L’association française « Pour l’Ukraine, pour leur liberté, pour la nôtre ! » a saisi la Cour pénale internationale (CPI), mercredi 21 décembre. Elle accuse la Russie de génocide pour des « faits particulièrement graves de transferts forcés d’enfants ukrainiens vers la Russie », selon le dossier consulté par Libération. Les auteurs du texte demandent à ce que le président russe Vladimir Poutine, le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, le chef d’état-major des armées, Valeri Guerassimov, le chef de l’« opération militaire spéciale en Ukraine », Sergueï Sourovikine, le philosophe Timofeï Sergueïtsev, qui appelle à la « dénazification » de l’Ukraine, et Maria Lvova-Belova, commissaire aux droits des enfants de la Fédération de Russie, soient poursuivis.
Une enquête déjà en cours
Le dossier déposé par l’association française auprès de la CPI a pour ambition de contribuer à l’enquête préliminaire lancée en mars par le Procureur Karim Khan. Elle concerne des faits de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité perpétrés par les Russes en Ukraine. Dans le document de 22 pages remis au Procureur Khan, les membres de l’association française décrivent quant à eux des exactions dont le « but assumé » est de « russifier », « dénazifier » et « désukrainiser » les mineurs. Des faits « susceptibles de constituer les infractions sous-jacentes de génocide et de crime contre l’humanité », précisent-ils en s’appuyant sur les articles 6 et 7 du statut de Rome, le traité international fondateur de la CPI.
Des milliers d’enfants concernés
Selon Libération, des sources ukrainiennes estiment qu’environ 240 000 enfants ont été déportés en Russie depuis le 24 février. « Parmi ceux-ci, seuls 13 112 ont pu être nommément identifiés, en date du 10 décembre, par le gouvernement ukrainien, et 119 seraient revenus en Ukraine. » Interrogé par le journal, l’avocat Emmanuel Daoud, conseiller auprès de l’association qui a saisi la CPI, précise que « les Russes évoquent plus de 700 000 enfants ukrainiens déplacés ». Des familles seraient payées pour adopter ces jeunes ukrainiens lors de procédures d’adoption express, qui ne prendraient qu’une journée. Des « changements complets d’état civil en modifiant les noms, prénoms, dates et lieux de naissance » sont même opérés, ajoute-t-il. « C’est une stratégie d’effacement ».
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Visuel de Une : Unsplash / Ben Wicks
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Les Commentaires
En résumé, 3 cas d'enfants volés pendant la dictature en Argentine :
- les parents sont enlevés par les sbires de la junte militaire et leurs enfants restent seuls, abandonnés. Si la famille les récupèrent tant mieux sinon les enfants étaient récupérés par le régime et placés pour adoption dans des familles des militaires (gradés) ou des très proches du régime;
- les femmes enceintes enlevées par les sbires de la junte, elles accouchaient en détention (si on pouvait appeler cela de la détention tant les conditions étaient inhumaines) et on leur prenait leur bébé pour le.a placer en adoption dans les familles militaires etc....
- les femmes enlevées par les sbires de la junte subissaient comme torture en autre le viol. Lorsqu'elles tombaient enceints, idem on les faisait accoucher etc....
Evidemment les parents de ces enfants étaient bien souvent des disparus (les vols de la mort). Aujourd'hui, les associations utilisent les documents qu'elles ont à disposition : photos, état civil, témoignage d'anciens prisonniers etc....et aussi des tests ADN. Plusieurs centaines d'enfants et petits enfants ont pu être ainsi retrouvés. La majorité de ces enfants sont adultes aujourd'hui (la dictature s'est étendue de 1976 à 1983). Et d'ailleurs certains de ces enfants sont décédés. Beaucoup d'entre eux ont découvert qu'ils faisaient parti des enfants volés de la dictature. Pas mal ont accepté de rencontrer leur vraie famille, d'autres non. Certain.es ont pardonné, d'autres non.
Et ce travail continue en Argentine car les Mères de la Place de Mai (qui sont en fait des grand-mères aujourd'hui voire des arrière-grand-mères) ont comme relais...une partie de ces enfants identifiés. En effet, une association (Hijos de mémoire) s'est créée et travaille avec une commission d'enquête sur ce sujet toujours autant d'actualité en Argentine. Elles/ils sont persuadés qu'ils finiront par identifier tous les enfants volés et ce grâce à l'ADN et aux progrès technologiques liés à cette science.
En Argentine, il y avait vol dans une même aire géographique. Donc plus simple, plus facile. En Ukraine, on a établi des déportations d'enfants vers la Russie. On change d'aire géographique sans compter les centaines d'obstacles posés par les frontières, l'objet politique et administratif etc... Mais on peut attendre quelque chose du modèle argentin. Car en Argentine aussi, les problèmes d'identification demeurent et l'ADN n'a pas encore toute la clef pour résoudre tout le problème.
PS: si vous souhaitez voir un très beau film sur les enfants volés en Argentine, je vous conseille l'excellent film de L. Puenzo réalisé en 1985, L'histoire officielle, (Oscar du meilleur film étranger).
il y a eu aussi des reportages sur le sujet.