Mise en ligne sur la plateforme Salto bien avant sa diffusion sur France 2 le 27 octobre dernier, la série Germinal a eu droit à un gros budget (27,4 millions d’euros) pour adapter Zola comme il se doit.
Mais est-ce que l’argent en valait la chandelle ?
Germinal, petite piqûre de rappel
Tout commence dans une mine où retentit une violente explosion, emportant une femme dans ses flammes.
Ensuite, c’est toute une grande toile qui se dessine, tissée par de nombreux personnages en tête desquels il y a Étienne Lantier, un jeune homme qui vient d’arriver dans les corons et découvre l’enfer des mines tout en faisant du prosélytisme communiste.
Alors qu’il est recruté pour bosser dans les profondeurs charbonneuses, il se noue d’amitié avec la jeune Catherine, par ailleurs harcelée par le beau gosse du village qui s’avère surtout être un violeur notoire.
Leur âpre train de vie à tous bascule lorsqu’une baisse des salaires des mineurs est annoncée. Étienne se fait alors l’instigateur d’une grève féroce…
Si vous avez déjà lu le bouquin fortement déprimant de Zola, qui n’avait manifestement aucune passion pour les récits fun, vous avez peut-être l’intention de faire l’impasse sur son adaptation en série.
Et vous auriez bien tort !
Germinal, une série belle, sombre et sociale de France 2
Ce qui frappe d’abord, dans cette série en six épisodes créée par Julien Lilti (scénariste, documentaliste français notamment connu pour avoir écrit le sublime Adama) c’est sans doute sa mise en scène au cordeau.
Le récit de Zola prend d’ailleurs une tout autre dimension dans ces clairs-obscurs splendides et dans ces décors faramineux que dans le film franco-belge de Claude Berri sorti en 1993.
Normal, car cette série a joui d’un beau budget, lui permettant de bien explorer ses qualités esthétiques et de recruter du beau monde.
Ainsi, Germinal, c’est d’abord un spectacle visuel qui vous trimballe d’une mine où se terrent des malheureux plein de suie, aux grandes maisons bourgeoises de ceux qui n’ont pas à envoyer leur fils au charbon, en passant par les rues peuplées de mineurs en colère.
De telles images font plaisir à voir sur France 2 et sont le premier atout d’un programme qui n’en manque pas.
Cette chronique du soulèvement ordinaire est d’autant plus fascinante qu’elle retranscrit avec fidélité la globalité du roman de Zola, en prenant toutefois des libertés permises par les capacités techniques de son époque.
Un beau casting français pour Germinal
Dans le vivier très dense du casting de Germinal, il y a des nouveaux talents et d’autres plus confirmés.
Ainsi, les révélations de cette mini-série sont sans aucun doute Louis Peres, déjà aperçu dans Comment je suis devenu super-héros et dans Cigare au miel (sorti début octobre) et bien sûr Rose-Marie Perreault, qu’on connaît surtout pour avoir joué Les démons et Genèse.
Justes et précis, ils incarnent tous les deux un Étienne Lantier et une Catherine Maheu formidables.
À leurs côtés, on retrouve évidemment des acteurs avec plus de bouteille parmi lesquels Guillaume de Tonquédec qu’on a notamment vu récemment dans la moins bonne Une affaire française, Valeria Cavalli (Gianni et les Femmes, Le temps est assassin, Joseph) et bien sûr la sensationnelle Alix Poisson (Parents d’élèves, Mon cousin Quai d’Orsay etc), dont on ne se lasse pas de voir les performances à l’écran.
Ensemble, les acteurs redonnent une seconde vie aux hommes et aux femmes qui crachaient de la suie dans les corons, et font de cette série quasi-picturale un must de cet automne.
Alors oui, c’est déprimant, mais surtout oui, ça vaut le coup (en dépit de quelques maladresses de jeu de la part de plusieurs acteurs).
Comme quoi, il n’y a pas que Netflix dans la vie !
Pour regarder les épisodes inédits de Germinal, rendez-vous sur Salto
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