Dans un article publié lundi 28 août, le quotidien britannique Guardian met en lumière la crise de santé mentale qui ébranle l’Afghanistan depuis la prise de pouvoir des talibans en août 2021. Premières concernées, les femmes, également touchées de plein fouet par les politiques répressives qui se multiplient dans le pays.
Le taux de suicide chez les femmes connaît une croissance fulgurante
Depuis la prise de pouvoir des talibans en 2021, le nombre de femmes qui se suicident ou tentent de le faire a augmenté de façon drastique. C’est ce que révèlent les données recueillies par les hôpitaux publics et les cliniques de santé mentale dans un tiers des provinces afghanes.
Comme le retrace le Guardian, les autorités talibanes n’ont pas publié de données officielles sur les suicides et empêchent même les professionnels de santé de partager des statistiques actualisées dans de nombreuses provinces. C’est du moins ce qu’affirment les médecins locaux, qui ont néanmoins accepté de partager à nos confrères britanniques leurs chiffres concernant la période d’août 2021 à août 2022 afin de mettre en évidence la crise de santé publique urgente que traverse le pays.
L’Afghanistan est l’un des rares pays où plus de femmes que d’hommes se suicident
D’après les chiffres de l’OMS, il y a en moyenne deux fois plus d’hommes que de femmes qui se suicident dans le monde. Jusqu’en 2019 (dernière année pour laquelle des chiffres officiels sont disponibles), l’Afghanistan ne dérogeait pas à la règle.
Aujourd’hui, les données des hôpitaux suggèrent ainsi que l’Afghanistan est devenu l’un des rares pays au monde où plus de femmes que d’hommes meurent par suicide, avec un taux en drastique augmentation.
Sur les 11 provinces étudiées, les hommes représentent la majorité des décès et des tentatives de suicide dans une seule d’entre elles. Partout ailleurs, les femmes et les jeunes filles représentent plus des trois quarts des décès par suicide enregistrés et des survivants traités.
« Un nombre croissant de femmes juge la mort préférable à la vie dans les circonstances actuelles »
Cela fait un moment que les Nations unies et les militants des droits humains tirent la sonnette d’alarme. Ces derniers établissent explicitement un lien avec les restrictions imposées par les talibans, relate le Guardian, « qu’il s’agisse de l’interdiction de suivre un enseignement supérieur au niveau élémentaire, de l’interdiction de la plupart des travaux ou de l’interdiction d’entrer dans les parcs, les bains publics et autres espaces publics ».
Selon Alison Davidian, représentante Afghanistan d’ONU Femme, citée par le Guardian, « l’Afghanistan traverse une crise de santé mentale précipitée par une crise des droits des femmes (…). Nous assistons à un moment où un nombre croissant de femmes et de jeunes filles considèrent que la mort est préférable à la vie dans les circonstances actuelles ».
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