Imaginez un livre qui mêlerait avec talent et subtilité le polar et un univers barré, entre Alice au Pays des Merveilles et Le Magicien d’Oz, le tout à la sauce japonaise. C’est ce mélange un peu fou mais pourtant particulièrement réussi que l’on goûte avec La prière d’Audubon.
Le meurtre d’un épouvantail
Itô est un jeune informaticien japonais. Enfin était, car il a donné sa démission il y a quelques temps. Un peu paumé, et seul, il finit par braquer une supérette. Ou plutôt il tente, mais échoue, et se fait arrêter, étrange coïncidence, par un ancien camarade d’école, du genre antipathique. Jusque là tout est normal, même si Itô n’est pas dans la meilleure des situations.
Oui mais voilà, ensuite il y a comme un blanc, et le lendemain matin, il se réveille dans une chambre qu’il ne connait pas, qui se situe elle-même sur une île japonaise dont il n’avait même jamais entendu parler. Il y rencontre d’abord Hibino, un jeune homme à l’allure canine, qui va lui servir de guide.
Il fait ainsi la rencontre d’un peintre qui ne peint plus et ne fait que mentir, d’une petite fille qui colle son oreille au sol pour entendre son cœur, d’un facteur amoureux, ou encore d’un épouvantail qui parle et connait l’avenir, Yûgo.
Et c’est lorsque l’épouvantail en question est retrouvé assassiné que tout bascule. Cette île paisible et coupée du monde abrite donc un meurtrier. Itô s’est, à sa propre surprise, attaché à Yûgo. Il va donc enquêter et tenter de comprendre ce crime. Mais dès qu’il trouve une piste, de nouveaux éléments tous plus étranges les uns que les autres viennent brouiller son raisonnement.
Un cocktail aussi improbable que réussi
C’est donc un vrai polar, avec un meurtrier des plus humains, mais on y croise aussi pleins de bizarreries qui rendent cette petite île vraiment savoureuse. On avance au même rythme qu’Itô, allant de surprise en surprise, puis, acceptant, en même temps que lui, que l’impossible, l’incompréhensible, existe.
L’auteur, Isaka Kôtaro, mêle les genres avec un talent fou, et nous offre un livre aussi original qu’inclassable, drôle et cruel, à l’écriture en même temps poétique et parfois très dure. Le livre nous pousse également à nous interroger sur bien des choses en rapport avec notre propre vie, et ça fait du bien. Bref, un polar qui change et qui m’a beaucoup plu.
> Référence : La Prière d’Audubon
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