mais ces sous-lieutenants de la résistance sont dénoncées en juillet 1944 à la Gestapo qui les torture, les emprisonne, puis les déporte dans le dernier convoi de prisonniers politiques le 15 août 1944 au camp de Ravensbrück.
Des héroïnes françaises lesbiennes qu’on n’oserait inventer
Elles parviennent miraculeusement à s’évader lors des marches de la mort avant d’être libérées par l’armée soviétique, revenir vivre à Paris (travailler au 22, rue Marcadet, notamment), et passer une retraite cottagecore dans le Calvados. Entre temps, Suzanne Leclézio a été nommée chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur, décorée de la Croix de guerre et de la médaille de la résistance française. Yvonne a également reçu la Croix de guerre et la médaille de la résistance, comme le rapporte le site de l’association nationale des assistants de service social (Anas.fr).
Pour rendre hommage à leur vie héroïque qui fait partie intégrante de l’histoire française, un petit parc rappelait déjà leur nom à Paris : le square du 21-avril-1944 (en référence à un bombardement d’installations ferroviaires dans le 18e à Paris, qui a fait près de 500 morts, et aurait pu en faire encore plus si Suzanne Leclézio et Yvonne Ziegler n’avaient apporté leurs soins aux blessés). Mais voilà qu’une plaque redouble d’hommage pour ces héroïnes françaises lesbiennes, puisqu’on peut désormais lire au 22, rue Marcadet à Paris :
« Ici ont exercé avec humanité et générosité Suzanne Leclézio (1898-1987) assistance sociale SNCF et Yvonne Ziegler (1902-1988), sa compagne, bénévole, artiste peintre, résistantes, torturées, déportées à Ravensbrück en 1944. »
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Crédit photo de Une : Anas.fr / Direction des affaires culturelles de Paris.
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