Qui n’a jamais badigeonné ses lèvres de vaseline dans l’espoir de leur redonner un peu de confort ? En plus d’aider l’épiderme à se réparer, ce produit a de nombreux intérêts pour les peaux sèches, mais il est aussi controversé. On fait le point.
La vaseline, un dérivé du pétrole populaire en cosmétique
La vaseline (aussi appelée « pétrolatum » ou « gelée de pétrole ») est une huile minérale. À l’image de la paraffine et de l’huile de paraffine, c’est un dérivé du pétrole qui est obtenu par un procédé d’extraction puis de purification — plus ou moins stricte en fonction de l’usage qui lui est réservé.
En cosmétique, le pétrolatum de grade pharmaceutique (on parle alors de « pétrolatum blanc ») est utilisé pour ses propriétés hydratantes et protectrices : il dépose un film occlusif à la surface de la peau qui permet de limiter la perte insensible en eau, l’évaporation de l’humidité et la déshydratation. Particulièrement gras (pas étonnant qu’il soit utilisé comme lubrifiant intime !), il aide à soulager et à réparer les irritations cutanées.
La gelée de pétrole s’achète pure (c’est la fameuse Vaseline, marque déposée par son inventeur en 1872) mais elle peut aussi rentrer dans la composition de produits de soin comme les crèmes pour le visage et pour le corps, les baumes à lèvres et mêmes les après-shampoings et masques capillaires.
Bref, elle est partout en cosmétique conventionnelle, et ce n’est pas ce bon vieux pot de crème Nivea qui dira le contraire !
La vaseline, l’alliée des peaux très sèches
Inerte et parfaitement tolérée par l’épiderme (on retrouve du pétrolatum dans de nombreuses crèmes visant à soulager l’érythème fessier des nourrissons), la vaseline est un produit intéressant pour les peaux sèches à très sèches.
En effet, ce type de peau, qui se caractérise par des symptômes de surface bien identifiés (rugosité, squames, dartres etc.) ainsi que par un ressenti inconfortable (ça chauffe, ça tire…), souffre d’un affaiblissement de sa fonction barrière qui entraîne la diminution de la teneur en eau de la couche cornée.
Et quoi de mieux qu’un film occlusif et hydrophobe pour lui donner un petit coup de pouce ?
Au magazine Byrdie, le dermatologue américain Angelo Landriscina explique :
« La vaseline aide à prévenir 99% de la perte insensible en eau. Ce 1% restant est important car il ne faut pas bloquer totalement le processus naturel d’évaporation : c’est un signal qui indique à la peau qu’elle doit produire plus de lipides pour réparer son film protecteur.
Si on imperméabilise totalement la peau, le film cutané ne sera pas réparé et la peau sera toujours inconfortable une fois la vaseline éliminée. »
Eh oui, la gelée de pétrole pourrait faire partie des ingrédients stars de nombreuses formules de produits de soin, mais c’était sans compter sur quelques polémiques…
Le pétrolatum, ton univers impitoyable
Trois grandes polémiques entourent l’utilisation du pétrolatum en cosmétique : sa potentielle toxicité, les effets de sa production sur l’environnement, ainsi que son caractère occlusif qui occasionnerait l’apparition de comédons.
La gelée de pétrole est-elle cancérogène ?
Concernant les risques liés à son application sur la peau, la vaseline est accusée d’être cancérogène. Pourtant, les études publiées ces vingt dernières années laissent peu de doute sur son innocuité : ultra raffiné, le pétrolatum de grade pharmaceutique n’est pas toxique.
En Europe, le règlement de mise sur le marché est strict et si l’historique complet de raffinage est flou et qu’il ne peut être établi que la substance à partir de laquelle il est produit n’est pas cancérogène, il est interdit. Il n’y a donc aucune crainte à avoir.
