Ces derniers mois, des études suggérant que, depuis le début de la pandémie, les étudiants et étudiantes sont au fond du trou ne cessent de paraître. Et elles rabâchent la même chose : les confinements et l’isolement social ont fortement mis à l’épreuve la santé mentale des jeunes en cours d’études.
Il faut dire qu’il y a de quoi inquiéter les professionnels de la santé mentale… Dans une récente enquête menée par l’Inserm et l’université de Bordeaux, 37% des étudiants et étudiantes interrogées souffrent de troubles dépressifs et 27% d’anxiété.
C’est énorme, et personne n’est équipé pour contenir cette crise, selon les spécialistes qui s’inquiètent de plus en plus.
Les étudiants et étudiantes, à bout de souffle
En novembre dernier, l’Inserm et l’université de Bordeaux faisaient l’effroyable constat que 37% des étudiants déclaraient souffrir de troubles dépressifs, que 27% disaient avoir des symptômes d’anxiété et que 13% d’entre elles et eux avaient eu des pensées suicidaires.
Quelques mois plus tard, pas de nouveaux chiffres, mais des inquiétudes grandissantes et côté des psychiatres et psychologues qui voient surgir chez ces jeunes une nouvelle vague de troubles anxieux et dépressifs, de plus en plus difficile à contenir.
Christophe Tzourio, professeur d’épidémiologie et directeur de l’espace santé étudiants de l’université de Bordeaux, confie au Monde :
« Les sollicitations sont exceptionnellement élevées pour la période – entre 30% et 50% de plus que d’habitude. Et cela ne représente que la toute petite partie émergée de l’iceberg : ceux qui savent que nos services existent et qui ont la capacité de faire ce geste compliqué de demander de l’aide. »
D’ailleurs, pour le co-auteur de l’étude menée en novembre, « les problèmes de santé mentale des étudiants ne sont absolument pas derrière nous : au contraire, cela risque de s’aggraver ».
Selon lui, les conséquences de la pandémie sur la santé mentale seraient banalisées par les médias, particulièrement quand il s’agit des jeunes étudiants, alors même qu’ils évoluent dans un contexte stressant sans précédent.
Pas de lumière au bout du tunnel, avenir incertain, difficultés financières et conditions d’études peu propices à l’apprentissage… les étudiants et étudiantes s’essoufflent, décrochent et cumulent les facteurs aggravants.
Le responsable d’une unité d’hospitalisation à l’Hôtel-Dieu à Paris, Thierry Bigot, affirme accueillir aujourd’hui « plus de 50% d’étudiants », alors qu’il n’en recevait « quasiment aucun » avant la crise sanitaire.
Des psys qui manquent de moyens
Malgré la mise en place de certaines mesures pour tenter de colmater les dégâts de la pandémie sur la santé mentale, le Gouvernement manque d’enduit.
Le dispositif déclenché avec le « chèque psy » — huit séances chez un psychologue en libéral et le recrutement de 80 psychologues dans les universités en 2021 — ne donne pas grand-chose de concluant. Pour preuve, il n’aurait été utilisé par 2% des interrogés selon Le Monde.
De plus, l’outil n’a pas été accueilli à bras ouvert par la profession. Overbookés et sous-payés, les psy estiment que ce dispositif les lèse autant que leurs patients et se retirent carrément du système.
Mises à part quelques études par-ci, par-là, quelques initiatives indépendantes et la mise en place de ce fameux « chèque psy », peu d’outils viennent en aide aux étudiants et étudiantes comme aux pros. Même les candidats à la campagne présidentielle qui approche n’ont pas touché un mot à propos de cette crise…
Les étudiants et étudiantes, grandes oubliées ?
En cas de détresse psychologique :
- En cas de crise suicidaire ou d’urgence, appelez le 15 ou le 112
- Consultez un ou une psychiatre ou psychologue, ou tournez-vous vers un Centre Médico-Psychologique (CMP)
- Jetez un oeil à la plateforme Santé Psy Étudiant du gouvernement qui vous accompagne pour bénéficier du dispositif « chèque psy »
- Découvrez « Je peux en parler », la plateforme interactive de l’association Nightline France qui vient en aide aux étudiants et étudiantes
- Appelez SOS Amitié ou Suicide Écoute
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Crédits photos : Alex Green et Andrea Piacquadio (Pexels)
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