Edit du 20 juillet 2013 : Grâce au formidable travail de nos madmoiZelles, plusieurs vidéos (plus bas dans l’article) sont maintenant sous-titrées en français !
Article du 4 juin 2012 : Lorsqu’on vous a présenté Laci Green pour la première fois, c’était pour parler de sa vidéo sur l’hymen. Devant le succès remporté non seulement par cette vidéo mais par la nana en elle-même, on s’est dit qu’une petite interview était de rigueur. Et donc, ta-daaaa !
Laci Green est une jeune américaine de 22 ans qui parle de sexualité positive (sex positivity en anglais) à travers une série de vidéos sur YouTube, intitulée Sex+ (pour sex positive, donc). À côté de ça, elle donne également des cours d’éducation sexuelle dans des universités et des lycées pour essayer de rattraper les ravages causés par les cours « officiels ».
Pour avoir un aperçu plus large de ce que fait Laci, voici sa dernière vidéo en date, qui traite de l’hygiène du vagin (avec des sous-titres en français, disponibles avec le petit bouton « sous-titres » !) :
Salut Laci ! Bienvenue sur madmoiZelle ! Pour celles d’entre nous qui ne te connaissent pas encore, pourrais-tu te présenter en quelques mots ? Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Pourquoi est-ce que les gens parlent de toi sur Internet en ce moment ?
Salut tout le monde ! Je m’appelle Laci Green, je viens de San Francisco et je fais des vidéos sur la sexualité sur YouTube !
Qu’est-ce qui t’as convaincue de te spécialiser dans l’éducation sexuelle ? Est-ce que tu en as toujours eu envie, ou est-ce que tu as eu une révélation ?
Bizarrement, je me suis pas réveillée un jour en me disant « Tiens ! Je vais éduquer les gens sur leur sexualité ! ». C’est juste arrivé comme ça. J’ai grandi dans un foyer où le sexe était un vrai tabou et j’ai galéré toute mon adolescence pour obtenir des informations correctes. À ce moment là, je vloggais déjà sur YouTube (vlog = blog vidéo) pour parler de ma vie et j’ai décidé de transformer ces vlogs en un projet sur l’éducation sexuelle. Je voulais devenir cette source d’informations que j’aurais aimé avoir quand j’étais plus jeune.
Pourquoi est-ce que la société est un tel putain de tyran ?
Est-ce que tu as toujours été à l’aise avec ton corps et ta sexualité ? Si non, par quoi es-tu passée pour en arriver là où tu es aujourd’hui ?
Carrément pas. Encore aujourd’hui, j’ai pas mal de complexes. Mais on peut clairement dire que j’ai fait un sacré bout de chemin depuis l’époque de mon adolescence où j’étais paralysée par la culpabilité, et où je détestais mon corps. Plus je critique les médias et les messages transmis, plus je développe ma conscience de moi, plus j’apprends de choses sur mon corps et toute sa gloire, et plus je me sens à l’aise dans ma propre peau. Ça se traduit par des journées plus heureuses, des relations plus saines et une sexualité active, merveilleuse et satisfaisante.
Quel est ton but principal, ta motivation première ? Qu’est-ce qui te fait dire « J’ai BESOIN de parler de ça aux gens, il faut qu’ils sachent » ?
Mon but principal est d’aider les gens à prendre le contrôle de leur vie, et à penser de façon plus critique. Je crois que ça résoudrait pas mal de problèmes dans la société.
Tu as l’air d’être une fille très ouverte d’esprit – tu couvres des sujets tels que la sexualité, les problèmes rencontrés par la communauté LGBTQ, la masturbation, l’image de soi, le féminisme… À quel moment de ta vie as-tu commencé à t’intéresser à ces sujets ? Comment ça s’est passé ?
J’ai commencé à m’intéresser au genre et à la sexualité quand j’ai remarqué de sérieux problèmes dans la façon dont ces questions étaient traitées, notamment dans les écoles. Je me disais des trucs genre… « Bordel, c’est complètement tordu ! ». Donc j’ai commencé à m’éduquer, à prendre des cours, à faire du bénévolat dans la communauté et, du coup, j’ai commencé mon propre projet par le biais de mon hobby (la production de vidéos). Ça a commencé à la fin du lycée, et là je sors de l’université.
Quel genre de relation entretiens-tu avec ton corps maintenant ? Et il y a 5 ans ? Que conseillerais-tu aux filles qui ont toujours beaucoup de mal à accepter leur corps ?
