Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant… et féministe, par certains aspects ! Dans Règlement de comptes, des personnes en tout genre épluchent leur budget, nous parlent de leur organisation financière en couple ou en solo, et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Laura qui a accepté de décortiquer ses comptes pour nous.
- Prénom : Laura
- Âge : 30 ans
- Profession : Cheffe de marché dans l’industrie
- Salaire net avant prélèvement à la source : 3 550 €
- Salaire net après prélèvement à la source : 3 120 €
- Salaire de son conjoint : 2 250 € net après impôt
- Personnes (ou animaux) vivant sous le même toit : son conjoint et leur chat
- Lieu de vie : en périphérie de Lyon (Rhône)
La situation et les revenus de Laura
Laura, 30 ans, est salariée en CDI dans un grand groupe industriel international. Elle y exerce le poste de cheffe de marché.
« Je suis ingénieure et mon métier consiste à établir la stratégie de mise en marché des produits et au suivi de projets. »
Mariée et sans enfant, elle vit avec son conjoint dans un appartement T3 neuf de 65 m2 qui se situe en périphérie immédiate de Lyon.
« Nous sommes propriétaires de notre appartement depuis 2020. Vivre dans du neuf nous permet de consommer peu d’énergie. »
Pour son job dans l’industrie, Laura perçoit un bon salaire : 3 550 € net, ramenés à 3 120 € mensuels une fois le prélèvement à la source effectué. À ce revenu s’ajoute environ 900 € net de prime versés une fois par an (variable en fonction des objectifs) et 20 000 € de bonus annuel brut, qui correspondent à la participation et l’intéressement selon les résultats du groupe.
De son côté, le mari de Laura perçoit un salaire de 2 500 € par mois après prélèvement à la source, 7 000 € net de prime annuelle et 2 000 € brut de participation et d’intéressement.
Ces sources de revenus leur permettent de vivre très confortablement, reconnaît la jeune femme.
« Oui, je m’estime bien payée, le secteur d’activité dans lequel j’exerce est assez rémunérateur. Je n’ai pas à me questionner sur les fins de mois et je peux avoir des activités sympas, donc je pense être dans la catégorie riche. Mon salaire me permet aussi une épargne conséquente. »
Néanmoins, tempère-t-elle, ce salaire est à la hauteur de son investissement, « notamment en nombres d’heures réalisées, en charge mentale et par rapport aux déplacements et aux responsabilités. Il me permet de mettre de l’argent de côté pour des projets mais je n’aspire pas à garder ce rythme toute ma carrière ».
Le rapport à l’argent de Laura et son organisation financière
Laura a grandi dans une famille issue de « la classe moyenne aisée ».
« Enfant, je n’ai manqué de rien, on partait en vacances et on faisait des activités. Mes parents nous ont inculqué le fait d’économiser avant d’acheter, ne pas être à découvert, gérer son budget et faire ses comptes, acheter de qualité, réparer et ne pas remplacer quelque chose qui fonctionne. »
Aujourd’hui, elle met toujours en pratique ces bonnes habitudes financière et confie même avoir un « rapport assez prudent à l’argent ».
« Je suis stressée dès que je suis en dessous de 1 000 € sur mon compte ou bien le compte joint. Je réfléchis longtemps avant de faire une grosse dépense et je préfère acheter de la qualité pour garder longtemps, et même français si je peux. Je regarde l’appli de ma banque quasiment tous les jours, pour vérifier que les paiements sont bien passés et qu’il n’y a pas d’opérations bizarres. Mon conjoint a été débité 2 fois sur un achat il y a quelque temps donc je vérifie. J’ai très rarement des craquages et je n’ai jamais été à découvert. »
Côté organisation financière quotidienne, Laura et son mari disposent chacun d’un compte courant individuel, sur lequel ils perçoivent leurs salaires respectifs. Ils versent ensuite 40 % de leur salaire (hors prime variable et bonus) sur un compte joint.
« Le compte joint permet de payer toutes nos dépenses communes : le prêt, les assurances, les courses, les sorties communes, les abonnements, les charges diverses…
Ce qu’il reste sur notre compte individuel, chacun l’utilise selon son choix. Nous faisions 50/50 au début de nos carrières mais j’ai depuis changé de poste et mon salaire a augmenté. Nous sommes donc passé sur ce mode plus proportionnel. »
En fonction du montant de sa prime annuelle, il arrive aussi à Laura de prendre en charge certaines dépenses, comme la réservation du logement pour les vacances.
Les dépenses de Laura
Le premier poste dépenses pour Laura et son mari est, comme pour beaucoup de Français, le logement : ils remboursent chaque mois 1 400 € d’emprunt immobilier, et s’acquittent aussi de 120 € de charges de copropriété.
Parmi les autres dépenses fixes du couple, on retrouve le gaz et l’électricité (86 € par mois), 130 € pour diverses assurances (prêt, habitation, garantie accidents de la vie, protection juridique), 106 € d’abonnements téléphoniques, internet, Disney+ et Spotify et 18 € de frais bancaires.
Parce qu’ils sont propriétaires, Laura et son époux doivent aussi payer chaque mois 100 € de taxe foncière.
Le couple a aussi recours à une aide ménagère qui, après déduction fiscale, leur revient à 50 € par mois.
Achat mais aussi assurance, entretien, carburant, péages… Rouler en voiture coûte cher. D’où le choix de Laura et de son mari de s’en passer. Au quotidien, la jeune femme se déplace en vélo. « J’essaie au maximum de limiter mon empreinte carbone », explique Laura, tandis que son conjoint dispose d’une voiture de fonction pour laquelle il n’a aucun frais. Lissés sur l’année, se déplacer lui revient à 30 € par mois, essentiellement en frais d’entretien de son vélo.
