La Daronne, dont les conseils foireux sont connus du monde entier (au moins) répond à vos questions en étant toujours plus à côté de la plaque.
La question de la semaine
Chère Daronne,
Depuis qu’on peut de nouveau traîner en terrasse, et même si j’ai attendu ce moment avec impatience comme beaucoup de monde, et bien je n’ai pas franchement envie d’y retourner.
Je ne dis pas que je n’ai pas envie de voir mes potes ou de boire des coups, mais si ça peut se faire sur mon canap’, c’est mieux.
Je ne sais pas ce qui me dérange le plus : revoir trop de monde d’un coup, risquer de choper ce foutu Covid à cause d’un verre mal lavé ou d’un postillon mal placé, ou si c’est juste parce que j’ai une flemme monumentale de sortir de chez moi.
Aide-moi chère Daronne, qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez moi ? Est-ce que je suis normale ? Est-ce que je suis la seule ?
Je t’embrasse,
Lola
La réponse de la Daronne
Ma petite loutre,
Rien d’étonnant, après l’année qu’on vient de vivre (et les autres qui arrivent, soyons lucides), à ce que tu n’aies pas franchement envie de courir faire la tournée des bars pour rattraper le temps perdu.
Entre les multiples confinements, le télétravail pour certaines, le fait qu’on soit un peu coupées du monde et de notre famille, ça aide à créer de nouvelles habitudes de vie qui peuvent être difficiles à lâcher.
Et puis en dehors de l’aspect social, quand on voit la thune qu’on a pu économiser cette année en évitant de sortir tous les week-ends au resto, en club ou dans les bars, ça peut faire aussi pas mal relativiser, et c’est compréhensible.
Pour te prouver que tu n’es pas la seule à réagir comme ça, voici ma confession : moi aussi, je n’ai pas envie.
Je n’ai pas envie de me coller aux gens sur une terrasse bruyante et trop petite, tout ça pour cramer en plein soleil parce que le serveur ne veut pas sortir un parasol.
Moi aussi je n’ai pas envie de payer mon Coca Zéro 4€50, tout ça pour qu’il arrive dans un verre mal lavé, sans glaçons et avec une rondelle de citron, alors que j’avais demandé exactement l’inverse.
Je n’ai pas envie non plus de commander une planche de charcuterie à 18€, alors que je sais très bien que la rosette qu’ils proposent vient du Franprix du coin et que c’est de la marque premier prix.
Je n’ai pas envie de revoir Machine et Machin, qui vont vouloir me taper la bise sans leur masque, parce que « roohhh ça va, j’suis pas malade, hein ! ».
Je n’ai pas envie d’entendre les conversations de la table à côté de la mienne, qui sera en train de débattre de pour qui ils vont voter aux présidentielles ou aux régionales, et réaliser que leurs arguments sortent tout droit d’un plateau
Cnews.
Je n’ai pas envie de me confronter au monde, qui ne m’avait en fait pas tant manqué que ça pendant cette année d’hibernation.
Bien sûr, je sais que pour plein de gens, cet isolement n’a pas été qu’un doux moment de cocooning et de prise de recul sur le monde qui tourne parfois trop vite.
Certains ont vraiment souffert de tous ces confinements, des restrictions et privations, de l’économie qui se pète la gueule et de toutes les conséquences qui en découlent.
Mais tu as tout autant le droit d’avoir apprécié ton repli du monde, et surtout tu as le droit de ne pas avoir envie de te ruer sur tout ce qui ne te correspond peut-être plus.
C’est possible que ça change, c’est possible que ça ne soit qu’une passade due à la situation sanitaire pas franchement rassurante et apaisante. Peut-être que dans trois mois, tu auras de nouveau envie de courir les terrasses, et que tu prendras un réel plaisir à te battre pour une place assise afin de payer trop cher une pinte qui manque de bulles.
C’est possible, et ça sera très bien. Mais si ce n’est pas le cas, si cette année t’a changée et que tu n’as pas envie de retourner en arrière, si tu as envie d’être et d’exister autrement : personne ne peut te juger.
Tu es normale, tout tourne parfaitement rond chez toi. En vérité, c’est le monde qui va dans un sens particulièrement bizarre en ce moment.
Je te laisse mon petit gigot aux herbes, je retourne sur mon canapé,
La bisette,
Ta Daronne
Voilà, c’était le 20e épisode de notre courrier du cœur baptisé Chère Daronne, qui parle d’amour bien sûr, mais aussi de relations humaines compliquées et de galères du quotidien !
Nous répondons à VOS questions avec une grosse louche d’humour et d’autodérision, un petit peu de bienveillance et quelques conseils plus ou moins foireux de la daronne le cas échéant. Vous pouvez retrouver quelques épisodes précédents ci-dessous :
- Chère Daronne, aide-moi à faire comprendre à mon mec qu’il étend mal le linge
- Chère Daronne, le père de mon bébé se fout de ma tronche, que faire ?
- J’ai peur de perdre mes amies après avoir eu un enfant, help !
- Help, mon beau-père est un vieux réac, que faire ?
- Comment avouer à mon enfant que non, ses dessins n’iront pas sur le frigo
- Help, je ne peux pas blairer le mec de ma meilleure pote !
- Ma fille veut des jouets aspirateur et serpillère, send help
- Help, mon mec veut partir vivre à la campagne et télétravailler
- Je déteste jouer avec mon fils, suis-je une mauvaise mère ?
- Si ça continue, je pars en vacances sans mon mec, ça lui fera les pieds
Si vous voulez participer à la rubrique, écrivez-nous sur daronne[at]madmoizelle.com, en précisant en objet « Chère Daronne » !
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Après, je veux juste éviter d'y aller trop souvent, là vendredi je vais à la grande ville donc j'espère pouvoir me poser en terrasse à une heure où il y a pas trop de monde.