Sorti le 15 avril 2005
Quand j’ai acheté l’album de Lauter, je ne savais pas ce que je faisais. Pour être plus précise, j’en avais bien écouté quelques extraits à la FNAC, mais le titre de l’album et le nom du groupe ne figurant pas sur la pochette, j’aurais été incapable de dire au vendeur ce que je venais de lui acheter. Une fois chez moi, l’album confortablement installé sur mon lecteur, je n’ai pas cherché à en savoir plus. Tout ce que je voulais, c’était déballer le reste de mon cadeau mystère et voir s’il était à la mesure de mes attentes. Ce qui fut le cas.
D’abord, précisons que ceci n’est point une musique de gens pressés. Certains diraient même que c’est une musique de neurasthéniques. Je préfère dire que c’est une musique à déguster comme un petit beurre : une oreille après l’autre et puis miette par miette jusqu’à épuisement de la matière première. Pas en une bouchée de goinfrosaure. Car si on ne prend pas le temps de laisser les titres se dérouler jusqu’au bout, on loupe beaucoup de choses.
Exemple : le premier titre, You don’t have to, qui ressemble à l’un de ces rêves imprévisibles. Tu flottes dans une béatitude cotoneuse quand, vers la fin du voyage, ça s’agite sans crier gare. Enfin ‘s’agiter »… J’ai prévenu, hein : ici, on n’est pas chez Rammstein. Même lorsque le rythme se fait plus rapide, comme dans Clear Off ou Queen of the Hut, on reste loin du rugissement.
Si je voulais persister dans mes comparaisons molles du genou, je te demanderais, pour te décrire l’ambiance de l’album, de procéder à l’expérience suivante : place-toi dans un endroit un peu frais (si tu me lis en automne-hiver, ouvre ta fenêtre et si tu me lis en été… Ouvre le frigo), aspire l’air ambiant puis expire-le. L’album, ce serait le résultat : un léger nuage de buée, produit du contraste entre la chaleur du dedans et le froid du dehors.
Pour que le tableau soit complet, disons que A walk would take my mind off things est un album automne/hiver, dans l’ensemble assez sombre. Pas sombre comme le vernis de Marilyn Manson, mais plutôt comme ces dimanches soirs où tu n’as plus qu’à attendre le lundi. Ou comme ces matins un peu gris où tu hésites encore entre te sentir bien sous ta couette et basculer dans la mélancolie.
Personnellement, j’apprécie les ambiances qui, sous couvert de douceur, mettent légèrement mal à l’aise, et j’aime l’utilisation d’ ingrédients incongrus (ici, une pincée de banjo de temps à autres, voire un peu de scie musicale). Par conséquent, l’album de Lauter m’a accrochée. J’avoue avoir pensé sur quelques titres, »tiens, j’ai déjà entendu ça quelque part », pourtant très souvent, on sent émerger un toucher à part, capable de produire des bijoux délicats comme A walk will take my ming off things ou Airplane, aussi bien que des ritournelles sautillantes comme Bewitched. Bref, je ne regrette point mon acquisition. Bon ben… Reste à les voir en concert, ces deux-là.
J’allais oublier…
– L’album est en vente dans quelques Fnacs, mais aussi sur ce site, où deux titres (Queen of the Hut et Bewitched) sont intégralement en écoute.
– Lauter est un duo français composé de deux strasbourgeois, Fabrice Kieffer et Boris Kohlmayer.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
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