La création de l’association part d’un constat un peu flippant, basé sur des recherches universitaires :
- les livres pour enfants mettent en scène 2 fois plus de héros que d’héroïnes, 10 fois plus de héros-animaux que d’héroïnes-animales (!)
- étonnamment, les héroïnes sont plutôt représentées dans la sphère domestique (dans des lieux intérieurs, avec des jeunes frères et soeurs, des rôles maternants, passifs et d’observation, et bien sûr, avec des tonnes d’accessoires typiquement féminins)
- quant aux garçons, ils sont plutôt dans la sphère publique, avec des amis, faisant du sport ou des bêtises et dans des rôles actifs ou courageux, et représentés de façon neutre/asexuée.
Les conséquences sont bien sûr assez dramatiques pour les filles, puisqu’elles ingurgitent dès le plus jeune âge des livres les enfermant dans des rôles stéréotypés, sans réelles icônes valorisantes sur lesquelles s’appuyer… bref, l’affreux cercle vicieux que vous commencez à plutôt bien percevoir si vous êtes une fidèle lectrice de nos colonnes.
Lab-elle a donc réuni une commission de lecture, qui a créé entre 2006 et 2010 une liste de 300 livres exempts de stéréotypes sexistes, le tout appuyé sur des critères plutôt stricts
(par exemple des filles dans des rôles actifs et valorisés, des garçons dans des rôles habituellement attribués à l’univers féminin, des mères dans des rôles non stéréotypés et des pères proches du partage des tâches entre les sexes).
L’association proposait jusqu’en novembre 2010 aux bibliothèques et librairies de commander des stickers pour « étiqueter » les albums tirés de cette fameuse liste. Mais faute de moyens financiers (monde de merde) et face aux réticences des éditeurs d’envoyer à Lab-elle des livres en service de presse, l’asso a dû mettre ses activités en sommeil. Heureusement, le site et la liste sont toujours dispo et vous avez encore la possibilité de leur apporter un petit message de soutien, parce que l’idée reste plus que jamais d’actualité. Rendez-vous sur www.lab-elle.org.
Et comme les grands esprits se rencontrent, allez lire ce très chouette papier à propos du sexisme dans la littérature enfantine sur slate.fr.
— Merci à Isabelle, lectrice de mon blog de papa (haha), de m’avoir signalé l’existence de Lab-elle.
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Les Commentaires
Pour le nom, je suis mitigée. A vrai dire ça ne m'avait pas choqué avant que renny n'en parle, et je trouve que ça rend les choses assez claires, puisque par défaut dans les bouquins on trouve deux fois de héros que d’héroïnes, dans la sphère publique, etc, là on sait qu'il y a une tentative de "rééquilibrer un peu les choses". Et en même temps c'est un peu faire ce que justement on critique. Bon mon avis n'est pas tranché du coup.