Ma relation avec mon corps est en majorité positive. Comme je l’ai dit, j’ai toujours mes complexes – mais ils n’ont rien à voir avec ce qu’ils étaient il y a 5 ans ! Avant, je passais mon temps à m’examiner sous tous les angles. Maintenant, quand je me regarde dans le miroir, je me dis « merci pour ce corps, qu’est-ce que je ferais sans ? »
Aimer son corps commence par la découverte de notre beauté intérieure. Ça veut dire arrêter de se comparer aux autres et élever notre valeur personnelle à plus que notre simple apparence. Ça veut dire envoyer chier les gens qui essayent de nous ruiner le moral en nous disant qu’on est pas assez bien. Aimer son corps, c’est une prise de position, c’est affirmer qu’on est la seule personne à pouvoir le contrôler.
Quels sont les aspects bénéfiques d’une sexualité positive ? Pourquoi est-ce si important pour nous de nous secouer et de prendre le contrôle de notre corps et de notre sexualité ?
Pour moi, la sexualité positive m’a permis d’entretenir des relations plus saines et plus joyeuses, d’avoir une vie sexuelle plus satisfaisante, d’être en meilleur santé physiquement et émotionnellement et avec plus de considération pour moi-même. L’importance d’un tel mode de vie est évident, quand on regarde bien.
L’éducation sexuelle à l’école se concentre principalement sur la reproduction, et non la sexualité et le plaisir – quelles sont selon toi les conséquences évidentes de telles restrictions ?
Ça passe à côté d’une grosse partie de ce que la sexualité représente pour les gens : une expérience vécue, et une partie de notre identité. En ne nous apprenant pas comment explorer cette partie de la vie en toute sécurité (et entre deux personnes consentantes !), ils laissent notre culture destructrice prendre le volant. Résultat, nous sommes privés de notre identité sexuelle, le taux de MST et de grossesses non désirées grimpe continuellement, comme les cas d’agression sexuelle ou de viol… et la liste continue.
Je n’utilise que des rasoirs imprégnés de danger.
Où enseignes-tu ? Qu’est-ce que tu enseignes, et comment t’y prends-tu ? Quel est ton but principal ? Ton approche ?
Avant, je m’occupais du programme sur la sexualité féminine à Berkeley, ainsi que d’ateliers dans les lycées du coin. Maintenant j’enseigne dans plusieurs universités à travers des présentations et des conférences. Tout passe par la conversation. Mon but est de créer un espace où tout le monde se sente assez à l’aise pour parler de tout ça en apprenant. Naturellement, la meilleure approche que j’ai trouvée, c’est d’être moi-même.
Est-ce que les étudiants réagissent bien ?
Carrément. Je veux dire, ce sont mes pairs dont on parle, donc je pense que ça rend la chose plus facile, on s’amuse plus facilement.
Pour les filles qui ont honte/peur de se définir comme féministes, comment leur expliquerais-tu l’importance d’aller au-delà des clichés et de s’impliquer ?
Donnez le nom que vous voulez à votre activisme – on ne peut pas nier qu’il y a un gros problème dans notre culture, qui affecte une grosse partie du monde. Si on ne s’implique pas, qu’on ne fait rien, qui le fera pour nous ? Ah ouais, PERSONNE ! Si ce n’est pas pour vous-même, impliquez vous au moins pour l’avenir de l’humanité. À quoi voulez-vous que le monde ressemble quand on passera le flambeau ? Qu’allez-vous faire pour qu’il ressemble à l’idée que vous vous en faites ?
Les filles ont souvent honte de leur corps, et plus grave encore, de leur sexe – ce qui en sort, ce qui y rentre, à quoi il ressemble, quel goût il a, comment il sent… Comment penses-tu qu’on pourrait arranger ça ? Comment se débarrasse-t-on des peurs et des hontes qui briment notre sexualité ?
Je ne pense pas qu’il y ait une solution simple ou concrète. C’est un processus à entamer, sur le chemin de la découverte de soi et de l’amour de soi. S’intéresser à une éducation sexuelle positive est un bon moyen de commencer pour entamer la prise de contrôle ! On nous apprend à vivre dans la peur. La peur de ne pas être comme il faut, d’être la mauvaise personne, de parler de la mauvaise façon, de s’habiller de la mauvaise façon, de ne jamais être assez bien… Et vous savez ce que cette peur nous fait ? Ça nous rend plus faciles à contrôler. Si on a peur, on est préoccupés et on se noie dans la haine de nous-même. Pour notre bien, il est temps qu’on prenne nos peurs pour ce qu’elles sont et qu’on botte leurs petits culs destructeurs.
