Y a-t-il un domaine de la société qui n’est pas touché par les inégalités femmes-hommes ? Avec près de 60% d’étudiantes en école d’art, mais seulement 5% d’œuvres de femmes vendues en galeries et maisons de ventes aux enchères, le monde de l’art ne fait pas exception.
Si historiquement, les femmes ont longtemps été écartées des grands récits d’histoire de l’art, laissant penser, pendant des décennies, que les créatrices n’avaient pas existé, leur intégration au monde de l’art n’est toujours pas aisée. Loin de l’image romancée de l’artiste à l’œuvre dans son atelier, à première vue éloignée des considérations les plus élémentaires de la vie (payer son loyer, faire garder son enfant…), elles sont en réalité confrontées à la difficulté d’une activité indépendante, solitaire et précaire.
« Les artistes plasticiennes subissent une grande précarité »
C’est pour contrer cette réalité que Margaux Derhy, artiste-plasticienne, autrice et également à l’origine de l’initiative « Les Amis des Artistes », qui venait en aide aux artistes pendant le confinement, a lancé Le Cercle de l’Art.
« Les artistes plasticiennes subissent une grande précarité et une grande solitude en France. On doit chercher des solutions au niveau du privé si le public n’avance pas comme on l’espère, car c’est trop frustrant » explique-t-elle.
Aider les femmes artistes à acquérir leur indépendance
Le Cercle est une plateforme réunissant des femmes artistes autour d’outils leur permettant de rentabiliser leur travail, en créant un cercle de collectionneurs. Concrètement, chaque collectionneur devient membre du cercle de l’artiste en lui achetant une œuvre qu’il ou elle règlera en douze échéances mensuelles, permettant ainsi à l’artiste de se constituer un revenu fixe. L’objectif : aider ces femmes à acquérir leur indépendance en contribuant à la stabilité économique du projet (qui repose sur des adhésions qui diffèrent si l’artiste souhaite avoir accès aux outils ou à la communauté ou aux deux).
Fondé en 2020, le Cercle de l’Art a clôturé sa dernière saison en juin dernier, aux côtés de 50 artistes, et avec des résultats plutôt satisfaisants. Six mois après le lancement de la saison, 96% des participantes ont vendu au moins une œuvre, les artistes considérant qu’elles ont vendu 3,3 fois plus d’œuvres que si elles avaient été seules sur la période. « En moyenne, les artistes ont vendu plus de 8 œuvres chacune en un mois (…) pour un salaire moyen d’environ 800 euros par mois avec un maximum de 1800 euros ».
Les candidatures pour Le Cercle de l’Art sont ouvertes
Forte de ces résultats, qui ont permis à de nombreuses femmes d’acquérir une stabilité financière pendant un an, et ainsi de pouvoir créer sereinement, Margaux Derhy a lancé un nouvel appel à candidatures et ouvert la saison à venir à encore plus d’artistes. Elles devraient être au moins 100 à rejoindre Le Cercle de l’Art d’ici à la fin de l’année. Tous les profils sont admis, et tous les dossiers étudiés, qu’il s’agisse de sculpture, de peinture, de photographie ou encore de dessin.
Au programme : des interventions, des cours pratiques, des cours d’histoire de l’art, des rencontres avec des artistes, mais aussi des opportunités de résidences et d’expositions.
Le monde a besoin d’artistes épanouis et sans stabilité financière, c’est plus compliqué.
Margaux Derhy
Pour les artistes qui aimeraient rejoindre Le Cercle, les candidatures sont encore ouvertes jusqu’au dimanche 30 octobre. Toutes les informations sont à retrouver sur le site internet du Cercle de l’Art.
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Visuel de Une : © Julia Genet pour Le Cercle de l’Art. Les artistes présentes sur la photo : Thalia Dalecky, Marina Mankarios, Carine Valette, Josephine Vallé Franceschi, Clémence Vazard, Virginie Rasmont, Nelly Zagury, Solène Kerlo
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