Environ une fois tous les dix ans, il arrive que des histoires singulières fassent les choux gras de la presse et marquent leur temps. La raison : tous les ingrédients d’une belle intrigue avec son lot de rebondissements sont présents.
Ces histoires, de véritables aventures, sont souvent adaptées en série ou sur grand écran, afin d’entrer un peu plus dans l’intimité de ses personnalités fascinantes comme celle d’Elizabeth Holmes.
Comment l’affaire Elizabeth Holmes s’est-elle construite ?
Voici un petit rappel des faits, pour celles qui seraient passées à côté. En 2003, une jeune femme de 19 ans inscrite à la prestigieuse université de Stanford lâche ses études avec la folle ambition de révolutionner le système médical américain.
Nommé Theranos, cette start-up affirmait mettre au point des machines permettant d’effectuer de multiples tests de manière plus rapide et moins coûteuse que celles des laboratoires traditionnels. Ce miracle aurait été permis en prélevant seulement quelques gouttes de sang sur un doigt.
Le projet séduit jusqu’aux plus hautes sphères. Elizabeth Holmes est notamment soutenue par Henry Kissinger et Rupert Murdoch — un ex-secrétaire d’État et un magnat des médias, rien que ça ! Avec de tels soutiens, l’entrepreneuse n’a aucun mal à trouver d’autres investisseurs.
Quinze ans après sa création, Theranos vaut environ 10 milliards de dollars et Elizabeth Holmes est classée dans le classement Forbes 400, à la 121ème place des personnalités les plus riches des États-Unis. Mais tout cela n’était qu’une vaste fumisterie et l’enfant prodige de la Silicon Valley se retrouve désavouée et empêtrée dans des démêlés sans fin avec la justice… Fin !
En lisant ces quelques lignes rien d’étonnant à ce que cette histoire ait été choisie pour être l’intrigue d’une série. Elle s’appelle The Dropout et est diffusée sur Disney+ depuis le 20 avril. Une mini série de 8 épisodes qui retrace la folle ascension et l’écroulement de Theranos et de sa fondatrice Elizabeth Holmes incarnée par l’actrice Amanda Seyfried.
Quels sont les ingrédients d’une bonne histoire ?
Le schéma narratif, ça vous parle ? Et bien une bonne intrigue qui tient en haleine son public est toujours construite de la même manière : situation initiale, élément perturbateur, péripéties, climax et situation finale.
Mais avant même de commencer à rédiger l’histoire, il faut d’abord déterminer cinq points essentiels : Qui sera l’héroïne ? Quand l’action se déroulera-t-elle ? Quel sera le sujet de l’intrigue ? Où se passe-t-elle ? Comment l’héroïne parviendra-t-elle à ses fins ? Il faut avouer que Elizabeth Holmes a tout servi sur un plateau aux scénaristes de The Dropout.
Une personnalité singulière qui monte les échelons de manière spectaculaire
Reprenons du début en transposant tous ces éléments à la destinée de cette self-made woman (femme qui a construit sa fortune sans héritage au préalable). L’héroïne Elizabeth Holmes est devenue milliardaire en seulement quelques années, mais elle ne vient pas de nulle part.
Sa mère, Noel Holmes, est assistante politique à Washington et son père, Christian Holmes IV travaillait dans différentes agences gouvernementales avant de se faire arrêter pour fraude d’entreprise alors qu’il était vice-président de celle-ci. En résumé, la pomme ne tombe peut-être jamais loin de l’arbre…
Mais au-delà de ça, Elizabeth Holmes se démarque de par sa personnalité plutôt psychorigide. Chaque jour, elle planifie son emploi du temps à la minute et porte toujours un col roulé noir, comme un uniforme. Elle ne dévoile jamais ce qu’elle mange, même à ses assistants, et a une relation avec le président de la compagnie Theranos.
Maintenant que vous avez cerné la personnage principale, les autres éléments de l’intrigue vont s’aligner pour créer ce qui semble être un scénario de haute-voltige !
La fortune d’Elizabeth Holmes ? 3,6 milliards de dollars (en 2015)
L’histoire se déroule entre 2003 et 2015 aux États-Unis, et plus particulièrement dans la Silicon Valley. Un lieu mythique qui participe à la fascination pour cette femme de moins de 40 ans et déjà milliardaire.
Le monde entier connaît cet endroit du nord de la Californie, où des centaines d’entreprises de la tech rivalisent d’innovations en tout genre. Mais les connaissances sur l’endroit restent superficielles sauf si vous avez la chance d’y travailler. De l’extérieur tout y paraît très lisse, et toutes les sociétés semblent y prospérer sans limite.
Ce lieu est aussi connu pour confronter les femmes à un plafond de verre plutôt coriace et peu d’entre elles sont à la tête d’entreprises. Alors, lorsqu’une femme y fait son entrée, c’est plutôt remarqué et encore plus lorsqu’elle y prospère. Tel un poisson dans l’eau Elizabeth Holmes applique la devise de la Silicon Valley à la lettre : « fake it ‘till you make it ».
La start-up Theranos, une promesse trop belle pour être vraie
Jusque là tout est rose, mais là où le bât blesse c’est que le projet Theranos aurait mérité de plus amples tests avant d’être commercialisé. Mais il a quand même totalisé pas moins de 700 millions de dollars de levée de fonds.
Pour arriver à cela, Elizabeth Holmes a su construire un récit plein d’émotions pour convaincre ses investisseurs. Elle s’appuyait principalement sur la mort presque subite de l’un de ses oncles, dont la maladie aurait pu être détectée dans le sang s’il avait eu l’équipement adéquat à disposition : un équipement qu’aurait évidemment pu lui fournir Theranos.
En effet, le système de santé aux États-Unis est très complexe et surtout extrêmement coûteux. Le diagnostic sanguin pour tous aurait été une avancée remarquable scientifique mais aussi sociale.
Suffit-il d’être ambitieuse pour réussir ?
Alors certes, Elizabeth Holmes n’a pas réussi à aller jusqu’au bout de son projet, et Theranos, aujourd’hui dissous, n’aura jamais porté ses fruits. Mais en laissant de côté les faits pour se concentrer sur les différents éléments qui construisent cette épopée technologique, l’histoire de cette femme qui voulait réussir dans un monde d’homme est incomparable.
Une question toute légitime se pose d’ailleurs, cette histoire aurait-elle autant attiré l’attention s’il ne s’agissait pas d’une femme ? En remettant dans le contexte, il était assez facile de constater que peu de femmes osaient se lancer dans l’entreprenariat au début des années 2000.
Ce qui est sûr, c’est que Elizabeth Holmes est passée à la postérité et est maintenant immortalisée sous les traits d’Amanda Seyfried dans cette série incontournable, The Dropout, actuellement disponible sur Disney+ (accessible aux profils 16+).
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