Privilégier les produits bio, de saison et en circuit court
Laura estime le budget nourriture pour elle et son mari à 275 € par mois. Elle le répartit dans trois enseignes distinctes :
« Le premier et le plus important, c’est un magasin de producteurs, ils sont nombreux et cela permet d’avoir accès à des produits locaux de qualité, de saison, sans emballages et de rémunérer correctement les producteurs. Les prix des produits sont corrects (produits non transformés abordables, produits transformés assez onéreux). Pour les produits qui n’y sont pas disponibles (tofu, seitan, céréales en vrac, oléagineux…), je vais à La Vie Claire et je complète une fois par mois avec un drive pour les produits que je ne trouve pas. »
Un budget maîtrisé, donc, auquel il faut ajouter 30 € par mois de restaurant d’entreprise. Par ailleurs, le couple dépense 25 € par mois (en frais vétérinaires et en alimentation) pour leur chat.
De manière générale, Laura veille à consommer de la manière la plus raisonnée et écologique possible : pas de dépenses superflues ou à l’impact environnemental important. Outre son attention à acheter des produits alimentaires en circuit court et bio, la trentenaire prend aussi garde à sa consommation vestimentaire. Pour rappel, l’industrie textile est responsable de 10 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, ce qui en fait le cinquième secteur de consommation le plus polluant.
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Pour se vêtir, Laura s’en tient donc à son petit budget : 35 € en moyenne par mois (lissé sur l’année), uniquement en made in France ou en seconde main. Quant aux dépenses dites « féminines », elles représentent un budget « vraiment minuscule » de 5 € par mois environ.
« J’ai acheté des culottes menstruelles et des serviettes en tissus il y a quelques années. L’investissement devait être de 150 € (mais en plusieurs fois). Je me maquille très très peu. Si j’achète quelque chose, il passe dans le budget course, donc est payé en commun. Je n’ai pas de contraception en ce moment et avant cela, j’ai eu une pilule remboursée par la Sécurité sociale. »
« En évitant l’avion, il y a plein de destinations incroyables à portée de TGV »
Dans cette même démarche de ne pas surconsommer, les loisirs de Laura sont avant tout axés sur le sport et les sorties. Ils représentent néanmoins un budget important : en moyenne 700 € mensuels.
« Il s’agit surtout de soirées, d’apéros avec les copains, de déjeuners en famille. C’est vraiment important pour nous, donc il n’y a pas vraiment de budget dédié, si ce n’est le repas et les boissons. Sinon on va régulièrement au théâtre, au cinéma et à des concerts. Et on fait aussi des escapes games, des ateliers avec des artisans, des jeux vidéo et des voyages. En évitant l’avion, il y a plein de destinations incroyables à portée de TGV). »
Côté activité physique, outre le vélo, Laura pratique le yoga 2 heures par semaine, ce qui lui revient à 250 € par an.
« Le vélo me permet de faire un sas sportif, sur mes trajets boulots notamment, et le yoga est aussi un travail de fond, qui m’aide dans la gestion du stress, m’apporte le calme mental et m’aide à travailler un peu la souplesse, l’équilibre et la respiration. C’est vraiment une parenthèse détente. »
Autre dépense de loisirs importante pour Laura et son mari : les restaurants. Ils y consacrent un budget moyen de 150 € par mois, et n’hésitent pas parfois à se faire plaisir !
« Notre dernière folie, c’est un restaurant incroyable d’un grand chef étoilé pour mon anniversaire. »
L’épargne et les projets d’avenir de Laura
Grâce à son salaire, ses primes et son bonus, Laura reconnaît pouvoir mettre beaucoup d’argent de côté.
« J’épargne ma prime 10 000 € net après impôt par an (sur un PEL), mon bonus 20 000 € brut par an (sur un plan épargne entreprise) et 1 100 € sur mon salaire mensuel. Mais la prime et le bonus sont très variables, cela représente 10 + 20 cette année, mais ça pourrait être la moitié ou le quart l’année prochaine. Sur une année glissante cela représente 43 000 € d’épargne par an, soit 3 600 €/mois. »
Le couple, qui projette à terme d’avoir des enfants, aimerait, grâce à cette épargne, construire une maison passive (la notion d’habitat passif ou de construction passive désigne un bâtiment dont la consommation énergétique au mètre carré est très basse, voire nulle ou positive), un petit peu plus loin de Lyon qu’actuellement.
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Les Commentaires
J'avoue que je n'aime pas la formulation "être payé•e moins que le SMIC" lorsque le salaire horaire n'est pas inférieur au SMIC parce que pour moi, ça sous-entend une violation de ce minimum alors qu'il est respecté et qu'il me semble important de garder les mots pour décrire les situations où il ne l'est pas.
En revanche, je pourrais dire qu'une personne perçoit/vit avec moins que le SMIC car quand on est sur la dimension de "la somme avec laquelle un individu vit" (et pas celle de la rémunération par l'entreprise) alors oui, par défaut, c'est un SMIC mensuel correspondant à un taux plein qui est utilisé collectivement.
Pour le coup, c'est une expression que j'utilise pour exprimer que je ne vais pas dépenser dans tel article l'équivalent de la rémunération pour un mois de travail des personnes les moins bien rémunérées alors qu'elles travaillent à taux plein. Et dans cet usage-là, il me semble qu'il s'agit plus d'un ordre de grandeur que d'une référence précise au montant du SMIC (d'ailleurs, par déformation professionnelle, je connais le montant horaire brut du SMIC....mais pas la valeur précise du salaire mensuel net pour un taux plein). Mais je trouve que c'est une valeur-repère importante à avoir.