Accueillir un premier enfant est (presque) toujours un passage compliqué pour un couple qui doit trouver un nouvel équilibre, incluant ce petit être susceptible d’aspirer toute l’énergie vitale de ses parents (et une quantité impressionnante de lait au passage).
Entre le manque de sommeil, le manque d’intimité, l’accroissement de la charge mentale, la fatigue et les bouleversements identitaires que provoque la naissance d’un bébé, il n’est pas étonnant que le couple parental traverse une zone de turbulences.
Le baby-clash, une expression popularisée en France par un psychiatre
Qui dit turbulences, dit potentiellement conflits, disputes et « attachez vos ceintures »… au moins jusqu’à ce que le couple retrouve un nouvel équilibre. Il existe même un terme désignant spécifiquement les difficultés conjugales que peuvent traverser les couples après la naissance d’un enfant, a fortiori le premier.
On parle de « baby-clash » (« clash » signifiant choc ou affrontement en anglais), une expression popularisée en France par le psychiatre et thérapeute familial Bernard Generowicz. Celui-ci a d’ailleurs co-écrit un livre sur le sujet avec la journaliste Colette Barroux-Chabanol : Le couple face à l’arrivée de l’enfant : Surmonter le baby-clash.
« 100% des couples traversent des turbulences à la naissance du premier bébé. Par ailleurs, on sait qu’environ 20% des couples se séparent dans les 4-5 premières années de vie commune, et ce, qu’ils soient ou non parents. »
Bernard Generowicz, psychiatre, interviewé par Psychologies magazine
Le baby-clash, une crise traversée par de nombreux couples
Deux tiers des mères françaises interrogées par l’Institut Elabe en 2016 déclaraient en tout cas avoir connu de nombreuses tensions et conflits avec leur partenaire après la naissance de leur premier bébé. 20 % d’entre elles expliquaient même que leur couple avait failli ne pas y résister.
Une autre étude, américaine elle, menée par les Dr Shapiro et Gottman, révélait que 67% des jeunes parents déclaraient une chute significative de leur satisfaction vis-à-vis de leur relation de couple dans leurs trois premières années de parentalité. Le manque de temps de qualité et de moments d’intimité passés à deux pouvant expliquer sans peine ce ressenti.
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Comment surmonter le baby-clash ?
Si chaque couple est différent et doit trouver ses propres solutions pour traverser cette zone de turbulences sans trop de casse, le psychiatre Bernard Generowicz donne quelques pistes pour comprendre le baby-clash et le surmonter dans une interview accordée à Psychologies magazine.
Les couples les plus fragiles sont ceux qui, en quelque sorte, n’étaient pas prévenus des difficultés qui pouvaient les attendre. Ils ont un sentiment très fort de déception, de désillusion, qui est moins grand lorsque l’on a conscience de vivre une turbulence que traversent la plupart des couples.
La fatigue joue aussi beaucoup. Si celle-ci est normale et habituelle, elle peut nous rendre égoïste (on se pense toujours plus fatigué que l’autre) et modifier notre seuil de tolérance aux insatisfactions, aux frustrations.
Bernard Generowicz, psychiatre
En plus de cette anticipation des difficultés, le psychiatre conseille de faire preuve d’empathie et de solidarité au sein du couple (vous êtes une équipe !) et de veiller à se réserver des moments de complicité à deux.
Il est important de réussir à prendre du bon temps ensemble, et cela ne veut pas forcément dire partir huit jours aux Seychelles, ou aller au restaurant. Il suffit parfois de passer une heure ou deux ensemble, quand le bébé dort, à discuter, à prendre soin l’un de l’autre.
Bernard Generowicz, psychiatre
Bref, de retrouver votre partenaire amoureux et pas uniquement votre binôme parental. Et bien sûr, si les conflits sont trop nombreux et la communication difficile, n’hésitez pas à aller consulter un ou une thérapeute professionnelle en couple.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
j'ai suivi de loin les commentaires (qui sont à la fois instructifs et douloureux à lire). Personnellement, je n'aurais jamais eu d'enfant si je n'avais pas eu la certitude que mon mari allait faire un père présent et impliqué. Quelque part, tout en ressentant ce besoin de maternité, j'ai considéré la parentalité comme un truc qui se vivait à deux, donc si le mec ne tenait pas la route, il n'y aurait pas eu d'enfant. Et clairement, rétrospectivement, je n'aurais pas réussi seule.
Mais du coup, je comprends les personnes qui ont un tel besoin de maternité, un désir intense qui est difficile à faire taire.