En décembre 2018, quatre ONG (la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, Greenpeace France, Notre Affaire à Tous et Oxfam France) portaient devant la justice l’inertie de l’État français — et le non respect de ses engagements écologiques — face à l’urgence climatique.
L’action avait été complétée d’une pétition signée par plus de 2 millions de personnes.
Ce 14 octobre, le jugement est tombé : le tribunal administratif a reconnu la faute de l’État, qui a jusqu’à décembre 2022 pour réparer son « préjudice écologique ».
Un procès qui met en cause l’inaction de l’État
En cause, le budget carbone fixé pour lutter contre les changements climatiques. Pour les années 2015-2018, dans une démarche de réduction progressive d’émission de gaz à effet de serre, c’est la somme de 442 millions de tonnes d’équivalent de dioxyde de carbone qui avait été choisie pour limite.
Or, faute d’avoir mis en place des mécanismes légaux et institutionnels pour respecter ce budget, celui-ci aurait été dépassé d’après le tribunal à hauteur de « 62 millions de tonnes d’équivalent de dioxyde de carbone » — un bilan à peine atténué par la baisse des émissions pendant les confinements liés au Covid-19, arrivée après la période évaluée.
Et pour le tribunal administratif, le fait de ne pas avoir respecté cet engagement est une faute.
Une décision historique
L’État français a donc été condamné à verser un euro symbolique aux associations requérantes, mais aussi et surtout à « compenser ce dépassement d’ici le 31 décembre 2022, au plus tard ». Le gouvernement a indiqué ne pas avoir l’intention de faire appel de ce jugement.
D’après Oxfam France, cette décision est historique : c’est non seulement « la première fois que la justice reconnaît la responsabilité de l’État au regard de son inaction climatique », mais c’est aussi une jurisprudence qui renforce le concept de préjudice écologique, selon lequel l’État porte une responsabilité envers l’environnement.
Alors que partout dans le monde, des procès de cet ordre se multiplient, et à quelques semaines de la COP26, on espère que ce jugement pèsera dans la balance des décisions écologiques à venir.
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Crédit photo : Markus Spiske / Unsplash
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