L’exercice de la « suite » est toujours périlleux.
Il s’agit de contenter les fans du produit originel, de rameuter un nouveau public et finalement, de mettre tout le monde d’accord.
S’il existe d’après nous quelques suites qui dépassent encore en qualité le film ou la série originale — comme Blade Runner 2049 (allez-y, insultez-nous), il est tout de même rare qu’un tel miracle se produise.
C’est ce que confirme tristement la série Clarice, qui échoue là où on l’attendait tant…
Clarice, de quoi ça parle ?
Un an après son face à face traumatisant avec le cannibale Hannibal Lecter, il est temps pour l’agent du FBI Clarice Starling de retourner sur le terrain affronter les pires prédateurs sexuels des États-Unis.
Elle se rend alors sur les terres de son enfance, dans les Appalaches, alors qu’elle est encore hantée par les évènements traumatiques survenus lors de sa précédente et toute première enquête.
Vous l’aurez compris, Clarice, c’est donc bien le spin-off du magistral Le Silence des Agneaux.
Clarice, l’absence décevante de Hannibal Lecter
Diffusé sur CBS depuis le 11 février et disponible sur Salto en France en US+24, ce show était attendu au tournant par tous les amateurs de la légende Lecter.
Un personnage abominable sévissant dans la tétralogie écrite par Thomas Harris, dont le deuxième tome avait largement inspiré le film Le Silence des agneaux.
Un film dont la réputation n’est plus à faire et qui a d’ailleurs remporté cinq Oscars majeurs en 1992 : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario adapté, meilleur acteur pour Anthony Hopkins (alors qu’il n’apparaissait que quelques minutes à l’écran) et meilleure actrice pour Jodie Foster.
Ainsi déboule la première déception de la série Clarice : Hannibal Lecter en est absent.
Ce qui n’aurait été que détail si la série était par ailleurs parvenue à rendre hommage à son inspiration.
Mais elle échoue là aussi…
Clarice, un programme globalement décevant
En effet,
Clarice fait tout pour se raccrocher à l’œuvre originelle sans pour autant en capter la substantifique moelle.
Ainsi, tout est lisse, dans Clarice. Tout est gentil. Un comble pour la suite du Silence des agneaux.
Si le film était parvenu à marquer, voire à traumatiser des millions de spectateurs, c’était en partie grâce à l’opposition entre l’obscénité des crimes de Buffalo Bill, la perversité d’Hannibal Lecter et l’innocence de l’agent Clarice Starling.
Ici, le seul intérêt du programme réside dans les fêlures psychiques qui creusent l’esprit de la jeune femme. Ses traumatismes et la manière dont ils se manifestent constituent l’unique socle intéressant du programme.
Mais le scénario ne pénètre jamais en profondeur son sujet. Et pour cause, pour des questions de droits, il est impossible de faire dans la série mention du cannibale Hannibal.
Ainsi, l’intrigue tourne autour du pot dès le départ, et se lance sur des bases bancales.
Pour le reste, on a à faire à un cop show tout ce qu’il y a de plus classique, comme CBS en raffole.
Difficile, au bout d’un moment, de finalement se rappeler qu’on est dans un spin-off du Silence des agneaux.
Dommage, d’autant que la série a bâti toute sa communication autour de cet argument…
Clarice, une actrice principale qui sauve la mise
Heureusement, il y a quand même quelques points positifs dans Clarice.
Le premier, et le principal attrait du programme, c’est sans aucun doute Rebecca Breeds, déjà aperçue dans Pretty Little Liars et autres The Originals qui incarne ici le rôle-titre.
C’est la première fois qu’un programme repose totalement sur elle et il convient de rendre à César ce qui appartient à César : la jeune femme de 33 ans est brillante dans le rôle de l’agent Starling.
Bien qu’un peu proprette, encore une fois.
Elle sublime les quelques reliquats d’un film qu’on aime tant.
Si vous êtes, comme nous, fan du long-métrage de Jonathan Demme, on ne peut que vous prédire une déception tonitruante.
Si à l’inverse, le film n’est pour vous qu’un lointain souvenir et que vous êtes friande des séries policières, on vous rassure : vous n’aurez pas à rougir devant ce programme, qui, si l’on oublie qu’il est un spin-off d’une œuvre magistrale, se regarde aisément.
Alors, plongez-y plutôt comme on plonge dans un Esprits criminels, et oubliez vos amours premières pour Le Silence des agneaux, au risque, pour le coup, d’en ressortir déçue.
Clarice est disponible en France sur Salto.
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