Le troisième et dernier tome de L’année du dragon est enfin sorti. L’occasion de revenir sur une « série » pas comme les autres modelée à quatre mains par Duprat et Vanyda.
Franck vit temporairement chez son frère aîné. « Temporairement », c’est-à-dire depuis assez longtemps pour que ça commence à poser problème. Si on devait faire un bilan de sa vie du moment, on pourrait résumer les choses de la façon suivante : son père est en train de mourir d’un cancer, sa meilleure amie Kim est à ses yeux plus qu’une amie, mais que faire de ce « plus », ça, il ne le sait pas trop. Il a certes rencontré la jolie Bernadette, mais bon … Quant au boulot… Bof, le boulot… Bref, on a vu mieux. D’après l’astrologie chinoise, cette année devrait être « son » année : l’année du dragon. Mais la bébête, à vrai dire, on l’a vue en plus grande forme.
L’année du dragon occupe une place à part dans les BD que j’ai pu lire jusqu’à présent. D’abord, il faut bien le reconnaître, parce que les auteurs, tous deux lillois d’adoption, on croqué leurs personnages dans des lieux que je prends plaisir à reconnaître au fil des pages. Mais si j’ai tant d’affection pour cette série, ce n’est pas uniquement parce que son décor m’est familier. C’est surtout parce que son atmosphère n’appartient qu’à elle.
Chaleureuse, subtile, très actuelle (il y a de quoi s’amuser à compter les clins d’œil aux expos, personnages de dessins animés, jeux vidéos et autres repères familiers), elle fait avancer ses personnages sur un rythme calqué sur celui de la vie. Un rythme qui peut prendre le temps de laisser se dérouler l’expression d’un visage, puis s’accélèrer comme les événements eux-mêmes.
Les dessins et les couleurs, qui empruntent au manga ce qu’il faut d’expressivité, de liberté et d’originalité, font passer une dose massive d’humanité qu’on ne retrouve pas si souvent que ça, sauf peut-être dans L’Immeuble dans Face, le roman graphique de…Vanyda. Le résultat, c’est une BD touchante et délicate dont on déguste les planches en se disant qu’on ferait bien un grand bout de chemin avec ses personnages.
C’est d’ailleurs le seul reproche qu’on puisse faire à L’année du dragon : lorsque le troisième tome se termine, on a le sentiment de rester sur sa faim. Page à page, les auteurs ont installé un ton et esquissé des relations qu’on aimerait explorer un peu plus longtemps. Un univers dont on n’a pas l’impression d’avoir épuisé la richesse. Et surtout, ils ont mis en place des personnages assez bien foutus pour qu’on ait envie de les retrouver régulièrement. Alors trois tomes, tu penses… Et les dix suivants, y sont où ?
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