C’était le 29 Novembre 1974. À 3h40 du matin, l’Assemblée nationale française votait en faveur de la dépénalisation de l’avortement. Avec 284 voix pour et 189 voix contre, les députés rendaient l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) légale. Une date historique pour les droits des Françaises, dont il convient de célébrer chaque anniversaire.
Merci Simone
Trois jours avant le vote des députés, le 26 novembre, Simone Veil déployait ses talents d’oratrice et présentait le projet de loi autorisant l’IVG dans un discours qui a lui aussi marqué l’histoire. La magistrate, alors ministre de la Santé sous le gouvernement de Valery Giscard d’Estaing, avait alors déclaré : « Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les trois cent mille avortements qui, chaque année, mutilent les femmes de ce pays, qui bafouent nos lois et qui humilient ou traumatisent celles qui y ont recours ». Trois jours plus tard, après environ 25 heures de débats, la loi Veil était adoptée.
En France, le droit à l’IVG évolue
Si la loi Veil, promulguée le 17 janvier 1975, autorise alors l’IVG jusqu’à 10 semaines de grossesse, le délai a depuis été repoussé. Depuis février 2022, les Françaises peuvent avoir recours à un avortement jusqu’à 14 semaines de grossesse. Comme une heureuse coïncidence, c’est presque à la même date, le 24 novembre dernier, que l’Assemblée nationale a fait un pas de plus vers les droits des femmes à disposer de leur corps. Avec une majorité encore plus écrasante de voix en faveur de ce projet de loi (337 pour et 32 contre), les députés ont adopté l’inscription du droit à l’IVG dans la Constitution.
Dans le monde, la tendance au recul
À l’heure où d’autres pays font marche arrière sur l’IVG, la France fait partie de ceux qui confortent ce droit.
Aux Etats-Unis, depuis l’annulation du décret Roe Vs Wade, le 24 juin dernier, de plus en plus d’Etats interdisent le droit à l’avortement ou diminuent drastiquement ses conditions d’accès.
En Pologne, depuis 2020 et l’interdiction d’avorter en cas de malformation grave du fœtus, les droits des polonaises à disposer de leur corps sont peu à peu grignotés. Dans d’autres pays encore, si le droit à l’IVG existe, c’est son accès qui fait défaut.
Comme en Turquie, où les hôpitaux publics refusent de le pratiquer, ou en Irlande du Nord, où l’avortement après 10 semaines de grossesse est impossible car il n’existe aucun service d’IVG chirurgicale dans le pays.
Chez nos voisines italiennes et anglaises, ce sont les nouveaux gouvernements en place, et les prises de positions de leurs membres par le passé, qui génèrent l’inquiétude sur ce que le droit à l’IVG pourrait devenir. Autant d’exemples qui poussent à célébrer l’évolution de ce droit chez nous, mais qui rappelle aussi qu’il n’est jamais vraiment acquis.
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