« Les enfants sont cruels », paraît-il. Ce ne sont pourtant pas des enfants qui ont eu l’idée d’un challenge Tiktok leur proposant d’avoir une conversation en visio avec une personne présentée comme « Ton/ta prof de l’année qui arrive », mais bien leurs parents. Ça paraît innocent ? Ça ne l’est pas le moins du monde.
Le « facetime prank », challenge cruel sur Tiktok
Sous #facetimeprank, #teacherprank et autres hashtags du même genre, la recette est toujours la même : un adulte, souvent la mère ou le père, appelle son enfant pour qu’il « rencontre la nouvelle prof, viens lui dire coucou sur Facetime ». Sauf qu’il ne s’agit nullement d’une instit : la « blague », c’est que le gosse se retrouve face à une personne d’apparence « effrayante ».
Il peut s’agir du mugshot (photo prise pendant l’arrestation) d’une personne ayant l’air d’avoir des problèmes de santé mentale et/ou d’addiction, d’un visage défiguré, d’un homme ou une femme à la grimace inquiétante. La réaction du gamin, vous l’aurez deviné, est censée être la chute de la « blague ».
@angelitosstassLmao ??? ##fyp ##foryou ##foryou ##teacherprank♬ original sound – angelitosstass
Vous vous demandez si les personnes dont la photo est utilisée ont consenti à participer à ce challenge ? À peu près autant que les enfants en question, donc : non. Et l’une d’entre elles a décidé de faire entendre sa voix.
Lizzie Velasquez appelle à l’empathie et à la décence
Lizzie Velasquez a été appelée « la femme la plus moche du monde »
; elle souffre de syndrome progéroide néonatal, une maladie extrêmement rare, et son corps est incapable de stocker la moindre graisse.
Sa différence et la haine qu’elle a générée, l’Américaine de 31 ans en a fait une force : dans son documentaire A Brave Heart: The Lizzie Velasquez Story, dans une conférence TedX, dans des interviews, elle affirme son droit au respect, sensibilise aux dangers du cyberharcèlement et rappelle que tout le monde mérite d’être aimé.
Quand son visage a été utilisé pour le #facetimeprank, la jeune femme a logiquement décidé de réagir sur les réseaux sociaux, avec la pédagogie dont elle fait toujours preuve.
TikTok, j’ai besoin de votre aide. Ce challenge qui consiste à faire semblant d’avoir une conversation vidéo avec quelqu’un qui est en situation de handicap, qui est un bébé, ou qui a un mugshot étrange, et où vous montrez cette personne à quelqu’un pour filmer sa réaction, juste pour rire… C’est pas drôle ! C’est pas une blague !
Une mère a montré à son fils une photo de moi et lui a dit « C’est ton instit cette rentrée » ; il a eu une réaction effrayée. Si vous êtes un adulte et qu’il y a de jeunes humains dans votre vie, s’il vous plaît, ne leur enseignez pas que c’est normal d’avoir peur de quelqu’un qui ne leur ressemble pas. S’il vous plaît. Tout ce que ces enfants vont devoir apprendre sur l’empathie et la nécessité d’être bienveillant avec autrui, ça commence à la maison. S’il vous plaît. Ce n’est pas correct. Ce challenge doit s’arrêter.
Parce que nous sommes des êtres humains, et que nous avons des émotions.
Lizzie Velasquez a raison : les enfants apprennent par l’exemple. La surprise est innée, la haine ne l’est pas. Ces mêmes enfants se retrouveront un jour face à des gens différents d’eux, et il est essentiel qu’ils apprennent à les aborder avec bienveillance, pas avec méfiance.
De l’importance d’apprendre aux enfants à accepter la différence
Ce challenge aurait pu être l’occasion d’ouvrir un dialogue avec les plus jeunes, de leur parler de ce qui les dérange ou les surprend quand ils sont face à quelqu’un qui ne leur ressemble pas. Mais il n’a été utilisé que pour de cruelles pranks.
Si vous avez un enfant dans votre entourage, voici quelques ressources pour aborder avec lui ou elle le sujet de la différence :
- Une sélection de livres jeunesse qui sensibilisent au handicap
- Des livres pour parler de racisme avec les enfants
- Des dessins animés qui mettent la diversité à l’honneur
N’hésitez pas à allonger cette liste dans les commentaires !
Pour finir sur une note positive : ce qui est rassurant, c’est que dans la majorité des TikToks postés, les gosses réagissent très bien. Ils peuvent être un peu surpris, mais gardent le sourire et disent bonjour à leur « nouvelle instit », quand bien même elle ne ressemble pas à Mlle Bille-en-Tête.
C’est à se demander si ce sont vraiment les enfants qui sont cruels, dites donc…
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
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