Si vous ne connaissez pas encore l’humoriste et comédienne Tahnee, voici une façon fabuleuse et engagée de la découvrir, ainsi que plein d’autres humoristes talentueux·ses. En effet, l’association de lutte contre le VIH/sida, AIDES, organise son propre spectacle de stand-up le 20 juin au théâtre des Variétés à Paris. Baptisée #fetelamour, il sera animé par les drag queens Rose et Punani (au casting de Drag Race France saison 2, soit dit en passant), et réunira Kyan Khojandi, Tristan Lopin, Marine Baousson, Lou Trotignon, Jérémy Lorca, Nordine Ganso et Laura Domenge. Mais aussi Tahnee, si fière d’être lesbienne, queer et afroféministe, que Madmoizelle a voulu lui poser quelques questions pour mieux comprendre et affirmer comment humour et engagement peuvent aller de paire. Alors que 7 Français·es sur 10 ignorent encore que les personnes séropositives sous traitement ne peuvent pas transmettre le VIH, par exemple, le rire peut probablement aider à s’informer et inspirer pour mieux lutter.
Interview de l’humoriste Tahnee autour de #fetelamour, le spectacle de stand-up de l’association AIDES
Madmoizelle. Pourquoi est-ce important pour vous de participer à un show comme #fetelamour ?
Tahnee. C’est important pour moi de participer à un show comme #fetelamour car je crois que c’est le premier show de stand-up dédié à la lutte contre le sida ; et j’aime beaucoup allier mon art, mon humour à l’engagement. Je suis sensible à la cause car la lutte contre le VIH est encore loin d’être terminée aujourd’hui, je pense qu’il faut continuer à sensibiliser, à communiquer autour de ce sujet. Je suis heureuse de le faire avec AIDES car c’est une association qui a l’air d’être particulièrement présente auprès des publics les plus vulnérables (migrant·e·s, travailleur·ses du sexe, etc.).
Ça me plait aussi de participer dans une forme de solidarité au sein de la communauté LGBTQI+. Les lesbiennes ont toujours été très présentes dans la lutte contre le sida, notamment au plus fort de l’épidémie du virus, elles étaient aux chevets de leurs potes gays, portaient leurs revendications, étaient sur le front dans le combat avec les institutions.
À une heure où les attaques contre la communauté LGBTQI+ regagnent en vigueur, il me semble important de maintenir cette solidarité très forte entre nous et de retrouver du collectif dans nos luttes.
En quoi savoir qu’on joue devant une salle de personnes faisant partie de la communauté LGBT+ et de personnes alliées change peut-être la façon dont on se sent sur scène, et les blagues que l’on peut y faire ? Et qu’est-ce que cela change peut-être pour l’audience aussi, de se savoir entre pairs ?
Quand je sais que je vais jouer devant une salle de personnes faisant majoritairement partie de la communauté LGBT+, en général, je suis contente ! Je sais que je vais pouvoir faire toutes mes blagues de lesbiennes (rires) ! sans que des personnes hétéros viennent me dire que je fais de l’humour très thématique ! Plus sérieusement, en général ça me met plus en confiance et j’ai l’impression que je vais davantage m’amuser, car j’aime faire des blagues sur notre communauté, qu’on reprenne le pouvoir collectivement sur nos récits tout en rigolant. C’est ce que j’ai l’habitude de faire dans mon spectacle (tous les vendredis et samedis soir à La Nouvelle Seine !)
Je pense réellement qu’il y a un humour lesbien, un humour queer, et ça fait plaisir de pouvoir en jouer lors de ces espaces et ces moments !
En quoi l’humour (et l’humour communautaire a fortiori) peut-il être un outil de lutte efficace, fédérateur et ressourçant pour des luttes politiques, comme celle contre le VIH/sida selon vous ?
Je pense que l’humour est un outil efficace pour faire passer des messages en douceur, ou avec joie ! Ça permet aussi de prendre du recul sur des événements ou des situations, ou de prendre parfois sa revanche sur des épisodes douloureux de sa vie ; en ce sens c’est un très bon outil de lutte aussi.
Je dirai que c’est les 2 grands axes qui m’intéressent oui, donner un peu de joie et de légèreté à un public, une communauté qui est souvent dans la colère ou la tristesse, montrer que nous avons aussi le droit à des moments lumineux et des fous rires, c’est important pour moi de le défendre et de créer ce genre de moments.
Je n’aime plus trop utiliser le terme de « humour communautaire », je préfère dire « humour lesbien », « humour queer », je trouve ça plus précis et je veux justement laisser à penser que tout le monde peut rire avec nous en vérité. On m’a beaucoup qualifiée d’ « humoriste communautaire » et dit que mes blagues n’étaient pas « universelles » alors que pour moi elles le sont, c’est juste certains publics qui ne veulent pas écouter. Moi, je veux parler à tout le monde. Si tu ne veux pas entendre parler des sujets LGBT+, c’est ton problème, darling !
Car justement, donner à voir nos vécus, les discriminations auxquelles nous pouvons faire face, c’est essentiel et important pour avancer, et l’humour est un très bon vecteur. Je pense que ça marche également avec la lutte contre le sida, on peut parvenir à sensibiliser et à communiquer avec humour, certaines personnes seront plus réceptives comme cela !
Prendre sa place pour le #fetelamour au profit de la lutte contre le sida
Le spectacle de stand-up #fetelamour, aura lieu le mardi 20 juin, à 20h, au théâtre des Variétés à Paris.
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