Anne Dux, Directrice des Affaires Scientifiques et Réglementaires et Chargée des Relations Européennes pour la Fédération des Entreprises de la Beauté (FEBEA), expliquait à Doctissimo en juin 2020 :
« Les procédés et la qualité de production et de raffinement permettent d’éliminer les substances cancérigènes. Les huiles minérales utilisées en cosmétique n’en contiennent pas, elles sont parfaitement pures. »
Les huiles minérales, un désastre écologique
Sur l’impact environnemental de sa production, il est plus difficile de trouver des qualités à la vaseline : elle est issue d’une énergie fossile non renouvelable, son processus de raffinement est très polluant (même si, quelque part, il s’agit d’une revalorisation des déchets liés à l’exploitation du pétrole pour le carburant) et elle n’est pas biodégradable. Oui, ça fait beaucoup pour un seul produit !
C’est pourquoi de plus en plus d’entreprises et d’industriels misent sur les avancées de la chimie verte pour trouver une alternative biosourcée au distillat de pétrole. Le beurre de karité, la cire d’abeille et l’huile de coco sont souvent cités comme des options intéressantes, même si ces produits peuvent à leur tour poser des questions d’ordre éthique ou environnemental.
En cosmétique, comme dans beaucoup d’autres domaines, tout est rarement tout blanc ou tout noir.
La vaseline donne-t-elle des boutons ?
Enfin, sur le sujet de la comédogénicité, le pétrolatum, en bonne huile minérale, est accusé de boucher les pores et de favoriser l’apparition d’imperfections cutanées. Une accusation qui ne date pas de la dernière pluie car les premières études concernant le potentiel comédogène de la gelée de pétrole remontent au début des années 1980 !
En fonction de la méthode utilisée et du niveau de raffinage de la gelée de pétrole utilisée, les conclusions diffèrent : les tests les plus anciens confirment le potentiel acnégénique du pétrolatum, tandis que les plus récents le réfutent totalement. Pas simple n’est-ce pas ?
Pour l’Académie Internationale de Dermatologie Cosmétique, le pétrolatum et l’huile minérale n’ont pas de potentiel comédogène, il n’est donc pas nécessaire que les patients qui souffrent d’acné fuient les produits qui en contiennent.
« La question des ingrédients qu’on peut ou non utiliser quand on a de l’acné est très vaste. Souvent, un produit qui provoquera des boutons dans sa forme pure n’aura rien à se reprocher dans une formule bien pensée. Il y a donc beaucoup plus d’ingrédients safe que ce qu’une liste pourrait impliquer », peut-on lire sur le site de l’académie.
Dans le cas des peaux sèches à très sèches et peu sujettes aux imperfections, le risque est quasi nul.
Comment profiter des vertus du pétrolatum pour ma peau sèche ?
Certaines personnes — dont de nombreux utilisateurs de Reddit — aiment utiliser la vaseline le soir, comme dernière étape de leur routine de soin. En plus de permettre de sceller les crèmes et sérums traitants, cette technique a un autre avantage non négligeable : la gelée de pétrole ayant une texture grasse et un rendu luisant, l’appliquer avant d’aller se coucher permet de ne pas ressembler à une flaque d’huile pour vaquer à ses occupations quotidiennes.
Cette utilisation de la gelée de pétrole comme masque de nuit est intéressante, mais ce n’est pas la plus efficace : la vaseline est un produit inerte, et elle est bien plus performante lorsqu’elle est couplée à des actifs relipidants et hydratants.
Plutôt que de l’appliquer pur sur la peau, on peut donc opter pour un soin contenant, entre autres ingrédients, du pétrolatum. Appliqué matin et soir, il veillera à la réparation et à la protection du film cutané, le côté luisant en moins. Évidemment, c’est valable pour la peau du visage mais aussi pour le reste du corps, qui peut souffrir de sécheresse cutanée.
Reste à chacune de décider, pour des raisons qui lui sont propres, si elle souhaite intégrer cet ingrédient dans sa routine beauté.
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Crédits photos image de Une : Sora Shimazaki
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