Le Haut Conseil à l’égalité a publié son baromètre annuel sur le sexisme, mené par l’Institut Viavoice auprès d’un échantillon représentatif de la population française constitué de 2500 femmes et hommes.
Nous vous parlions, dans un précédent article, du sexisme qui avait encore une bien belle part en France, ce qui nous donnait un peu trop envie de cramer des trucs. Et côté parentalité, on n’a pas été épargnées, bien au contraire. Pour cette fois, on va se pencher sur un sujet clivant : la prise en charge des rendez-vous santé pour les enfants.
81% des rendez-vous Doctolib pour de jeunes enfants sont pris par des femmes
Rappelez-vous, on vous parlait il y a quelques mois des chiffres effarants publiés par l’application Doctolib, montrant que 86% des rendez-vous pour un proche étaient pris par des femmes, et 81% des rendez-vous pour les jeunes enfants, pour une consultation chez un pédiatre par exemple, étaient pris par leur mère.
Dans le nouveau baromètre du Haut Conseil à l’égalité, on continue de découvrir des chiffres effarants : 21 % des femmes et 26 % des hommes pensent que la présence d’une mère, lors d’un rendez-vous médical, est plus importante que celle d’un père.
La charge mentale de la santé des enfants : une histoire de mères ?
Bonjour la charge mentale, tu ne nous avais pas manquée. Vous souvenez-vous du tollé qu’avait subi l’autrice Titiou Lecoq lorsqu’elle avait confié à L’Obs qu’en refusant d’emmener son enfant qui avait une otite chez le médecin, parce que c’était à son père de s’en occuper et qu’il n’avait pas voulu s’en charger, son fils avait fini avec un tympan perforé ?
Voilà jusqu’où peut aller le manque d’implication des pères dans la prise en charge médicale de leur enfant. Et en plus, dans ces cas-là, c’est sur la mère qu’on tape, hein. Pour certains, Titiou Lecoq aurait dû s’occuper du rendez-vous pour son fils, et la vague de haine qu’elle a subie sur Twitter suite à cette déclaration fut complètement flippante, allant jusqu’à interpeller la préfecture de police pour maltraitance.
Si on peut râler sur ces chiffres déprimants, se dire que décidément, on n’est pas sorties du sable, on peut aussi douloureusement se poser la question du soin en général : combien d’enfants, lorsqu’ils sont malades, ne peuvent compter que sur leur mère pour être soignés ? Combien, en période de vulnérabilité, ne se sentent pas rassurés par leur père quand leur mère n’est pas là ?
Les mentalités changent peu à peu, mais ce n’est pas suffisant. Du côté des médecins et des soignants, le boulot est à faire aussi. Combien de témoignages sexistes avons-nous entendus, où le ou la pédiatre de l’enfant, qui est face aux deux parents, s’adresse uniquement à la mère ? Nous en parlions d’ailleurs dans notre tout premier épisode de notre émission Twitch, l’Apéro des Daronnes, où Marie-Stéphanie Servos racontait que son pédiatre, lors d’une consultation, ne s’adressait même pas à son mari, pourtant présent lui aussi, ne délivrant ses conseils qu’à la mère de l’enfant.
Cette situation n’est pas unique ou marginale, elle est fréquente, et le schéma social est intégré par beaucoup trop de monde. Pour que les mentalités changent, il faut que toute la société change avec elles. Ça va de la place des pères dans la parentalité, à la façon dont les soignants s’adressent à eux, en incluant les co-parents entièrement et pleinement.
Tout le monde aurait à y gagner : les mères, les pères, et surtout les enfants, qui pourront savoir qu’en cas de problème, ils peuvent compter sur leurs deux parents.
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Crédit photo image de une : Getty Images Signature
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