Aux éditions Bleu de Chine
Province de Shaanxi, Chine. Fu Zhanxin et son père se font virer comme des malpropres de leurs terres cultivables. Pas de possibilité d’argumenter : le gouvernement l’a décidé, les cadres du Parti doivent s’installer et les paysans, dégager. Les Zhanxin père et fils débarquent alors à Shanghai, la Mecque pour tout paysan déraciné (mingong) souhaitant travailler pour trois fois rien dans des conditions épouvantables.
Les deux hommes se font embaucher sur un chantier de "mise en valeur du patrimoine" : mettre à la porte les habitants démunis, démolir le bâtiment d’architecture traditionnelle, reconstruire du neuf et ouvrir grand les bras aux amis étrangers.
Fu Zhanxin rencontre bientôt la belle Aiguo, authentique Shanghaienne. A eux deux, ils s’efforceront d’avancer vers le but ultime : sortir de la pauvreté. Mots d’ordre : se serrer les coudes, épargner et profiter de toutes les opportunités. D’une sur-exploitation à une autre, Zhanxin et Aiguo tentent de survivre le mieux possible dans un Shanghai transformé, déshumanisé par l’arrivée des capitaux étrangers.
Ton oral plutôt ironique pour ce roman de la désillusion : ni pathos ni rage dans le style de Stéphane Fière, simplement un narrateur mi-naïf mi-désabusé. Les traductions littérales d’expressions chinoises donnent un aspect un peu surprenant (mais bienvenu) à l’écriture, et sont systématiquement décortiquées dans les notes en bas de page. Notes qui fournissent également les deux-trois détails nécessaires à une compréhension basée sur des fondations plus sûres que le pifomètre, sans pour autant noyer le lecteur sous un flot d’informations.
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Les Commentaires
Ce que j'aime, dans un roman qui se passe à l'étranger, c'est de découvrir le mode de vie des femmes dans ce pays. Ici, bien sûr (vu le titre), il s'agit de la Chine.
Eh bien, les filles de Shanghaï me semblent très modernes, sans complexes. Elles suivent la mode et semblent à égalité dans leurs couples. Le macho chinois est absent de ce livre. Question moralité et sexualité, on se sent quand même un peu dépaysée, les tabous ne sont pas les mêmes que chez nous. En fait, la femme chinoise est une pionnière qui n'a pas froid aux yeux - ça vaut le détour.