Alors, larve victime de la société de conso-perfection, on n’aime pas son corps ? On le voudrait galbé comme une tête d’obus au lieu de l’accepter comme il est ? Oui mais voilà : c’est pas toujours facile, d’avoir la fesse conquérante et le jambonneau fuselé. Ca suppose de freiner sur le Nutella et/ou de se trouver un sport autre que l’ouverture de frigo.
Personnellement, forte d’une documentation digne d’un chercheur en astro-physique (Elle), je sais depuis l’âge de 12 ans que la natation reste le meilleur moyen de combattre le suif sans y laisser des plumes. Le problème, c’est que je nage comme un mammouth. Pire : je nage comme ta grand-mère. Sur le dos. Un style qui a l’inconvénient d’être a) ridicule et b) dangereux (tu as dû au moins une fois dans ta vie entrer en collision avec un objet flottant non identifié ? C’était moi). Résultat : pendant que les autres enchaînent les brasses, je passe souvent ma session piscine accrochée au bord à feindre des mouvements de gym, histoire de pas trop culpabiliser.
Pour aller au bout de la logique, j’ai donc fini par m’inscrire à un cours d’aquagym, histoire de côtoyer des gens qui comme moi, voudraient pouvoir lever la jambe dans 60 cm d’eau sans être la risée de tout le bassin. Et guess what, ladies ? J’adore ça. Je suis même assidue, moi qui ai fuit la salle de gym après un seul cours de step et la salle d’escrime au bout de deux.
Il faut dire que l’activité a tout pour me séduire. D’abord, c’est sans douleur. Dans l’eau, tout paraît en effet tellement facile que je prends autant de plaisir à enchaîner les abdos qu’à m’explorer les narines*. Quand on est plutôt Center Parcs que Close Combat, c’est appréciable.
* Oui, ça m’arrive.
Ensuite, parce que j’aime le côté intergénérationnel et bigarré de la chose. Grosses, maigres, jeunes, vieilles, avec ou sans bonnet en plastique : toutes réunies pour obéir aux ordres d’un Davina en slip de bain… C’est beau.
Parlons-en, d’ailleurs, du Davina en slip de bain : le prof d’aquagym, c’est tout un poème. Il y a les Playboy de pédiluve, qui aiment rouler du muscle en agitant leur catogan. Il y a les Philippe Lucas à nichons, qui te gueulent dessus comme si tu avais bouffé leur cocker. Les rigolos, adeptes du slaïp fluo et des vannes aquatiques et puis les atypiques, qui font faire des abdos-fessiers aux septuagénaires sur un tube des White Stripes (Jack White luttant contre le relâchement des chairs et l’avancée de la cellulite, c’est-y pas magnifique ?). Les observer suffit à illuminer ma journée.
Et quel spectacle dans le bassin… Suivre un cours d’aquagym, c’est accepter de pousser l’expérience du ridicule à son comble. Car le mouvement déjà risible sur un tapis de yoga le devient encore plus dans l’eau. Quand je nous vois par exemple arpenter le petit bassin en sautillant comme un troupeau de saumons remontant la rivière, j’en pisse dans mon Speedo (pas littéralement, ça se verrait trop). Quand je nous vois toutes, joues rouges et nichons comprimés dans le maillot, écarter lentement les bras sur le refrain lascif de Love to Love you Baby de David Vendetta, je jouis. Comment résister à un sport qui allie bien-être physique, facilité et spectacle vivant, hu ?
La seule chose que je déplore, c’est le très faible taux de présence masculine pendant les cours : jusqu’à présent, je n’ai recensé qu’un jeune gringalet et un monsieur bidonnant. Messieurs, rendez-vous dans le petit bassin : y a de la sirène à pécho. De la sirène qui date pas toujours de la dernière marée mais… Faut être ouvert à tout, dans la vie.
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Les Commentaires
ça ça m'aurait interessé parce que ce n'est past que je suis trop paresseuse pour courir mais bon...