Pendant longtemps, « L’Histoire de l’art » d’Ernst Gombrich, ouvrage majeur d’histoire de l’art publié pour la première fois en 1950, ne comptait aucune femme artiste. Et pendant longtemps, cela ne choquait personne. Jusqu’à ce qu’enfin, des chercheuses et des militantes se posent la question : où est passée l’histoire de l’art au féminin ? Les femmes n’ont-elles jamais créé ?
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L’histoire de l’art, avant tout l’histoire d’un boys’ club
En réalité, l’histoire de l’art, comme l’histoire de (trop) nombreux domaines de notre société a longtemps été celle de boys’ club : des hommes, critiques, historiens, écrivant exclusivement sur le travail d’autres hommes, artistes, qui étaient aussi souvent leurs amis.
Les artistes femmes étaient bien présentes dans le panorama, mais elles ont mis plusieurs siècles à avoir accès aux écoles d’art, et lorsque cela fut enfin le cas, elles ont longtemps été cantonnées à des arts considérés comme secondaires, à l’instar du tissage. Socialement, l’ouverture des écoles d’arts aux femmes était surtout perçue comme le moyen de leur procurer un passe-temps, le temps qu’elles trouvent un époux et fondent leur famille.
Si c’était peut-être le cas pour certaines, de nombreuses autres ambitionnaient vraiment de devenir des artistes professionnelles. Et lorsqu’elles y parvenaient, la critique masculine tentait vainement de les reléguer au second plan, leur art intéressant moins souvent. Celles qui avaient eu le malheur d’épouser un artiste, devenaient « femme de », comme ce fut le cas de Sonia Delaunay-Terk, pourtant connue bien avant son mariage avec Robert Delaunay.
La représentation des femmes dans l’art, l’apanage des hommes
Mais la façon dont a été écrite l’histoire de l’art pose aussi un autre problème : le regard longtemps porté sur le corps des femmes, leur représentation. Quand on prend le temps de faire le bilan, les œuvres dépeignant des femmes nues sont extrêmement nombreuses dans les musées.
Les Guerrilla Girls, un groupe d’artistes féministes fondé à New York en 1985, questionnait par exemple, sur des affiches géantes : « Do Women Have To Be Naked To Get Into the Met. Museum ?« . Et quand elles ne sont pas nues, elles sont souvent représentées dans des situations de soumissions, de violences, ou bien affublées de rôles attribués arbitrairement : tentatrices, sorcières, hystériques, malades…
En bref, pendant très longtemps, il n’a pas seulement été question d’écarter les femmes de la production artistique, l’art a aussi et surtout été utilisé pour valider des représentations sexistes des femmes dans la société. Le fameux « male gaze » a inondé la production artistique pendant des siècles.
Dans le BookClub de Madmoizelle : « (Ré)-écrire l’histoire de l’art au féminin » ce soir à 19h !
Aujourd’hui, de nombreuses voix s’élèvent et veulent remettre les pendules à l’heure. Que ce soit en promouvant les récits d’artistes oubliées qui ont pourtant eu une importance majeure dans l’histoire de l’art, mais aussi en écrivant une histoire de l’art critique, décoloniale, antisexiste et plus inclusive.
Pour en parler, le BookClub aura la joie d’accueillir Matylda Taszycka, Responsable des Programmes scientifiques de l’association AWARE et Ludivine Gaillard, médiatrice culturelle indépendante, fondatrice de la page Instagram « Mieux vaut art que jamais » et autrice de « Imparfaites, représenter « la femme » dans l’art occidental« .
Dans le BookClub de ce soir, nous parlerons de :
- « Imparfaites. Représenter « la femme » dans l’art occidental : entre fantasmes et domination masculine » de Ludivine Gaillard
- AWARE, une association et un site internet qui met à disposition des ressources sur des milliers de femmes artistes autour du monde
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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