Il y a pas mal de trucs que j’aime d’amour dans la vie, dont Robin Wright (que vous connaissez peut-être pour son rôle dans Forrest Gump, Princess Bride ou plus récemment dans celui de l’impitoyable Claire Underwood de House of Cards), les films d’animation « pour adultes » et la science-fiction.
Du coup, ce n’est pas surprenant que Le Congrès, d’Ari Folman, m’ait retourné le coeur et le cerveau.
L’avenir du cinéma sera sans acteurs
Robin Wright joue dans Le Congrès son propre rôle : celui d’une actrice qui a connu un début de gloire, puis a sombré dans l’oubli et se retrouve tiraillée entre sa dignité, son professionnalisme et les propositions de casting se faisant de plus en plus rares. Elle a également deux enfants : une fille de seize ans et un fils plus jeune (il a une douzaine d’années environ) atteint d’une maladie qui cause une dégradation de son audition et de sa vue.
Son agent et sa maison de production, la Miramount, lui proposent de continuer à être actrice… sans jamais sortir de chez elle : le futur du cinéma, ce sont les acteurs numérisés. Après beaucoup d’hésitations, l’héroïne accepte pour obtenir du temps et de l’argent à dédier à son fils. Une prise de vue high-tech plus tard, et Robin Wright se met à vivre en pixels, dans une copie au réalisme époustouflant.
Cette première partie du film est une réflexion sur le cinéma, la place des acteurs et l’avenir du Septième Art en tant que divertissement de masse. De nouveaux films sortent, avec Robin Wright en tête d’affiche, sans qu’elle n’ait jamais posé un pied sur le lieu du tournage… et l’illusion est indétectable.
Allons-nous vers un monde de stars éternelles, immortalisées dans leur jeunesse pour être réutilisées à l’infini
dans une kyrielle de films ? Verra-t-on, en 2050, un DiCaprio de vingt-cinq ans jouer dans le remake de Titanic ?
Le Congrès va plus loin avec sa seconde partie, celle dans laquelle le rêve commence… et prend des airs de cauchemars.
Une petite pilule pour vivre dans un monde d’animation
Vingt ans plus tard, en 2030, Robin mène sa vie loin des caméras, pendant que son double numérique s’affiche sur les écrans de cinéma du monde entier. Elle est invitée au Congrès de Futurologie durant lequel la Miramount Nagasaki, devenue un énorme conglomérat, présente sa nouveauté : une dose de produit chimique qu’il suffit de renifler pour voir soudain le monde et ses habitants en animation.
Coincée après diverses péripéties dans ce monde animé fantasmagorique, dans lequel les gens et les choses changent de formes et de couleurs selon son humeur, Robin Wright va se lancer dans une quête éperdue n’ayant qu’un objectif : retrouver son fils. Elle sera aidée par un inconnu qui est obsédé par elle à force de passer son temps à « créer » des films pour la Robin Wright numérisée.
Des perles de réel dans un monde artificiel
Comment démêler le vrai du faux quand on évolue dans un monde malléable où chacun peut changer d’apparence et de décor comme il le souhaite ? Et d’ailleurs, qu’est-ce qui est « vrai », qu’est-ce qui est « faux » ?
En écho à la numérisation des stars de cinéma, c’est le monde entier qui se numérise via cette petite ampoule à sniffer, et devient une fantasmagorie animée qui finit par supplanter la réalité. Derrière les fleurs vivantes, les nuages crayonnés, les cartoons souriants, sait-on seulement à quoi ressemble encore l’humanité ?
Le Congrès est un film rare, unique, et puissant, qui pose de nombreuses questions en gardant comme toile de fond, comme fil conducteur, l’amour d’une mère pour son fils et sa course éperdue qui la mènera aux frontières de la réalité. Je ne peux que vous le conseiller.
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