Fort du succès rencontré tant au Festival de Cannes qu’auprès du public avec son film Elephant, très bon on peut le dire, Gus Van Sant était entouré, à la sortie de Last Days, d’une sorte d’aura comme si le fait qu’il fasse un film était inévitablement synonyme du fait que celui-ci serait réussi. Or, tout d’abord, on peut remarquer qu’avant Elephant et son frère Gerry, les films du monsieur n’étaient pas forcément du même niveau, et n’avaient absolument pas ce petit truc qui, semble-t-il, l’a fait dériver bien loin. A la rencontre de Forrester et Will Hunting par exemple, voilà deux réalisations de Gus Van Sant qui datent respectivement de 2000 et 1997 et qui sont plutôt à ranger du côté de films pas franchement captivants, parfois à la limite de la niaiserie.
Toujours est-il qu’avec Gerry et Elephant (2002 et 2003), il a donné dans un genre tout à fait nouveau, du moins pour lui. Filmer le quotidien, des scènes et des conversations d’une banalité incroyable tant on la voit peu au cinéma. Gerry, d’abord, deux hommes perdus dans le désert, à peine quelques mots échangés, de longues minutes de marche silencieuse. Et le spectateur ? Il ne s’ennuie pas forcément, parce qu’il y a là-dedans un intérêt. Ce n’est pas pour rien qu’ils ne se disent pas grand chose ou des futilités ; et il y a surtout les rapports qu’ils ont entre eux, qui mènent véritablement quelque part. De même, Elephant montre le quotidien d’un lycée tel que les choses s’y passent réellement, sans qu’on ne croise de choses extravagantes à chaque détour de couloir. Et tout ça pour montrer, justement, que la tuerie dont s’est inspiré Gus Van Sant n’a pas surgi de nulle part.
Deux films réussis, donc, où parfaitement bien le réalisateur a su à filmer l’ennui, la banalité du quotidien, sans que le spectateur ne regarde sa montre toutes les deux minutes. Et avec cette nouvelle image qu’on se faisait de ses films, il semble presque qu’il ait voulu continuer comme ça, à faire des films qui sous prétexte de silence seraient terriblement subtils et profonds.
Parti avec un sujet dont on aurait pu faire moult choses, le suicide de Kurt Cobain, Gus Van Sant a réalisé Last Days ; et finalement pas grand chose, voire rien du tout. Il semble presque que dans ce film, le réalisateur ait voulu continuer dans la lignée des deux précédents sans pouvoir s’arrêter, rien que pour se donner une image différente. Mais, sérieusement, quel était le sens de Last Days, son intérêt, ce qu’il pouvait apporter de plus que nous apprendre qu’avant de se suicider, Kurt Cobain n’allait pas très bien ?
Last Days paraît tout à fait vide de sens. On veut nous montrer l’ennui, le désespoir du musicien à deux doigts de se tuer. Or on ne ressent à aucun moment la moindre chose – mis à part l’ennui, c’est sûr, mais le notre – susceptible de montrer que non, on n’est pas là pour rien. Gus Van Sant veut montrer le rien à coup de plans fixes interminables sur un buisson ou une fenêtre. Et puis ?
Last Days, finalement, est un film complètement plat. Le suicide de Kurt Cobain, ou du moins les quelques jours qui l’ont précédé, voilà un sujet intéressant, qui aurait pu être traité de tout un tas de façons différentes, susceptibles de susciter de l’émotion ou tout simplement de mener quelque part. Ici, il n’y a rien. Tout le monde connaît évidemment la fin en arrivant mais ça n’a vraiment pas d’importance parce qu’il n’y a pas d’histoire, pas le moindre élément en plus ou qui se démarquerait un tant soit peu de cet amas d’images insignifiantes. Gus Vant Sant ne montre rien du tout, Last Days ne mène nulle part. On aurait connu la fin, aussi, si le film avait été autre. Mais aller voir Last Days, ce n’était pas pour rien, pas pour voir une loque se faire cuire des pâtes. Juste pour, comme il l’avait réussi avec Elephant, constater, simplement imaginer ce qui a pu se passer avant (avant le suicide, avant la tuerie de Columbine). Sans chercher à l’expliquer, certes, mais pas non plus pour rien. Elephant a une portée, montre la banalité d’une journée au lycée telle qu’on l’a peu vue, mène quelque part en tant qu’il ouvre des perspectives quant au massacre réel. Et avec Last Days ? Rien.
L’intérêt, donc, est nul. La beauté, même, est vraiment relative. Certes la scène qui se déroule sur « Venus in Furs », du Velvet Underground, est belle. Oui, mais est-ce qu’on est venu regarder un clip, est-ce qu’on va quelque part avec ça ? Last Days aurait été un court métrage de quelques minutes qu’il n’aurait certainement pas eu plus d’intérêt. Mais, au moins, on aurait moins perdu notre temps.
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Les Commentaires
C'est bien vrai que ce film est nul!
Je l"'avais téléchargé, et bin après 1/2h j'en pouvais vraiment plus quoi!Je le verrais jamais en entier ce film