« Un acte d’inadvertance » selon le sénateur Joël Guerriau. Mis en examen après avoir été accusé d’avoir, au cours d’une soirée, versé un sachet d’ecstasy dans le verre la députée Sandrine Josso en vue de l’agresser sexuellement, le sénateur a été auditionné ce mardi 21 novembre. Une audition curieuse comme le révèle Mediapart, qui a eu accès aux procès-verbaux.
Pour Joël Guerriau, la présence d’ecstasy chez lui s’explique par la mort de son chat
Pour commencer, le sénateur a d’abord déclaré ne pas connaître les « conséquences de ce genre de produit », ni ne pas connaître la « nature » de la poudre retrouvée dans sa cuisine lors de la perquisition des policiers. Il assure que ce sachet d’ecstasy lui a été donné par un autre sénateur. Ce qu’il a accepté car, à cause des élections sénatoriales, Joël Guerriau vivait « des moments difficiles psychologiquement, très lourds ».
Finalement il dit ne pas avoir consommé ce sachet, mais l’a finalement ressorti mi-novembre à cause de plusieurs soucis personnels : il avait « peur » de se retrouver seul à Paris après sa réélection au Sénat, son chat, prénommé « Papichat » est décédé, et l’un de ses amis est atteint d’un cancer.
Le sénateur plaide l’erreur d’attribution des verres
Ces trois raisons l’auraient conduit, selon lui, à verser le sachet de poudre blanche dans une coupe de champagne, qu’il n’a pas bu, expliquant ne « pas boire d’alcool tout seul ». Selon Joël Guerriau,« il est possible » que ce soit ce verre qu’il a ensuite tendu à Sandrine Josso. « Je voulais le prendre moi. Ça c’est sûr. Je ne l’ai pas fait avant qu’elle vienne, c’est sûr. En voyant les verres, après je me suis dit : ‘Putain, c’est lequel ?’ »
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Une histoire à laquelle le commissaire en charge de l’audition a du mal à croire : « Si je résume, vous ne buvez pas d’alcool tout seul. Vous avez un produit dont vous ne connaissez pas la nature que vous mettez dans une coupe destinée à recevoir de l’alcool. Vous ne vous rappelez plus quand. Vous ne le consommez pas et le remettez sans raison dans le placard. Lorsque vous ressortez les verres le lendemain, vous ne vous rappelez pas du tout votre idée de la veille », a retracé la commissaire. « Vous ne pensez pas que cela est incohérent ? »
Guerriau a poursuivi : « Le taxi est arrivé trois minutes après, je lui ai rendu sa veste, elle a pris son sac, on est descendus. Elle est montée dans le taxi, tout allait bien », a-t-il raconté. Ce que dément le chauffeur. Interrogé par les enquêteurs, il affirme que « l’état de la femme était symptomatique de quelqu’un qui était drogué ». « Inquiet pour elle », il a proposé à Sandrine Josso d’appeler les pompiers, et lui a laissé son numéro de téléphone pour « un éventuel témoignage ». Sandrine Josso elle-même, lorsqu’elle a témoigné sur le plateau de C à Vous, a déclaré avoir été prise de « palpitations » et de « sueurs ».
Mis en examen et placé sous contrôle judiciaire vendredi 17 novembre, Joël Guerriau a été suspendu de son parti de droite Horizons, ainsi que de son groupe parlementaire. Celui-ci l’a obligé de « se mettre en retrait » de ses activités de sénateur.
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Les Commentaires
Si la même chose était arrivée à un élu républicain, il aurait simplement nié les faits et rien ne se serait passé, son image publique aurait peut-être été légèrement écornée (et encore), mais en tous cas il n'aurait pas été inquiété le moins du monde par la justice. D'ailleurs c'est seulement suite à la déclaration d'Adrien Quatennens dans laquelle il reconnaissait avoir donné une giffle, que le parquet a décidé d'entamer des poursuites.
Je pense que les seuls cas de figure où on a intérêt à reconnaitre sa culpabilité sont ceux où on peut s'attirer l'indulgence des magistrats, en jouant sur le fait qu'on ne se rendait pas compte des conséquences de nos actes, qu'on était jeune, qu'on a changé etc, mais je ne pense pas que Guerriau appartienne à ce profil d'accusés, c'est un sénateur de 66 ans, il savait ce qu'il faisait.
Et puis je pense aussi qu'il pourra se payer une défense suffisament compétente pour faire valoir que ce n'est pas parce qu'il a menti sur son intention de droguer la députée, que cela prouve qu'il avait ensuite l'intention de la violer, et que faute de preuve ... on ne peut pas le condamner pour ça.