« Ça ramène de l’attention pour montrer aussi qu’à l’autre bout du monde, on pense à toutes ces femmes et tous ces gens qui se battent sur place », a déclaré JR. L’artiste, expert du collage photographique à la renommée mondiale, a présenté sa nouvelle œuvre à New York, dimanche 4 décembre. Selon l’AFP, le Français a choisi de présenter le visage de profil de Nika Shakarami, une adolescente de 16 ans tuée lors des manifestations contre le régime iranien. Elle est l’une des près de 300 personnes décédées depuis le début des protestations, le 16 septembre, déclenchées par la mort de Mahsa Amini, cette Kurde iranienne de 22 ans arrêtée trois jours avant son décès, par la police des mœurs, pour avoir enfreint le code vestimentaire de la République islamique imposant notamment aux femmes de porter le voile en public.
Des centaines de volontaires pour représenter la chevelure de Nika Shakarami
La photo choisie par Jean René, le nom complet de l’artiste, a été transmise par l’une des tantes de la victime. Le cliché serait l’un des derniers publiés sur les réseaux sociaux par l’adolescente. Pour compléter le collage du visage et former les cheveux de la jeune fille, JR a fait appel à plus d’une centaine de volontaires. Placés aux abords du collage, ils donnent l’impression d’une chevelure portée par le vent, libérée de ce voile que les Iraniennes exigent de pouvoir porter à leur guise. « En tant qu’artiste, on se demande souvent comment on peut aider des causes qui sont aussi justes et qui, quelque part, concernent beaucoup de gens dans le monde, beaucoup de femmes dans le monde, surtout en ce moment et en Iran », a expliqué l’artiste.
Une œuvre à l’attention des Nations Unies
Selon France Info, la performance fait partie de la campagne « Des yeux sur l’Iran », organisée par des femmes iraniennes membres d’organisations de défense des droits de l’homme telles que la coalition mondiale Femmes, vie, liberté, du nom du slogan scandée par les manifestants en Iran. Leur objectif est d’obtenir de l’Organisation des Nations Unies le retrait de l’Iran de la commission de l’ONU sur les conditions de la femme, dont le vote est prévu le 14 décembre. À ce titre, l’œuvre de JR a été exposée au parc des Quatre Libertés, sur Roosevelt Island, une île située en face du siège des Nations Unies. Le même jour, les autorités iraniennes ont annoncé l’abolition de la police des mœurs. Une annonce qui ne convainc pas les Iraniennes, et qui, même si elle s’avérait effective, ne suffirait pas à faire d’elles des femmes libres, une grande partie de leur asservissement se déroulant dans le huis clos des familles.
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