Agnès Firmin Le Bodo s’attendait-elle à de si vives réactions (à dessein) lorsqu’elle a annoncé jeudi 4 janvier sur X avoir visité l’Institut Jérôme-Lejeune ?
Sûrement pas. Mais à trois semaines de l’examen du projet de loi visant à inscrire l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution, cette visite interroge.
Car visiter ce « lieu de passion et d’énergie » est un choix éminemment politique tant cette structure suscite les critiques. Situé dans le 15e arrondissement, l’Institut Jérôme-Lejeune est un centre médical, de recherche et de formation spécialisé dans la trisomie 21. Le problème est qu’il est associé à une fondation du même nom qui est à l’heure actuelle l’une des principales associations du mouvement pro-vie en France.
Fervente militante contre l’IVG et l’euthanasie, la fondation créée en 1995 par le généticien Jérôme Lejeune est aussi connue pour entretenir des liens étroits avec la Manif pour tous, dont elle partage les idées conservatrices.
Un « haut lieu du conservatisme »
Sur le réseau social, le message posté par Agnès Firmin Le Bodo a immédiatement suscité des réactions indignées, notamment à gauche.
« Il a un drôle de goût le progressisme macronien », a écrit le sénateur communiste des Hauts-de-Seine Pierre Ouzoulias, dénonçant « l’éloge » de la ministre à cet « haut lieu du conservatisme », tandis que la sénatrice Laurence Rossignol et ex-ministre des Droits des femmes a ironisé sur cette visite.
Le Planning familial a quant à lui interpellé la ministre de la Santé sur son choix de visiter une association anti-avortement.
« Quand la ministre de la santé rencontre et fait la promotion d’un institut ouvertement anti-avortement… », s’est insurgée la députée LFI Manon Aubry.
« Excusez-vous ou assumez »
Face au tollé suscité par sa visite dans ce lieu polémique, la ministre de la Santé par intérim a argué qu’elle « s’inscrivait dans le cadre de la labellisation en centre de compétences déficiences intellectuelles rares » et a dénoncé un « déferlement de haine juste gratuit ».
« Mes positions sur la PMA, l’IVG dans la Constitution et la fin de vie sont connues », s’est-elle encore justifiée. « Et pour ceux que ça dérange, la démocratie c’est aussi échanger avec les personnes qui ne partagent pas vos idées. Et en l’occurrence, j’ai eu avec les pros de santé de cet institut un échange sur la fin de vie », a-t-elle ajouté.
Pas de quoi rassurer Laurence Rossignol, qui lui a répondu de ne pas « jouer l’offensée ». « Excusez-vous ou assumez. »
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