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Société

Le cancer du sein bientôt inscrit au registre des maladies professionnelles ?

Un jugement inédit. En janvier 2023, après deux ans de procédure, une ancienne infirmière de l’hôpital de Sarreguemines a obtenu gain de cause : son cancer du sein a été reconnu comme maladie professionnelle. Une décision qui pourrait faire jurisprudence.

Une victoire pour les salariés. Le rapport d’un médecin expert vient de clore le dossier juridique de Martine, 62 ans, infirmière de nuit fraîchement retraitée, dont le cancer du sein avait été reconnu en janvier dernier comme maladie professionnelle. Les conclusions du spécialiste ne laissent aucune place au doute : « On peut affirmer qu’il existe un lien direct et essentiel entre le cancer du sein dont elle est victime et le travail effectué auparavant ».

Un lien entre travail de nuit et cancer du sein

Au total, ce sont 873 nuits que Martine a passées à l’hôpital avant d’apprendre, en 2009, qu’elle était atteinte d’un cancer du sein. Comme le relatent nos confrères du Parisien, cette triste nouvelle marque alors le début d’un long parcours médical et juridique :

Son dossier de reconnaissance du lien entre maladie et travail, déposé dans un premier temps à l’hôpital de Sarreguemines. Il est ensuite passé entre les mains d’une commission de médecins et de représentants du personnel. Puis sur le bureau d’un médecin expert. Avant d’aboutir, près d’un an plus tard, devant le conseil médical de son employeur.

Le Parisien, 27 mars 2023

Très vite, les conditions de travail sont mises en cause dans le diagnostic médical : le travail posté et les horaires de nuit contribueraient à dérégler l’horloge biologique et perturberait le développement de la mélatonine qui permet de lutter contre le cancer. Un travail d’enquête fouillé vient étayer cet argument :

L’Inserm (Institut national de la recherche et de la santé médicale) fait valoir « l’hypothèse que le travail de nuit augmente le risque de cancer chez les femmes avant la ménopause, particulièrement chez celles avec une haute fréquence et une longue durée d’exposition ». L’INRS (Institut national de la recherche et de sécurité) considère quant à lui que, la nuit, « l’exposition au travail posté est associée à une augmentation statistiquement significative de cancer du sein ». Enfin, le Circ (Centre international de recherche contre le cancer) mentionne que « le travail posté induit la perturbation des rythmes circadiens ».

Le Parisien, 27 mars 2023

À lire aussi : 6 idées reçues sur le cancer du sein qu’il est temps de balayer

Une décision qui pourrait faire jurisprudence

Tout au long de la procédure, l’infirmière a par ailleurs été épaulée par le syndicat CFDT Mineurs de Freyming-Merlebach, qui milite pour la reconnaissance de l’origine professionnelle du cancer et réclame son inscription au registre des maladies professionnelles. Car derrière l’histoire de Martine se cache celles de nombreux autres salariés, dont les métiers ne sont pas, à date, reconnus comme présentant un réel risque pour la santé.

« Ça peut effectivement faire jurisprudence, que ce soit pour les infirmières ou pour les autres corps de métiers, dans toutes sortes d’entreprises » a affirmé Maître Élisabeth Leroux, spécialisée dans la défense des travailleurs de nuit, à nos confrères de BFM. Dans le sillon de Martine, plusieurs dossiers similaires sont apparus à Marseille, Metz ou encore Agen.


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