Quel genre de retours positifs reçois-tu de la part des gens qui regardent tes vidéos ? As-tu l’impression d’aider les gens ?
Je reçois beaucoup de retours positifs. Les gens me disent « Oh mon dieu, tu m’as ouvert les yeux ! » ou « Tu as allumé une ampoule dont je ne connaissais même pas l’existence !« .
Naturellement, je suis genre « Mais ouaiiiis !« . J’adore les ampoules. Pour que les gens changent leur façon de penser par rapport à eux, à leur corps, leur sexualité, leurs choix personnels… on va avoir besoin de BEAUCOUP d’ampoules. Chaque illumination compte.
Quelques conseils pour nos lectrices, afin de les aider à atteindre ton niveau – et plus encore ?
Soyez vous-même et ne laissez jamais, JAMAIS, quiconque vous empêcher de l’être ! Vous allez forcément rencontrer des gens qui vont tenter de vous abattre et de vous affaiblir, de vous faire taire. Ne vous taisez jamais. Ne cessez jamais de vous aimer et d’aimer les autres. C’est le plus gros affront que vous pourrez faire à vos oppresseurs. Visez haut.
Oh… et arrêtez de vous comparer aux autres. C’est toxique. Ne vous comparez qu’à la meilleure version de vous-même imaginable. Prenez conscience du pouvoir que vous avez et utilisez-le !
Question bonus : quels livres, blogs ou magazines pourrais-tu recommander à nos lectrices ?
Parmi mes préférés, il y a Ain’t I A Woman de Bell Hooks, Cunt d’Inga Muscio, The Ethical Slut de Dossie Easton, Sex for One de Betty Dodson, et Sex at Dawn de Christopher Ryan. (NDLR : ces livres ne sont malheureusement pas traduits en français pour le moment).
Pour ce qui est des ressources et des guides, Our Bodies Ourselves est un indispensable. Pour les sites, je conseille Scarleteen et Go Ask Alice. Pour les magazines, j’aime beaucoup Bitch Magazine, Color Lines et Ms. Magazine.
Pour encore plus de Laci Green, rendez-vous sur sa chaîne YouTube, son Tumblr, Twitter ou Facebook.
Et pour celles qui ne maîtrisent pas l’anglais, coup de bol, on bosse actuellement avec Laci pour sous-titrer ses vidéos en français – si vous avez un très bon niveau d’anglais et que vous voulez nous aider, envoyez un mail à faye[at]madmoizelle.com !
Les vidéos sous-titrées en français par les madmoiZelles
Laci aime ça o/
Seules les salopes chopent des IST
Elle est MOCHE
Trouver la confiance sexuelle
Fat shame (sur la stigmatisation du gras et des gros)
Boys can have a vag (sur la différence entre genre et sexe)
50 shades of WTF (sur « 50 shades of Grey » à ne pas prendre en modèle comme relation BDSM)
Girl on girl hate (sur la compétition entre filles et pourquoi sommes-nous parfois aussi méchantes entre nous)
Men and femininity (sur l’aversion de la société pour ce qui est féminin)
Losing your virginity (sur les débuts sexuels !)
Sex toy hysteria (sur… allez, je vous laisse deviner)
Et voici la suite… (ça commence à être longuet, donc je mets juste une liste)
- My empowerment
- I’m pansexual
- Laci’s guide to orgasm
- Can’t get off during sex
- My Drunk Sex+
- Clit-ical thinking
- Freaky Labia
- Does sex make you loose
- The slut shamer
- Laci_s Guide to butt sex
- Period sex
- How I Lost 35 Pounds
- Draw my life
- No sex – asexuality
- Period hating
- The G-spot
- Sex with a friend
- WTF happened in Steubenville?
- 2-minute Sex
- Pubic Hair
- Re: JennaMarbles slut edition
- A is for abstinence
- The end of diets
- Embarrassing sex stories
- Let’s lose « virginity »
- Relationsh!t
- Bisexuality
- Forever alone
- Interracial
- Makeup madness
- BMI scale b******t
- Thinspiration
- When love gets violent
Merci à Shield, Rosamund, Alice, Zébule, Appletini, Chloé, Claire, Clémence, Sophie.n3, Lise C, Veee, Anna, et surtout MamieCaro qui a supervisé à merveille tout ça !
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