Mon cher et tendre a tout pour lui. Il est beau, doux, intelligent, et il ne me pique pas mes tampons pour jouer à la bataille navale dans son bain. Oui mais voilà, l’élu de mon palpitant a une petite particularité : il est tombé dans une marmite de Viagra quand il était petit. Voici donc pour vous, bien chères lectrices, l’occasion de dresser la liste des avantages et inconvénients du lapin Duracell.
Ce matiiiiin, un lapiiiiin…
J’ai rencontré Céladon d’une manière fort banale, au beau milieu d’une ripaille estudiantine. Ses grands yeux et son fessier rebondi ont rapidement allumé en mon coeur un flamboyant brasier. Son langage était un poème vivant, ses textos dépourvus de toute faute d’orthographe, et quinze jours plus tard, il m’emmena manger dans un restaurant où l’on pouvait déguster du foie gras en quantité illimitée. J’étais plus conquise que l’Amérique en 1492. Aussi, nous décidâmes d’échanger nos fluides dans la joie et l’allégresse.
Première surprise : Céladon avait une extrémité digne d’un étalon en rut/d’un acteur porno/de Chuck Norris. Il va sans dire que les mensurations de l’engin ne furent pas sans me causer quelques frayeurs – dans un moment d’égarement, il me semble même avoir prié la sainte Vierge des verges hypertrophiées. Notre première étreinte fut pourtant un grand moment de douceur. Après quelques semaines de badineries, la vérité m’apparut dans son effrayante nudité : mon chéri était un véritable lapin Duracell.
Il a besoin de faire l’amour n’importe où, n’importe quand, sans que rien ne l’arrête. Qu’il pleuve, qu’il neige, qu’il vente, qu’il y ait C’est ma vie à la télé, il ressent sans cesse une impérieuse envie de s’adonner aux plaisirs de la chair. S’il n’use pas de sa saucissette pendant plus d’une journée, il est plus renfermé qu’une porte d’Alcatraz. S’il est privé de boogie-woogie 48 heures durant, il nettoie notre appartement de fond en comble pour canaliser sa débordante énergie. Au-delà, son angoisse est telle qu’il me propose, regard désespéré à l’appui, d’aller rendre visite au premier sexologue venu pour « régler nos problèmes de couple« .
Si encore Céladon se contentait d’une vague visite, du style « trois p’tits coups et puis s’en va », les dégâts seraient moindres. Mais sa nature est sans limites. Le devoir accompli, il ne ronfle pas en bavant sur l’oreiller : il attend cinq minutes, puis se représente à l’orée de ma forêt noire, le gardon plus frétillant que jamais. Car Céladon ne connaît ni la trêve, ni le repos. Il serait capable d’être au garde-à-vous un quart d’heure après l’enterrement de sa propre mère. Faire l’amour lui est aussi essentiel que manger, boire ou respirer. Cette nature n’est pas sans me causer quelques menus soucis : pour satisfaire sa phénoménale libido, Céladon n’hésite pas à m’arracher à mes tâches quotidiennes (devoirs en tout genre, révisions, écriture d’articles truculents pour madmoiZelle). Si l’on chiffrait le nombre d’heures de travail que nous avons sacrifié sur l’autel des galipettes, nous dépasserions, sans nul doute, la durée de l’intégrale de Bonne nuit les petits (568 épisodes de 5 minutes chacun., je vous laisse faire le calcul).
Bien que, comme l’indique mon doux pseudonyme, j’aime la bagatelle et ne saurais vivre sans elle, il m’arrive parfois de soupirer en rêvant d’avoir pour prochain compagnon un eunuque. Car, si Céladon ne réitère pas tous les jours son record absolu (neuf fois en vingt-quatre heures), il peut arriver que ses ardeurs ne correspondent pas aux miennes, et que mes muqueuses crient grâce d’une petite voix suppliante. Et lorsque j’ébauche le quart du commencement d’un refus, Céladon me fait les yeux du chat de Shrek.
Kikoo, tu veux voir ma nouille ?
La technique est aussi cruelle qu’imparable : je n’y résiste jamais. Bien sûr, j’ai essayé, les jours de grande fatigue, divers répulsifs tous plus inutiles les uns que les autres : la culotte fuschia avec des fantômes et des citrouilles dessus, le maquillage de Taylor Momsen, le plat truffé d’ail au dîner (la technique aurait fonctionné sur n’importe qui : manque de chance, Céladon est du Sud-Ouest et il adore l’ail. Sainte Patronne des conduits vaginaux surexploités, priez pour moi, pauvre pécheresse).
Vous l’aurez compris, j’ai parfois envie de trouver le bouton off de son sexe à pile. Mais comme Céladon est un amour de garçon, qu’il m’apporte des croissants le matin et qu’il me dit que je suis la plus belle même au réveil, je m’accommode de son exigeante nature comme il s’accommode de mon sale caractère. Et puis, avouons-le : avoir pour compagnon un lapin Duracell comporte un grand nombre d’avantages.
Sur ce, chères lectrices au doux pelage, je file : la porte de l’appart’ vient de s’ouvrir, et je sens qu’une fois encore, je vais être à la fête.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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