Depuis les années 1990, Banksy peint au pochoir dans les rues du monde des illustrations mêlant poésie et politique pour exprimer des messages souvent anticapitalistes. Il aurait donc été plutôt surprenant que ce street-artiste anonyme accepte une collab’ avec une marque de mode comme Guess. C’est pourtant ce qu’a tenté de faire croire l’enseigne d’origine californienne dans une de ses boutiques de Londres.
Banksy appelle à dévaliser Guess qui reprend son œuvre sans son autorisation
Dans la célèbre rue commerçante qu’est Regent Street, s’affichaient en vitrine des vêtements floqués d’illustration inspirées de Banksy. En fond, on pouvait également voir une copie du Lanceur de fleur du street-artiste. La marque présentait la collection comme une collab’ entre Guess x Brandalised with graffiti by Banksy. Brandalised est une entreprise de licence qui s’occupe justement de créer des produits dérivés à partir de graffiti, « par les fans, pour les fans » comme elle le stipule sur son site.
Or l’artiste Banksy lui-même ne l’entend pas de cette manière, puisqu’il a posté le 18 novembre 2022 sur son compte Instagram suivi par plus de 11 millions de personnes :
« Attention à tous les voleurs à l’étalage. Merci d’aller à la boutique Guess de Regent Street. Puisqu’ils se sont servis de mes créations sans demander, comment pourrait-il être injuste que vous en fassiez de même avec leurs vêtements ? »
La défense bancale de Brandalised qui détourne de vieux propos de Banksy
Si Guess n’a pas publiquement réagi, Brandalised a posté sur Instagram de vieilles citations de Banksy comme s’il s’agissait de bénédictions à exploiter son travail commercialement sans lui en demander la permission :
« Le truc, c’est que j’étais un contrebandier pendant trois ans, donc je n’ai plus vraiment de principe. — Banksy.
N’importe quel
le pubgraffiti dans l’espace public que vous êtes obligé de voir vous appartient. Vous pouvez le prendre, le ré-arranger et le ré-utiliser. Demander la permission reviendrait à demander à pouvoir garder un caillou qu’on vous a jeté au visage. — Banksy. »
Mais cette comparaison de Banksy concernait la publicité imposée dans l’espace public, et non un graffiti, d’une part. D’autre part, il ne parlait pas non plus d’une appropriation, d’un détournement et d’un réemploi à des fins commerciales. Alors, voir aujourd’hui Brandalised sortir de son contexte cette vieille citation pour tenter de faire croire qu’elle pourrait servir de caution à leur collaboration avec Guess sonne particulièrement ironique, et complètement à contre-sens de l’œuvre anticapitaliste de Banksy. Un peu comme lorsque Shein sort une collection capsule à l’effigie de Frida Kahlo par exemple. En effet, il semble de plus en plus à la mode de détourner entièrement les valeurs d’un artiste pour tenter d’apporter un supplément d’âme à des vêtements qui en sont complètement dépourvus…
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Crédit photo de Une : Capture d’écran Instagram de Banksy.
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Les Commentaires
Toujours est il que du coup, c'était pas très malin comme declaration
Je suis presque étonnée que ce soit pas arriver avant en fait. Étant donné qu'il veut garder son anonymat, ses œuvres ne sont pas protégées par les droits d'auteurs... C'est la porte ouverte pour qui veut se faire de l'argent sur son dos.
C'est quand même dommage